26 février, 2011

Libye: Kadhafi inflexible, l'opposition veut un gouvernement de transition

BENGHAZI (Libye) (AFP)

AFP

Une manifestante libyenne anti-Kadhafi brandit l'ancien drapeau national à Benghazi, le 26 février 2011

Le leader libyen Mouammar Kadhafi s'accroche au pouvoir dimanche malgré la pression de la rue, les sanctions de l'ONU et les appels à la démission des Occidentaux, alors que l'opposition prépare un gouvernement de transition dans l'est de la Libye.

Au 13e jour d'une révolte sans précédent, le colonel Kadhafi ne montre aucun signe qu'il va lâcher un pouvoir qu'il détient depuis près de 42 ans.

Un de ses fils, Seif Al-Islam, longtemps présenté comme son successeur probable, a affirmé samedi soir que la situation était "excellente" dans les trois-quarts du pays, tout en reconnaissant une "volonté intérieure de changement" exprimée par des manifestants "manipulés par l'étranger".

Mais rien ne dit qu'un gel des avoirs du clan Kadhafi à l'étranger, une interdiction de voyager et un embargo sur les ventes d'armes à la Libye suffira à infléchir la politique de répression du guide de la révolution libyenne.

Le président américain Barack Obama pourtant insisté en déclarant que Mouammar Kadhafi avait perdu toute légitimité à la tête du pays et qu'il devait "partir maintenant".

L'opposition armée contrôle l'est du pays, mais la situation est plus confuse concernant les villes proches ou entourant Tripoli.

AFP

Ibrahim Dabbashi, représentant adjoint du Libye à l'ONU et qui a rompu avec le régime, le 26 février 2011 au Conseil de sécurité, à New York

A Benghazi, 2e ville du pays d'où était partie la contestation à 1.000 km à l'est de la capitale, l'opposition s'organise et attend que Tripoli se "libère" à son tour.

L'ancien ministre de la Justice, Mustafa Abdel Jalil, qui a démissionné pour protester contre la répression de la révolte, envisage la création d'un gouvernement de transition chargé principalement de préparer des élections.

Le gouvernement envisagé comptera "des personnalités militaires et civiles. Il sera en place pour trois mois maximum. Ensuite, il y aura des élections justes et les gens pourront choisir leur dirigeant", a-t-il affirmé.

M. Abdel Jalil a exclu toute négociation avec M. Kadhafi pour lui permettre éventuellement de quitter le pays, affirmant que le dirigent libyen devait être jugé en Libye.

AFP

Des parachutistes de l'armée libyenne ralliés au soulèvement contre le colonel Kadhafi, le 26 février 2011 à Benghazi

A Tripoli, seuls circulaient les miliciens du colonel Kadhafi, à bord de 4X4. Les habitants s'aventuraient parfois dans les rues pour acheter du pain ou se rendre dans les stations-service. "A part cela, les gens sont terrés chez eux", a déclaré un habitant joint par téléphone.

Des chars sont déployés sur les routes conduisant à Tripoli et en contrôlent l'accès, selon cet habitant.

A l'est de Tripoli, des "mercenaires" à la solde du régime ont été héliportés à Misrata (150 km de Tripoli), où ils ont ouvert le feu samedi sur le bâtiment de la radio locale et sur des manifestants se rendant aux funérailles de victimes des combats de ces derniers jours, selon un habitant, partisan de l'opposition, joint par téléphone.

Dans son interview, Seif Al-Islam a qualifié de "mensonge" les informations sur la présence de mercenaires à la solde du régime.

Le bilan des violences restait difficile à évaluer. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a parlé d'un millier de morts.

Le "guide" libyen a pris la parole vendredi soir devant une foule de plusieurs centaines de partisans dans le centre de Tripoli pour proclamer à propos des rebelles: "Nous allons nous battre et nous les vaincrons".

Face au chaos, les évacuations des différents ressortissants étrangers continuaient dans des conditions difficiles. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont déjà quitté le pays par air, par mer, et via les frontières tunisienne et égyptienne.

Faute de pouvoir assurer la sécurité de leurs diplomates, les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont suspendu les activités de leur ambassade

Burkina: ouverture du 22e Fespaco, grand rendez-vous du cinéma africain

OUAGADOUGOU - Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), le plus grand rendez-vous du cinéma africain, s'est ouvert samedi dans la capitale burkinabè en présence d'environ 25.000 personnes, a constaté l'AFP.

La cérémonie, organisée au Stade du 4-août et relevée par un spectacle chorégraphié par le Burkinabè Salia Sanou, a accueilli des artistes locaux et le groupe musical togolais Toofan.

Seule fausse note, le parrain du festival, l'historien congolais Elikia M'Bokolo, qui vit à Paris, n'était pas à la cérémonie, mais les organisateurs ont assuré qu'il devait arriver "incessamment".

Dans la soirée devait être rendu un hommage aux réalisateurs et comédiens disparus depuis la dernière édition en 2009, notamment le comédien malo-burkinabè Sotigui Kouyaté, le Tunisien Tahar Chériaa, fondateur des "Journées cinématographiques de Carthage", et le réalisateur sénégalais Mahama Johnson Traoré.

Dans son discours d'ouverture, le délégué général du Fespaco, Michel Ouédraogo, a dit que le festival était désormais "le plus grand et le plus dynamique espace culturel africain".

Pour le ministre burkinabè de la Culture Filippe Ouédraogo, l'Afrique a atteint "le milliard d'habitants et a droit à (ses) propres images".

Au total, 195 oeuvres ont été retenues, dont 111 en compétition dans les catégories longs et courts métrages, diaspora, TV-vidéo et documentaires, qui seront projetées dans douze salles.

Parmi les films hors compétition figure "Hors-la-loi" de l'Algérien Rachid Bouchareb, en quête d'une distinction dimanche aux Oscars.

"Un pas en avant, les dessous de la corruption" du Béninois Sylvestre Amoussou sera dimanche le film inaugural de cette 22e édition du Fespaco. Il compte parmi les 18 longs métrages venus de onze pays qui concourent pour l'Etalon d'or de Yennenga, plus haute récompense du festival.

En 2009, l'Ethiopien Haïlé Guerima avait remporté l'Etalon pour "Teza".

Cette année le Fespaco est placé sous le thème "cinéma africain et marchés" et devrait largement évoquer le piratage, "sida culturel" selon M. Ouédraogo.

Le Marché international du cinéma et de la télévision africains (MICA), grand marché des films pour les télévisions, s'est également ouvert samedi avec près de 86 films.

(©AFP /

Tunis: 3 morts dans les affrontements samedi dans la capitale

AFP

Des manifestants à Tunis, le 26 février 2011

Trois personnes sont mortes dans les affrontements samedi entre manifestants et forces de l'ordre en plein centre de Tunis, a annoncé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.

Selon ce communiqué, "3 personnes ont trouvé la mort parmi les douze qui ont été blessées lors de ces heurts et qui ont été transférées dans un hôpital pour y être soignées". L'utilisation du terme "personne" laisse entendre qu'il s'agit de manifestants.

"Plusieurs membres des forces de l'ordre ont été blessés à différents degrés", selon le communiqué qui ne précise par leur nombre.

D'autre part, plus de 100 personnes ont été arrêtées ce samedi" et "88 autres auteurs d'actes de vandalisme ont été arrêtés la veille", lors des premiers affrontements entre forces de l'ordre et manifestants survenus vendredi dans le coeur de Tunis.

L'ONUCI et la force Licorne sans carburant

La situation en Côte d'Ivoire s'apaise, dans l'attente de la décision du Panel des cinq chefs d'Etat, le 28 février prochain.

Néanmoins, le pays n'arrive plus à s'approvisionner correctement en produits pétroliers à cause de l'interdiction faite aux navires européens d'accoster dans les ports ivoiriens et il a donc lui-même besoin de tout ce qu'il en reçoit. L'Etat ivoirien a ainsi décidé de ne plus fournir de produits pétroliers ni aux Etats qui l'entourent (Burkina Faso, Mali, Niger), ni à l'ONUCI, ni à la force française Licorne.

Pourquoi Ouattara ne révoque-t-il pas ce boycott insensé avant qu'il ne détruise son pays et le pays de ses ancêtres (le Burkina Faso). Sommes-nous en face d'un deuxième Kadhafi ?

Pierre Scherb

Lien pour prendre contact : www.pierrescherb.ch

La flambée des céréales interrompue par la Libye

leblogfinance.com
wheat-ble99.jpgEffet inattendu de la crise libyenne. Alors que début février, les cours du blé, du maïs et du soja avaient atteint à Chicago des niveaux inégalés depuis août 2008, à la suite de la sécheresse qui avait frappé la Russie, les inquiétudes des marchés face à l'escalade des tensions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, et tout particulièrement en Libye, ont eu « raison » de l'envolée des prix.
Mardi, à la suite d'un jour férié aux Etats-Unis, les cours agricoles avaient effectué un plongeon vertigineux, les marchés réagissant alors à la situation chaotique de la Libye, pays où les mouvements d'insurrection sont réprimés de manière sanglante. Le blé a été particulièrement touché, les pays de la région touchés par un vent de révolte sans précédent important de fortes quantité de cette céréale. Les marchés redoutent en effet que leurs achats diminuent fortement compte-tenu de leur situation économique actuelle. Les analystes redoutent également que la flambée des cours de brut observée parallèlement n'ait un impact négatif de tout premier plan sur l'économie mondiale, contexte de nature à ralentir la consommation de matières premières. Certains experts estiment également que la baisse observée sur les marchés agricoles pourrait être consécutive à un report massif des investissements sur les marchés pétroliers, devenus nettement plus attractifs, alors que le monde s'inquiète d'une éventuelle pénurie. Reste tout de même que l'offre demeure limitée par rapport à la demande si l'on en croit le département américain de l'Agriculture. Ce dernier a confirmé cette semaine ses prévisions pour la prochaine campagne agricole : selon lui, si l'on devrait certes observer une augmentation des surfaces cultivées, notamment pour le maïs, les volumes produits devraient à peine suffire à compenser la forte demande, compte-tenu des faibles stocks disponibles. Au final, vendredi, vers 16H00 GMT, le boisseau de maïs à échéance en mai s'établissait à 7,1625 dollars sur le Chicago Board of Trade, contre 7,2025 dollars vendredi dernier. Le contrat de blé à échéance identique s'échangeait à 8,0450 dollars, contre 8,5575 dollars la semaine précédente. Le boisseau de soja pour livraison en mai valait quant à lui13,46 dollars, contre 13,7350 dollars vendredi dernier.

Le Fespaco rempile pour sa 22e édition

Dix-huit long métrages sont en compétition officielle de la 22e édition du Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco) qui démarre ce samedi à Ouagadougou. Nouvelle ambition de la grand-messe du cinéma africain : l’exporter. Entretien avec le délégué général du Fespaco, Michel Ouedraogo.

La 22e édition du Fespaco, sur le thème "Cinéma africains et marchés", se pare de nouveaux atours en mettant en exergue l’avenir du cinéma africain à travers onze films d’étudiants de quatre écoles de cinéma. De même, la nouvelle section "L’Afrique vue par..." comprend une vingtaine de films, l’expression du regard « sans mépris et sans paternalisme » des cinéastes sur l’Afrique. Près de 80 films sont inscrits au Marché international de la télévision et du cinéma africains (Mica) qui devrait être « plus animé qu’en 2009 », selon Michel Ouedraogo, le délégué général du Fespaco. Un hommage à tous les grands noms du cinéma africain qui ont disparu, notamment l’acteur Sotigui Kouyaté, rythmera le Fespaco 2011. Dans le cadre de la 22 édition du festival, devrait également se tenir les premières Journées cinématographiques de la femme africaine de l’image (du 3 au 7 mars 2010).

Afrik.com :"Cinéma africain et marchés", c’est le thème de la 22e édition du Fespaco. Quelle préoccupation traduit cette thématique ?
Michel Ouedraogo :
Nous avons choisi ce thème parce que le cinéma africain après 50 ans doit être exporté à travers le monde. Pour qu’il le soit, il a besoin de réfléchir à ses difficultés car le cinéma africain en a de nombreuses en matière de production et de distribution. Par ailleurs, le marché progresse mais ne profite pas aux réalisateurs africains. La piraterie est un fléau qui fait souffrir le Septième art africain. Autour d’experts, de réalisateurs, nous pourrons dégager des pistes qui permettront au cinéma africain d’aller à la conquête du monde.

Agrik.com : Quelles seront les innovations de cette 22e édition ?
Michel Ouedraogo : Nous en avions déjà introduit lors de la 21e édition, nous allons travailler à les consolider. Néanmoins, au niveau de l’aspect professionnel, nous avons pensé qu’il était bon d’associer à la sélection officielle les films des écoles parce que nous avons constaté qu’il y a de plus en plus d’écoles de cinéma qui se créent. Cette initiative permettra aux étudiants d’aller vers l’excellence et la compétition, de comprendre les réalités de la production et de la réalisation. L’autre innovation, c’est que nous nous sommes recentrés. Nous avons eu l’année dernière 324 films, pour cette édition nous en avons 194. La 21e édition était une année anniversaire, nous avons donc ouvert notre cinématographie pour que la fête soit belle. Aujourd’hui, ce recentrage donne une indication aux réalisateurs africains, celle que nous allons travailler de plus en plus dans la qualité.

Afrik.com : Quels sont les pays qui sont en compétition et quels sont les principaux sujets traités par les films qui les représentent ?
Michel Ouedraogo :
Vingt-huit pays africains sont en compétition. Les pays qui reviennent souvent sont ceux où la production est importante, notamment le Maroc, la Tunisie, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Cameroun. Pour cette édition, des pays comme la Tanzanie, le Mozambique sont représentés, et nous notons le retour de l’Egypte. Quant aux sujets abordés, les films parlent des réalités africaines, de la difficulté de vivre, des problèmes de démocratie, de bonne gouvernance, des questions d’immigration et de celles qui préoccupent le monde rural. Cette thématique diversifiée dénote de la vitalité et du dynamisme du cinéma africain.

Afrik.com : Après 40 ans d’existence, vous pensez que le Fespaco peut porter davantage un plaidoyer politique qui permettra enfin aux dirigeants de s’intéresser davantage au cinéma, qui comme la culture est aussi un des piliers du développement ?
Michel Ouedraogo :
Le Fespaco essaie à sa manière de faire passer ce message. Mais il y a d’autres institutions plus fortes comme l’Union africaine, l’Union européenne qui sont en train de le porter. Il faut qu’on comprenne que culture et développement sont liés. Le Burkina, avec l’Union européenne, mène le combat pour que le cinéma soit reconnu comme un pilier du développement. Le Fespaco, en tant qu’éveilleur de conscience, attire l’attention des uns et des autres à travers nos conférences, les contacts que nous avons avec les officiels et à travers nos institutions partenaires. Néanmoins, notre message doit être relayé par des canaux plus officiels dans les différents pays africains.

Afrik.com : Un fonds panafricain pour le cinéma est en train d’être mis en place par l’association des réalisateurs africains, vous êtes bien évidemment associé à cette initiative...
Michel Ouedraogo :
Nous sommes associés indirectement en tant qu’organisateur du Fespaco car lorsque ce fonds sera mis en place, nous saurons quelles sont les priorités des acteurs du cinéma africain : créer des salles de cinéma, mettre l’accent sur la production ou encore soutenir les festivals. Car il faut également que ce fonds pense à soutenir le Fespaco et les nombreux festivals en Afrique qui promeuvent notre cinéma, et cela au même titre que les réalisateurs. S’ils produisent et qu’il n’y a pas de salles pour voir les films, ni des festivals, ce sera toujours un éternel recommencement. C’est une dynamique qui doit nous amener à progresser ensemble.

- Visiter le site du Fespaco


Selection officielle - longs métrages - Fespaco 2011

- A small town called Descent de Jahmil X. T. QUBEKA (Afrique du Sud)

- Ad- dar lakbira (La grande villa) de Latif LAHLOU (Maroc)

- Da monzon, la conquête de Samanyana de Sidy F. DIABATE (Mali)

- En attendant le vote … de Missa HEBIE (Burkina Faso)

- Essaha (La Place) de Dahmane OUZID (Algérie)

- Foreign demons de Faith ISIAKPERE (Afrique du Sud)

- La mosquée de Daoud AOULAD-SYAD (Maroc)

- Le Mec idéal d’Owell BROWN (Côte d’Ivoire)

- Le poids du serment de Kollo D. SANOU (Burkina Faso)

- Notre étrangère de Sarah BOUYAIN (Burkina Faso)

- Pégase de Mohamed MOUFTAKIR (Maroc)

- Raconte Seherazade… raconte de Yousry NASRALLAH (Egypte)

- Restless city de Dosunmu Andrew WAHEED Nigeria

- The last flight of the flamingo de Ribeiro JOAO (Mozambique)

- The wedding d’Abdel Aziz SAMEH (Egypte)

- Un homme qui crie de Haroun Mahamat SALEH (Tchad)

- Un Pas en avant - les dessous de la corruption de Sylvestre AMOUSSOU (Bénin)

- Voyage à Alger d’Abdelkrim BAHLOUL (Algérie)

France: Michèle Alliot-Marie devrait démissionner dimanche matin

PARIS - La ministre française des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie présentera dimanche matin sa démission, après une série de maladresses et d'erreurs d'appréciation sur les bouleversements dans le monde arabe, a affirmé vendredi un ministre à l'AFP sous couvert de l'anonymat.

Plusieurs ministres et responsables de la majorité de droite avaient indiqué depuis samedi que Mme Alliot-Marie, 64 ans, s'apprêtait à quitter le gouvernement, trois mois seulement après son arrivée à ce poste.

Mais l'entourage de la chef de la diplomatie a affirmé samedi soir à l'AFP que "les sources anonymes qui prétendent prendre des décisions à la place de Mme Alliot-Marie n'engagent qu'elles-mêmes". "Comment un ministre peut savoir ce que Michèle Alliot-Marie va faire dimanche matin ?", a-t-on indiqué de même source.

La chef de la diplomatie française est empêtrée depuis le début de l'année dans une polémique sur des vacances controversées en Tunisie fin 2010 suivies d'une offre d'une coopération policière au régime de l'ex-président Zine el Abidine Ben Ali alors que la révolution avait débuté.

Elle devrait être remplacée par Alain Juppé, actuellement ministre de la Défense, qui avait déjà occupé ce poste de 1993 à 1995.

Dimanche soir, le président français Nicolas Sarkozy doit prononcer une allocution radiotélévisée sur la situation internationale. Samedi après-midi, il a reçu à sa résidence de La Lanterne, à Versailles (ouest de Paris), le Premier ministre François Fillon et le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant.

Michèle Alliot-Marie doit rentrer dans la nuit de samedi à dimanche du Koweit, où elle a assisté aux cérémonies du 20e anniversaire de la libération du pays.

"Je suis sereine, je fais mon travail" notamment sur "les affaires libyennes", a-t-elle déclaré samedi à plusieurs médias en marge de ce déplacement. "Peu importe ce qui se passera quand j'atterrirai à Paris", avait-elle également indiqué.

Ce départ annoncé d'Alliot-Marie survient trois mois seulement après le grand remaniement de novembre, sur fond de sondages calamiteux pour Nicolas Sarkozy, à un peu plus d'un an de la présidentielle et alors que la France assure la présidence du G20.

Michèle Alliot-Marie, figure de la droite française, à l'allure stricte, a enchaîné les grands ministères depuis 2002 (Intérieur, Défense, Justice). Elle était arrivée aux Affaires étrangères avec la ferme intention de recadrer une diplomatie dirigée pendant trois ans dans un registre émotionnel, souvent instinctif, par l'ex-French doctor Bernard Kouchner.

Depuis plus d'un mois, courbant l'échine sans rompre, elle a rejeté tous les appels à sa démission, formulés par l'opposition socialiste, rejoints depuis une semaine par des membres du parti présidentiel UMP.

Elle a concentré les critiques visant des errements de la France face aux révolutions qui ont déposé plusieurs présidents "amis" de Paris, le Tunisien Zine El Abidine Ben Ali ou l'Egyptien Hosni Moubarak.

Pour remplacer Alain Juppé à la Défense, plusieurs noms circulaient ce week-end, dont celui du patron des sénateurs UMP, Gérard Longuet, mais aussi celui du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux.

Quant à Patrick Ollier, ministre chargé des relations avec le Parlement et compagnon à la ville de Michèle Alliot-Marie, son sort semblait en suspens.

Interrogée sur la déclaration de son conjoint affirmant vendredi qu'il quitterait son ministère si elle était limogée, la ministre a répondu: "C'est sans doute une boutade. En tout cas une jolie preuve d'amour".

npk-frd-prh-alm/juv t

(©AFP /

Les habitants de Tripoli terrés chez eux, situation "excellente" selon le pouvoir

TRIPOLI (AFP)

AFP

Une manifestante libyenne anti-Kadhafi brandit l'ancien drapeau national à Benghazi, le 26 février 2011

Des Libyens terrés chez eux à Tripoli où des miliciens pro-Kadhafi patrouillent dans la rue, des mercenaires héliportés à Misrata, la 3e ville du pays, l'Est aux mains de l'opposition: le face à face perdurait samedi en Libye où la situation est "excellente" selon le pouvoir.

Interrogé par la chaîne satellitaire Al-Arabiya au 12e jour d'une révolte sans précédent, Seif Al-Islam, fils du colonel Mouammar Kadhafi et longtemps présenté comme son successeur probable, a estimé que la situation était "excellente" dans les trois-quarts du pays.

"L'incitation vient de l'étranger même s'il y a une volonté intérieure de changement", a toutefois reconnu Seif Al-Islam, affirmant cependant que les manifestants étaient "manipulés par l'étranger".

Sur le terrain diplomatique, la pression s'accentue. "Il semble que "Kadhafi ne contrôle plus la situation", a estimé le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, critiqué dans le passé pour avoir reçu avec faste le dirigeant libyen.

AFP/HO

Capture d'écran de la chaîne Al-Arabiya montrant Seif al-Islam, le fils du colonel Kadhafi, le 26 février 2011 à Tripoli

Alors que la région orientale pétrolifère est aux mains de l'opposition armée qui met en place une nouvelle administration, les rues de la capitale étaient quasi-désertes. Seuls circulaient, à bord de 4X4, des miliciens armés loyaux au colonel Kadhafi, au lendemain de tirs contre des manifestants dont six au moins ont péri, selon un témoin.

Les habitants s'aventurent parfois dans les rues pour acheter du pain ou se rendre dans les stations-service. "Les files sont interminables", selon un habitant. "A part cela, les gens sont terrés chez eux", dit-il.

Les hôtels de luxe ont fermé ou ont évacué leur personnel.

Après le discours de M. Kadhafi la veille à Tripoli appelant ses partisans à s'armer pour attaquer les opposants, "des rumeurs avaient circulé sur une attaque possible des hommes du leader libyen".

"Mais la nuit a été calme, des partisans armés du guide tapaient simplement aux portes des maisons dans certains quartiers pour dire aux gens de rester chez eux", selon un habitant qui précise que des chars sont déployés sur les routes conduisant à Tripoli et en contrôlent l'accès.

AFP

Des parachutistes de l'armée libyenne ralliés au soulèvement contre le colonel Kadhafi, le 26 février 2011 à Benghazi

Ce témoin, qui dit être en contact avec d'autres Libyens dans plusieurs villes du pays, a aussi affirmé que les partisans de Kadhafi tentaient de rallier les gens en leur promettant une kalachnikov et 150.000 dinars (12.000 dollars).

A 120 km à l'ouest de la capitale, la situation est toujours tendue à Zouara. Les forces pro-Kadhafi, qui ont disparu des rues, contrôlent toujours la cité en l'encerclant, a-t-il indiqué. Jeudi, des témoins fuyant la ville avaient indiqué que Zouara était aux mains des insurgés.

Plus à l'Est, des "mercenaires" à la solde du régime ont été héliportés à Misrata. Ils ont ouvert le feu sur le bâtiment abritant la radio locale et sur des manifestants qui se rendaient aux funérailles de victimes des jours de combats de ces derniers jours.

"Les mercenaires sont descendus de deux hélicoptères qui ont atterri dans la cité sportive en construction, dans le quartier de Merbat" à Misrata (150 km à l'est de Tripoli), a constaté un habitant, partisan de l'opposition, joint par téléphone.

A Benghazi, fief de l'opposition à 1.000 km à l'est de la capitale, l'opposition continuait de s'organiser.

"Nous coordonnons les comités des villes libérées et de Misrata. Nous attendons que Tripoli en finisse avec le régime de Kadhafi (...) et ensuite, nous travaillerons à un gouvernement de transition", a déclaré à l'AFP Abdelhafiz Ghoqa, le porte-parole de la "Coalition révolutionnaire du 17 février".

"Il y a des volontaires qui partent tous les jours pour Tripoli" pour se battre, a-t-il ajouté, soulignant que de nouveaux officiers faisaient défection et rejoignaient les forces anti-Kadhafi.

A New York, le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit pour la seconde journée consécutive pour tenter d'imposer des sanctions sévères.

Un projet de résolution évoque des sanctions telles qu'un embargo sur les armes, un autre embargo sur les voyages du colonel Kadhafi et un gel de ses avoirs, selon des diplomates.

Il avertit en outre Mouammar Kadhafi que les violences pourraient être considérées comme des crimes contre l'humanité, selon des diplomates.

Le bilan des violences restait difficile à évaluer samedi. Le secrétaire général de l'ONU a parlé d'un millier de morts.

Vendredi, le président américain Barack Obama a signé un décret gelant les avoirs aux Etats-Unis du colonel Kadhafi et de ses quatre fils. "Le régime de Mouammar Kadhafi a bafoué les normes internationales et la morale élémentaire, il doit être tenu responsable", a-t-il estimé.

Critiqué à l'étranger, attaqué de toutes parts par une opposition armée qui contrôle désormais plusieurs villes, M. Kadhafi a pris la parole vendredi soir devant une foule de plusieurs centaines de partisans dans le centre de Tripoli.

"Nous allons nous battre et nous les vaincrons", a-t-il lancé. "S'il le faut, nous ouvrirons tous les dépôts d'armes pour armer tout le peuple", a-t-il menacé.

Le pouvoir libyen semblait cependant de plus en plus isolé, lâché par ses pairs arabes et plusieurs proches et diplomates, dont les ambassadeurs libyens à Paris, Lisbonne, Genève et à l'Unesco, ainsi que Kadhaf al-Dam, proche conseiller et cousin de M. Kadhafi.

Face au chaos, les évacuations des différents ressortissants étrangers continuaient dans des conditions difficiles. La Chine a annoncé avoir évacué près de 16.000 de ses ressortissants de Libye vers la Grèce, la Tunisie, l'Egypte et Malte.

Faute de pouvoir assurer la sécurité de leurs diplomates, les Etats-Unis ont suspendu le fonctionnement de leur ambassade.

Immolations par le feu à Dakar: deuxième décès en une semaine

DAKAR - Un homme de 33 ans qui s'était immolé par le feu vendredi près de la présidence de la République à DaKar, est décédé dans la nuit de vendredi à samedi, second décès dans des circonstances similaires en une semaine dans la capitale sénégalaise, a appris l'AFP de source policière.

"Il est mort vers minuit" (locale et GMT) à l'hôpital principal de Dakar où il avait été admis vendredi après-midi avec des brûlures très graves "sur 95% du corps", a précisé cette source policière.

Les motivations de cet homme, Cheikh Tidiane Ba, gérant de magasin dans une banlieue de Dakar, ne sont pas connues. De confession musulmane, c'était un homme "extrêmement pieux et franc", selon son père.

Il s'était immolé par le feu vendredi après-midi près d'une porte d'entrée du palais présidentiel, tout juste une semaine après l'immolation, devant le même édifice, d'un ancien militaire d'une quarantaine d'années, Oumar Bocoum, décédé moins de 48 heures plus tard des suites de ses brûlures.

Un porte-parole de l'Association nationale des anciens militaires invalides, qui réclame une hausse des retraites, avait auparavant déclaré que les anciens militaires sénégalais s'immoleraient par le feu s'ils n'obtenaient pas satisfaction.

Samedi, un homme qui voulait commettre un acte similaire en a été empêché à temps et a été emmené dans un commissariat de Dakar où il était toujours entendu en fin d'après-midi, selon une source policière.

La Ligue Sénégalaise des droits humains a exprimé "ses vives inquiétudes devant le second cas d'immolation d'un citoyen sénégalais aux alentours du Palais Présidentiel en l'espace d'une semaine", dans un communiqué transmis à l'AFP.

Elle se dit "d'autant plus préoccupée que les seules réponses qui semblent être apportées aujourd'hui à ce phénomène, demeurent la fatalité et la volonté divine alors que les lieu et jour choisis - palais présidentiel et le vendredi (jour de prière chez les musulmans, ndlr) - interpellent au premier chef le pouvoir politique et la conscience collective nationale".

Le parti socialiste sénégalais (opposition) a parlé de "l'échec de l'autorité de l'Etat" et du manque "de perspectives" pour les jeunes qu'il a appelés à ne pas poursuivre sur cette voie des immolations et de lui préférer l'action politique et sociale.

En janvier, un chauffeur de camion d'une cimenterie avait tenté de s'immoler par le feu à Rufisque, près de Dakar, pour protester contre la fin de son contrat de travail. Il avait été sauvé par une intervention de ses collègues, selon la presse locale.

En 2008, un homme qui réclamait le paiement de loyers au parti au pouvoir qui, disait-il, avait loué sa maison dans une ville du sud du pays, était mort après s'être immolé par le feu devant le palais présidentiel.

Quelques mois auparavant, une Sénégalaise résidant en Italie et militante du parti au pouvoir, Penda Kébé, s'était immolée par le feu à Rome, selon la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme (Raddho), ONG basée à Dakar. Elle avait vainement tenté de rencontrer le président Abdoulaye Wade en visite en Italie.

(©AFP /

Après les combats l'exode continue à Abidjan

AFP

Des habitants d'Abobo, une banlieue d'Abidjian, continuent de fuir, le 25 février 2011

Les familles fuyaient samedi le quartier d'Abobo à Abidjan, après une semaine d'affrontements meurtriers entre les forces fidèles au président sortant Laurent Gbagbo et des insurgés armés qui ont laissé la Côte d'Ivoire au bord de l'explosion.

"Le quartier se vide", a raconté à l'AFP une habitante après une nuit sous couvre-feu, mesure instaurée pour le week-end par le régime Gbagbo.

Au troisième jour d'exode dans le nord de la capitale économique, "les mini-cars ont pu entrer et sont pris d'assaut" par des mères et leurs enfants, a raconté cette jeune femme, elle-même partie rejoindre de la famille dans le quartier de Yopougon (ouest).

"Les gens pensent que le quartier va être bombardé", a expliqué un chauffeur resté à Abobo.

Plusieurs habitants ont cependant indiqué n'avoir pas entendu de tirs depuis vendredi dans ce quartier favorable à Alassane Ouattara, reconnu chef de l'Etat par la communauté internationale, où les Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales à M. Gbagbo combattent un groupe armé.

"Bagdad", comme est désormais surnommé Abobo, gardait toutefois les traces de ces journées de feu et de sang.

"Ce matin j'ai vu des corps, des civils apparemment, que personne n'avait récupérés", a raconté le chauffeur, sans pouvoir préciser quand ils avaient été tués.

Un bilan des combats restait impossible à établir mais de nombreux témoins ont fait état d'affrontements très meurtriers.

"Le travail continue" à Abobo, a déclaré à des journalistes le chef d'état-major des FDS, le général Philippe Mangou.

Baptisé par la presse locale "commando invisible", "mystérieux" ou "fantôme", le groupe, armé notamment de lance-roquettes, qui a attaqué depuis janvier les FDS à Abobo avant de redoubler d'activité ces derniers jours, continue de susciter les interrogations.

Pour les FDS, il est composé d'éléments de la "rébellion" des Forces nouvelles (FN), qui contrôle le nord du pays depuis son putsch manqué de 2002 et s'est alliée à Alassane Ouattara au commencement de la crise née du scrutin de novembre.

Mais dans le camp Ouattara on récuse toute implication, affirmant qu'il s'agit d'habitants ayant pris les armes ou de FDS passés de l'autre côté.

AFP

Affrontements entre partisans d'Alassane Ouattara et les FDS, le 24 février 2011 à Abidjian

Dans la capitale politique Yamoussoukro, théâtre pour la première fois d'affrontements à l'arme lourde dans la nuit de jeudi à vendredi, le calme était aussi revenu.

La ville "reprend timidement ses activités, beaucoup de boutiques sont fermées et il y a peu d'affluence au marché", a raconté un journaliste local.

Dans le "Grand Ouest", région proche du Liberia et instable depuis des années, la situation était incertaine au lendemain de la prise par les FN de deux localités aux confins de la zone sud sous contrôle du camp Gbagbo. Les FDS assuraient samedi en avoir chassé l'ennemi.

La semaine écoulée a donné un caractère presque irréel aux efforts de médiation menés par l'Union africaine pour résoudre la crise, qui a déjà fait au moins 315 morts selon l'ONU et poussé des dizaines de milliers d'Ivoiriens à fuir le pays.

Quatre chefs d'Etat - Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie), Jacob Zuma (Afrique du Sud), Idriss Deby Itno (Tchad) et Jakaya Kikwete (Tanzanie) - ont rencontré les rivaux ivoiriens en début de semaine à Abidjan.

Chargés au départ d'élaborer des solutions "contraignantes" pour les parties d'ici fin février, ils se concerteront de nouveau le 4 mars à Nouakchott. "Nous ne sommes pas au bout de nos peines", avait convenu le président mauritanien.

Gaza: nouveaux bombardements de l'aviation israélienne, 4 blessés

GAZA (Territoires palestiniens) - L'aviation israélienne a lancé samedi une série de raids contre la bande de Gaza, faisant quatre blessés et causant des dégâts, en représailles à des tirs de roquettes palestiniens contre Israël, selon des sources palestiniennes et israéliennes.

Tôt le matin, les appareils ont bombardé deux camps d'entraînement du groupe radical palestinien Jihad islamique, l'un dans la localité méridionale de Khan Younès et l'autre près de Nousseirat dans le centre de l'enclave palestinienne, ont précisé des services de sécurité palestiniens.

L'armée israélienne a fait savoir qu'elle visait "un certain nombre de nids terroristes" en réponse aux tirs de roquettes et d'obus à partir de la bande de Gaza contre le sud d'Israël ces derniers jours.

Dans l'après-midi, l'armée de l'air a touché deux centres d'entraînement des Brigades Ezzedine al-Qassam, le bras armé du mouvement islamiste Hamas au pouvoir à Gaza, près de Rafah (sud), à la frontière avec l'Egypte, selon la sécurité du Hamas.

Quatre personnes d'une même famille, dont une petite fille de 18 mois, ont été légèrement blessées par des éclats de bombe alors qu'elles circulaient en voiture à proximité des sites visés, a déclaré à l'AFP le porte-parole des services de santé à Gaza, Adham Abou Selmiya.

Une autre frappe aérienne a ciblé une installation du Jihad islamique à l'ouest de Khan Younès, selon des témoins.

Ces raids aériens ont eu lieu après des tirs de roquettes par des groupes palestiniens de Gaza sur le sud d'Israël dont l'une a touché la ville de Beersheva, la capitale du Néguev à 40 km du territoire palestinien, sans faire de blessé mais endommageant des maisons.

C'était la première fois qu'un tir de roquette frappait Beersheva (20.000 habitants) depuis l'offensive israélienne de décembre 2008-janvier 2009.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a averti le Hamas, au pouvoir à Gaza, et les autres groupes armés du territoire, que l'armée répondrait "avec force" en cas d'attaques contre le territoire israélien.

Toutefois, le Hamas qui souhaite s'installer dans la durée à Gaza, dit vouloir éviter une nouvelle épreuve de force avec Israël, deux ans après la dévastatrice opération militaire israélienne (1.400 morts palestiniens).

Le mouvement islamiste a renouvelé à plusieurs reprises -la dernière fois en janvier- ses consignes visant à faire respecter par les groupes armés une trêve de fait avec Israël. Il se réserve néanmoins le droit de "résister à toute incursion israélienne" à l'intérieur du territoire.

Mais si les tirs à partir de la bande de Gaza ont ralenti, ils n'ont jamais complètement cessé malgré la dernière offensive dévastatrice israélienne qui a fait 1.400 morts palestiniens il y a deux ans.

(©AFP /

Vague de contestation au Maghreb et Moyen-Orient, derniers développements

AFP

Manifestants à Alger, le 26 février 2011

Voici les derniers développements au Maghreb et au Moyen-Orient, où une vague de contestation sociale et politique sans précédent est réprimée, parfois dans le sang, par des régimes autoritaires.

LIBYE: Le face à face perdurait en Libye où la détermination des opposants à chasser le colonel Mouammar Kadhafi du pouvoir ne faiblissait pas, celui-ci tenant toujours la capitale Tripoli.

"Il semble que "Kadhafi ne contrôle plus la situation", a estimé le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, critiqué dans le passé pour avoir reçu avec faste le dirigeant libyen.

Alors que la région orientale pétrolifère est aux mains de l'opposition armée qui met en place une nouvelle administration, des tirs ont de nouveau été entendus dans certains quartiers de Tripoli durant la nuit.

YEMEN: D'importants chefs tribaux ont annoncé leur ralliement à la contestation du président du Yémen Ali Abdallah Saleh, alors que de véritables scènes de guerre dans le Sud ont fait au moins trois morts.

Ce ralliement, après celui de l'opposition parlementaire et des rebelles zaïdites (chiites) dans le Nord, élargit encore le cercle des contestataires du régime de Saleh, au pouvoir depuis 32 ans.

BAHREIN: Des responsables de l'opposition ont indiqué que le "dialogue national" censé sortir le royaume de Bahreïn de la crise où il est plongé depuis près de deux semaines n'avait pas encore commencé, attendant des "clarifications" du gouvernement.

Des milliers de manifestants ont commencé à défiler samedi à Manama aux cris de "va-t'en Hamad", le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa Al-Khalifa, au lendemain d'une marche massive demandant la chute du gouvernement.

TUNISIE: Vingt-et-un policiers ont été blessés et au moins trois commissariats incendiés ou saccagés lors des heurts vendredi avec des manifestants qui ont attaqué le ministère de l'Intérieur en plein centre de Tunis, a annoncé samedi le ministère.

AFP

Manifestations à Sanaa au Yémen, le 26 février 2011

Plus de 100.000 personnes, mobilisées via Facebook, avaient réclamé dans la journée le départ du gouvernement de transition dirigé par Mohammed Ghannouchi au cours de la plus grande manifestation à Tunis depuis la chute du président Ben Ali le 14 janvier.

JORDANIE: L'opposition jordanienne a décidé de monter d'un cran son mouvement de contestation, accusant samedi le gouvernement de "manque de sérieux" dans les réformes, au lendemain de la plus grande manifestation dans la capitale depuis le début de la protestation en janvier.

Vingt-cinq activistes politiques ont décidé par ailleurs de camper dans la nuit de vendredi à samedi sur la place de la Mairie, entamant une contestation qui, disent-ils, "se poursuivra jusqu'à la réalisation de réformes".

ALGERIE: Une centaine de manifestants pour un changement politique en Algérie ont été bloqués samedi par la police dès leur arrivée au lieu de rendez-vous dans le centre d'Alger, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le président du Parti pour la Culture et la Démocratie (RCD), le député Saïd Sadi, s'est retrouvé encerclé, avant même l'heure prévue du début de la marche, par les forces de l'ordre sur la Place des Martyrs.

Les forces de l'ordre ont réussi à repousser vers le front de mer tout proche les partisans du RCD.

EGYPTE: L'armée égyptienne a présenté ses excuses après des affrontements dans la nuit entre des militaires et des manifestants sur la place Tahrir au Caire, mais des militants ont appelé à de nouveaux rassemblements samedi pour dénoncer ces violences.

Peu après minuit vendredi soir, la police militaire a encerclé quelques centaines de manifestants et les a dispersés à coups de matraques et d'armes à électrochocs de type Taser, selon un responsable de sécurité et des témoins.

IRAN: Les sites de l'opposition réformatrice iranienne ont appelé à de nouvelles manifestations le 1er mars pour protester contre le placement "illégal" en résidence surveillée de ses deux principaux dirigeants, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi.

IRAK: Le guide spirituel de la communauté chiite, le Grand Ayatollah Ali Sistani, a exigé la suppression des avantages que se sont octroyés les hommes politiques irakiens, au lendemain des manifestations de colère qui ont fait seize morts.

Le face à face continue entre Kadhafi et l'opposition, premières sanctions

TRIPOLI (AFP)

AFP

Rassemblement anti-Kadhafi à Benghazi, deuxième ville de Libye, aux mains des insurgés, le 25 février 2011

Le face à face perdurait samedi en Libye où la détermination des opposants à chasser le colonel Mouammar Kadhafi du pouvoir ne faiblissait pas, celui-ci tenant toujours la capitale Tripoli.

Sur le terrain diplomatique, la pression s'accentuait au 12e jour de l'insurrection. "Il semble que "Kadhafi ne contrôle plus la situation", a estimé le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, critiqué dans le passé pour avoir reçu avec faste le dirigeant libyen.

Alors que la région orientale pétrolifère est aux mains de l'opposition armée qui met en place une nouvelle administration, des tirs ont de nouveau été entendus dans certains quartiers de Tripoli durant la nuit.

"L'électricité a été coupée (hier soir) et n'est pas revenue depuis", a déclaré un habitant joint par téléphone dans la matinée. "Nous étions terrifiés. Nous pensions qu'ils préparaient une attaque", a-t-il ajouté.

AFP

Réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur la Libye, le 25 février 2011 à New York

Mais dans d'autres quartiers de la capitale, où l'électricité n'a pas été coupée, la nuit a été calme, selon un journaliste de l'AFP. Les hôtels de luxe de Tripoli ont fermé ou ont évacué leur personnel. Au marché noir, le dollar s'échangeait à 2 dinars libyens (contre 1,3 il y a 10 jours).

A 1.000 km plus à l'est, l'opposition continue de s'organiser et rêve de voir Tripoli se libérer.

"Nous coordonnons les comités des villes libérées et de Musratha. Nous attendons que Tripoli en finisse avec le régime de Kadhafi et de ses fils et ensuite, nous travaillerons à un gouvernement de transition", a déclaré à l'AFP Abdelhafiz Ghoqa, le porte-parole de la "Coalition révolutionnaire du 17 février".

AFP/LIBYAN TV

Le colonel Mouammar Kadhafi, place Verte à Tripoli, le 25 février 2011.

"Il y a des volontaires partent tous les jours pour Tripoli" pour se battre, a-t-il ajouté, soulignant que de nouveaux officiers faisaient défection et rejoignaient les forces anti-Kadhafi.

Vendredi, Barack Obama a signé un décret gelant les avoirs aux Etats-Unis du colonel Kadhafi et de ses quatre fils. "Le régime de Mouammar Kadhafi a bafoué les normes internationales et la morale élémentaire, il doit être tenu responsable", a estimé le président américain dans un communiqué de la Maison Blanche.

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit reprendre ses consultations samedi à 16H00 GMT. Un projet de résolution évoque des sanctions telles qu'un embargo sur les armes, un autre embargo sur les voyages du colonel Kadhafi et un gel de ses avoirs, selon des diplomates.

L'ambassadeur libyen à l'ONU, Mohammed Shalgham, qui était resté jusqu'alors loyal au colonel Kadhafi, a parlé d'"exactions". "Sauvez la Libye. Qu'il n'y ait pas d'effusion de sang, pas de tueries (...). S'il vous plaît, s'il vous plaît, adoptez une résolution courageuse", a-t-il déclaré à l'ONU d'une voie émue, comparant Mouammar Kadhafi à Pol Pot et Adolf Hitler.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a déclaré vendredi soir, à l'issue d'une précédente réunion, que le Conseil de sécurité devait prendre au plus vite "mesures décisives".

Le projet de résolution avertit en outre Mouammar Kadhafi que les violences pourraient être considérées comme des crimes contre l'humanité, selon des diplomates.

Le bilan de ces violences restait difficile à évaluer samedi. Le secrétaire général de l'ONU a parlé d'un millier de morts.

Critiqué à l'étranger, attaqué de toutes parts par une opposition armée qui contrôle désormais plusieurs villes, M. Kadhafi a pris la parole vendredi soir pour la première fois en public depuis le début la révolte, devant une foule de plusieurs centaines de partisans dans le centre de Tripoli.

"Nous allons nous battre et nous les vaincrons", a-t-il lancé. "S'il le faut, nous ouvrirons tous les dépôts d'armes pour armer tout le peuple", a-t-il menacé.

Ses partisans, qui agitaient le drapeau vert de la Libye, brandissaient des portraits à son effigie et scandaient "Dieu, Mouammar, Libye et c'est tout".

Le pouvoir libyen semblait cependant de plus en plus isolé, lâché par ses pairs arabes et plusieurs proches et diplomates, dont les ambassadeurs libyens à Paris, Lisbonne, Genève et à l'Unesco, ainsi que Kadhaf al-Dam, proche conseiller et cousin de M. Kadhafi.

Vendredi, les forces pro-Kadhafi, déployées autour de mosquées de la capitale pour empêcher les protestations, ont tiré sur des manifestants.

Dans l'est de la ville, au moins deux manifestants ont été tués par des pro-Kadhafi dans le quartier populaire de Fachloum, selon un témoin. Dans ce quartier, tout comme dans celui de Ben Achour, des témoins ont signalé des "tirs nourris sur tous ceux qui se (trouvaient) dans la rue".

"Les forces de l'ordre ont ouvert le feu sur des manifestants sans distinction. Il y a des morts dans les rues de Soug Al-Jomaa", a déclaré un autre habitant.

Faute de pouvoir assurer la sécurité de leurs diplomates, les Etats-Unis ont suspendu le fonctionnement de leur ambassade. Face au chaos, les évacuations des différents ressortissants étrangers continuaient dans des conditions difficiles. Un navire transportant 2.000 Chinois évacués de Benghazi a accosté à Malte. Un autre transportant près de 3.000 Chinois s'est ancré en Crète.

Alger: une centaine de manifestants bloqués par la police

ALGER - Une centaine de manifestants pour un changement politique en Algérie ont été bloqués samedi par la police dès leur arrivée au lieu de rendez-vous dans le centre d'Alger, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le président du Parti pour la Culture et la Démocratie (RCD), le député Saïd Sadi, s'est retrouvé encerclé, avant même l'heure prévue du début de la marche, 11h00 (10h00 GMT), par les forces de l'ordre sur la Place des Martyrs.

Les forces de l'ordre ont réussi à repousser vers le front de mer tout proche les partisans du RCD réunis sous la bannière de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), un mouvement né il y a un mois mais déjà scindé en deux.

Une vingtaine de partisans du président Abdelaziz Bouteflika sont apparus. Munis de portraits du dirigeant, ils scandaient son nom et affichaient une pancarte en arabe: "Les Algériens sont pro-Bouteflika, ils ne veulent pas de la Coordination des avides".

La police placée entre les deux camps a empêché tout affrontement.

Le dispositif pour bloquer cette troisième manifestation en un mois en faveur du changement politique en Algérie était moindre cette fois-ci face à une opposition divisée.

La manifestation devait partir de la Place des Martyrs en direction de celle du 1er Mai, à quelque 4 km de là, comme pour les manifestations avortées des 12 et 19 février derniers, mais avec un itinéraire inversé.

Le nouveau point de départ est plus proche de l'Assemblée populaire nationale (la chambre des députés), une étape majeure de la marche.

Le périmètre de la Place des Martyrs était quadrillé par les forces de l'ordre et des véhicules blindés. Tous les accès piétons ont été bouclés par des centaines de policiers, dotés de casques et de boucliers, pour empêcher tout rassemblement.

Au dessus du centre de la capitale, un hélicoptère tournoyait depuis le début de la matinée.

Les autorités algériennes ont levé jeudi comme promis l'état d'urgence décrété il y a 19 ans et l'opposition s'est divisée cette semaine: le camp de la société civile et des syndicats autonomes de la CNCD n'était pas présent samedi alors que M. Sadi et ses partisans veulent continuer à manifester tous les samedis.

Enfin, l'un des fondateurs de la CNCD, l'universitaire et journalise Fodil Boumala, a annoncé qu'il avait démissionné du mouvement, ne pouvant cautionner "sa scission".

(©AFP /

Séisme en Nouvelle-Zélande: le bilan monte à 144 morts et 200 disparus

AFP

Une église détruite à Christchurch, le 26 février 2011, quatre jours après le tremblement de terre en Nouvelle-Zélande

Le bilan du séisme de Christchurch en Nouvelle-Zélande est monté à 144 morts et 200 disparus samedi, le Premier ministre John Key ayant prévenu qu'il pourrait s'agir de la pire tragédie de l'histoire du pays.

La police a réévalué le bilan du tremblement de terre de magnitude 6,3 qui s'est produit mardi et fait désormais état de 144 morts et 200 disparus, pour lesquels elle a fait part de sa "grande inquiétude".

Il pourrait s'agir de "la pire tragédie" de l'histoire du pays, a déclaré le Premier ministre John Key, venu rencontrer des proches des victimes et des disparus.

"Les proches craignent le pire mais il y a encore une lueur d'espoir", a déclaré M. Key.

Le bilan actuel fait de ce séisme le deuxième plus meurtrier en Nouvelle-zélande après celui du 3 février 1931 qui avait fait 256 morts dans la baie de Hawke, dans l'île du nord.

Le Premier ministre a annoncé que deux minutes de silence seraient observées mardi en mémoire des victimes, exactament une semaine après la catastrophe.

AFP

Le Premier ministre néo-zélandais, John Key, à Christchurch, le 26 février 2011, avec des sauveteurs venus de Singapour

Les services de secours qui n'ont sorti aucun survivant des décombres depuis mercredi, au lendemain de la secousse, se montraient quasiment sans espoir pour des victimes ensevelies dans les ruines de la cathédrale et deux immeubles de bureaux.

"Le nombre de personnes disparues pour lesquelles nous avons la plus grande inquiétude dépasse toujours les 200", a déclaré à la presse Dave Cliff, le chef de la police du district.

L'ampleur des dégâts est telle qu'un tiers des bâtiments du centre ville, largement endommagé, vont devoir être rasés et reconstruits.

"Nous avons collecté des données au cours des derniers jours et il apparaît qu'environ un tiers des immeubles (sont condamnés)", a déclaré Jason Ingham, ingénieur en structures à l'Université d'Auckland, cité par la la chaîne TVNZ.

AFP

Des voitures sous les décombres d'une maison, le 26 février 2011 à Christchurch, quatre jours après le séisme en Nouvelle-Zélande

"Nous allons devoir élaguer en profondeur la ville", a ajouté le maire Bob Parker, sur Sky News. "Des blocs d'immeubles entiers vont devoir être détruits".

Le centre ville risque d'être fermé pendant plusieurs mois, a ajouté Gerry Brownlee, ministre en charge de la reconstruction.

Si l'électricité a été rétablie dans la majorité des quartiers, la plupart des 390.000 habitants sont toujours privés d'eau courante et sont alimentés par des citernes.

Plus de 62.000 foyers sont privés d'eau et 100.000 ne sont plus connectés aux égoûts, et donc dans l'impossibilité d'utiliser leurs toilettes. Quelque 800 toilettes mobiles vont rapidement être installées pour limiter les risques d'apparition de maladies.

Deuxième ville de Nouvelle-Zélande, Christchurch qui doit accueillir plusieurs rencontres de la Coupe du monde de rugby, doit se préparer à la perspective d'en être privée alors que son stade a subi des dégâts, a déclaré samedi M. Brownlee.

AFP

Des sauveteurs sur la place de la Cathédrale, à Christchurch, le 26 février 2011, quatre jours après le séisme en Nouvelle-Zélande

"Perdre les matches de la Coupe du monde serait un coup terrible pour Christchurch. Je ne veux pas que cela se produise mais nous devons être réalistes face à cette perspective", a-t-il déclaré.

Christchurch doit accueillir sept matches, dont deux quarts de finale, lors du Mondial prévu du 9 septembre au 23 octobre prochains.

L'AMI Stadium a été fermé vendredi jusqu'au 15 mars et des experts vont tenter de déterminer combien de temps prendront les réparations. Une décision finale sur l'utilisation du stade sera prise par Rugby New Zealand 2011, l'organisateur du Mondial.

Yémen: d'importantes tribus se joignent à la contestation du président Saleh

SANAA - D'importants chefs tribaux et des dizaines de milliers de leurs hommes en armes ont apporté samedi leur soutien à la contestation contre le président du Yémen Ali Abdallah Saleh, lors d'un rassemblement au nord de Sanaa.

Selon des sources tribales, des chefs de deux des plus importantes tribus du pays où la structure clanique est très importante, les Hached et les Baqil, se sont dissociés du président, au pouvoir depuis 32 ans.

L'un des chefs des Hached, cheikh Hussein ben Abdallah Al-Ahmar, a annoncé sa "démission du parti du Congrès populaire général (de M. Saleh) pour protester contre la répression des manifestants pacifiques à Sanaa, Taëz et Aden".

Les Hached sont considérés comme la plus importante tribu yéménite. Elle est formée de neuf branches, dont celle des Sanhane, à laquelle appartient le chef de l'Etat.

L'annonce de cheikh Hussein dans la localité d'Amran a été saluée par une foule nombreuse de membres des tribus, dont des chefs des Baqil, la deuxième en importance du Yémen et la plus nombreuse, selon les mêmes sources.

Les représentants de nombreuses tribus étaient présents lors du rassemblement qui a réuni, selon les sources tribales, des dizaines de milliers de personnes dont la majorité portaient des armes.

L'assemblée a annoncé qu'elle soutenait désormais le mouvement de contestation contre le président qui a commencé le 27 janvier mais s'est intensifié à partir du 13 février, en scandant "le peuple veut la chute du régime", selon les mêmes sources.

Le chef suprême des Hached, cheikh Hamid ben Abdallah Al-Ahmar, est déjà passé dans la contestation en sa qualité de dirigeant du parti islamiste Al-Islah qui a annoncé plus tôt cette semaine, tout comme les autres partis de l'opposition, leur soutien aux manifestations contre le gouvernement.

(©AFP /

Irlande: le principal parti d'opposition vainqueur mais sans majorité absolue

DUBLIN (AFP)

AFP

Le chef de file de l'opposition irlandaise Enda Kenny s'apprête à voter avec sa fille et son épouse, le 25 février 2011 à Castle Bar

Le parti d'opposition Fine Gael a remporté les législatives irlandaises mais sans réunir la majorité absolue, selon un sondage sortie des urnes diffusé samedi par la radio-télévision publique RTE, qui confirme le naufrage attendu du parti du Premier ministre sortant Brian Cowen.

Le Fine Gael (centre), principal parti d'opposition, est crédité de 36,1% des suffrages. Il s'agit là de son meilleur résultat depuis novembre 1982, précise la RTE. Mais ce chiffre est quelque peu décevant par rapport à de nombreux sondages qui prévoyaient un score plus proche de 40%.

Le parti ne devrait pas être en mesure de réunir une majorité absolue de députés, se voyant contraint de s'allier à des indépendants ou de former une coalition avec le Labour, une formation de gauche avec qui il a déjà gouverné.

Ce parti a remporté 20,5% des voix, selon le sondage, qui confirme le naufrage du Fianna Fail, parti du Premier ministre sortant Brian Cowen. La formation ne recueille que 15,1% des voix, un chiffre encore plus faible que ce que projetaient les enquêtes avant le scrutin, selon RTE, qui a interrogé 3.500 électeurs à la sortie des urnes vendredi.

Les Verts, membres de la coalition gouvernementale sortante, sont également laminés, avec seulement 2,7%.

Le vote sanction à l'encontre du gouvernement sortant, accusé de n'avoir pas su prévoir la crise, a également profité au parti nationaliste Sinn Féin. Ce dernier réalise le meilleur score de son histoire, avec 10,1%. Ce résultat est cependant inférieur aux prévisions d'avant les législatives, et aux espoirs du leader du Sinn Féin, Gerry Adams.

Le chef de file nationaliste, basé à Belfast, en Irlande du Nord, se présentait personnellement pour la première fois devant les électeurs d'Irlande.

AFP

Présentation des principaux partis en course lors des élections législatives de vendred

Le sondage réalisé vendredi à la sortie des urnes par l'institut Millward Brown Lansdowne sur 3.500 électeurs ne donne pas d'indications en termes de sièges.

Cependant, selon Michael Marsh, politologue au Trinity College de Dublin, les résultats du sondage de RTE donneraient au Fine Gael 72 sièges au Dail, chambre basse au Parlement irlandais, soit relativement loin de la majorité absolue de 84 députés (sur un total de 166). Le Fine Gael compte 51 sièges dans la Chambre sortante.

Le nombre des sièges du Fianna Fail serait divisé par plus de trois, la formation ne réussissant à sauver que 20 de ses 73 sièges, selon M. Marsh, interrogé sur RTE.

Le Labour remporterait 38 députés, contre 20 actuellement, et le Sinn Féin environ "14 ou 15", triplant sa représentation (5 députés actuellement), a calculé le politologue.

Wikileaks et la situation au Moyen-Orient font grimper le prix du pétrole

Sur la base de notes de la diplomatie américaine remises par Wikileaks, le journal britannique The Guardian avançait dernièrement que les réserves pétrolières de l’Arabie Saoudite seraient surestimées de 40 % soit environ 300 milliards de barils. Cette révélation intervient alors que le cours du pétrole tourne autour des 100 dollars le baril en raison notamment de la situation dans l’ensemble du Moyen-Orient.

La vague de soulèvements populaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient inquiètent les marchés. Outre le ralentissement de la production en Libye, plus de 50% pour le groupe italien ENI premier producteur étranger dans le pays, les incertitudes sur l’évolution de la situation à Bahreïn et en Egypte alimentent la crainte d’une pénurie alors qu’une contagion de la contestation à l’Arabie saoudite ne peut pas être exclue.

Quand les producteurs de pétrole s’enrhument c’est toute l’économie mondiale qui tousse. C’est sans doute pourquoi la banque Goldman Sachs pointe tout à la fois les risques de perturbation et le niveau très élevé des stocks mondiaux. L’Egypte qui abrite deux routes stratégiques pour l’acheminement du brut pompé dans les pays du Golfe, le canal de Suez et l’oléoduc Suez-Méditerranée reste la clé de l’évolution de la situation.

Toutefois derrière la crise ponctuelle liée à des revendications démocratiques, Wikileaks pointe du doigt le tabou qui entoure la réalité des réserves mondiales de pétrole.

Jusqu’à présent, l’Arabie Saoudite, qui dispose du cinquième des réserves de la planète, était présentée comme le seul producteur mondial majeur qui puisse encore augmenter substantiellement son niveau de production de brut dans les années et les décennies à venir. Or, si les documents écrits entre 2007 et 2009 par la représentation diplomatique américaine à Riyad et décortiqués par The Guardian sont exacts, cette potentialité n’existerait pas.

L’Arabie Saoudite 1er producteur et exportateur mondial de pétrole serait donc dans l’incapacité de jouer sur son niveau de production pour limiter la hausse des cours dans les années à venir. Le peak-oil si redouté serait plus proche que jamais.

Egypte: l'armée présente ses excuses après des heurts avec des manifestants

LE CAIRE - L'armée égyptienne a présenté ses excuses samedi matin après des affrontements dans la nuit entre des militaires et des manifestants sur la place Tahrir au Caire, mais des militants ont appelé à de nouveaux rassemblements samedi pour dénoncer ces violences.

Peu après minuit vendredi soir, la police militaire a encerclé quelques centaines de manifestants, et les a dispersés à coups de matraques et d'armes à électrochocs de type Taser, selon un responsable de sécurité et des témoins. Plusieurs personnes ont été arrêtées, a reconnu l'armée.

Dans la journée, des milliers d'Egyptiens s'étaient rassemblés sur la place symbole de la lutte contre l'ancien président Hosni Moubarak pour célébrer la "révolution" et réclamer un nouveau gouvernement composé de technocrates.

"Ce qui s'est passé vendredi soir était le résultat de confrontations non intentionnelles entre la police militaire et les jeunes de la révolution", a déclaré dans un communiqué le Conseil suprême des forces armées, en charge du pays depuis la chute de M. Moubarak le 11 février.

Le Conseil "n'a pas et ne va pas donner l'ordre d'attaquer la jeunesse, et des mesures vont être prises pour garantir que cela ne se reproduise plus", a-t-il ajouté.

Dans un deuxième communiqué, l'armée s'est engagée à "libérer immédiatement tous les jeunes de la révolution du 25 janvier qui ont été arrêtés (vendredi) place Tahrir", sans préciser combien de personnes étaient concernées.

Mais des militants ont lancé un appel à de nouvelles manifestations samedi pour dénoncer l'usage de la force la veille.

"Des manifestants pacifiques sur la place Tahrir ont été dispersés par la police militaire avec des Taser, des matraques et des fouets. Des hommes masqués armés de fusils automatiques ont essayé de faire taire la protestation par la force. Beaucoup ont été battus, agressés et arrêtés", ont-ils dénoncé dans un communiqué publié sur Facebook.

"Nous ne pouvons pas accepter cela. Nous devons réagir face à la violence envers des manifestants pacifiques", ont-ils ajouté.

(©AFP /

Côte d'Ivoire : la violence s'étend à Yamoussoukro et à l'ouest du pays

Des centaines de personnes ont dû fuire leur maison en raison des incidents à Abidjan, le 25 février 2011.
Des centaines de personnes ont dû fuire leur maison en raison des incidents à Abidjan, le 25 février 2011.
REUTER/Luc Gnago
Par RFI

En Côte d’Ivoire, les foyers de tension se multiplient. Après Abidjan qui, depuis une semaine, est en ébullition, la violence s’est étendue le 25 février à la capitale politique Yamoussoukro et à l’ouest du pays. Par ailleurs, Charles Blé Goudé a appelé le même jour les jeunes patriotes à bloquer la circulation des véhicules de l’Onuci, et un couvre-feu nocturne sur l’ensemble du pays a été une nouvelle fois instauré pour tout le week-end.

Avec nos envoyés spéciaux à Abidjan,

Notre dossier spécial : Crise en Côte d'Ivoire
A l’ouest de la Côte d’Ivoire, un front est désormais ouvert et selon des sources concordantes les FN, les Forces nouvelles ont effectué une percée vers le Sud. D’après nos informations, le 25 février dans l’après-midi, elles étaient positionnées à une quinzaine de kilomètres de Toulepleu, une ville située à quelques encablures de la frontière libérienne. La reprise des hostilités militaires dans cette zone a provoqué l’exode de milliers de civils.

A Abidjan, également, ils étaient vendredi des milliers à fuir leur domicile. Dans la matinée, un flot humain quittait Abobo et ses combats pour se réfugier dans d’autres communes de la métropole ivoirienne. Si à Abobo, fief d’Alassane Ouattara, la journée a été calme, ce ne fut pas le cas à Yopougon, bastion de Laurent Gbagbo. Des jeunes des deux camps ont incendié des véhicules et ont échangé quelques jets de pierre.

Le mot d’ordre de Charles Blé Goudé a eu ses premières répercussions sur le terrain puisque des jeunes patriotes ont fait le siège d’une caserne de casques bleus à Abidjan.
Vendredi après midi, Yamoussoukro était une ville morte, un calme précaire régnait dans la capitale politique et chacun craignait une reprise des affrontements mortels entre jeunes pro-Outtaradu et forces de l’ordre.

Enfin, la bataille s’est également transportée sur le terrain de la communication. La transmission des SMS a été coupée et les journaux favorables au RHDP se sont vus infliger des sanctions financières ou des suspensions de parution.

Par ailleurs, les forces de l'ordre, fidèles au président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, ont accusé hier soir la mission de l'ONU dans le pays d'avoir tué un policier lors d'un incident à Daloa. Pour le porte-parole de l'Onuci, « tout ceci n'est que fiction ». Contacté par l'envoyé spécial de RFI à Abidjan, Hamadoun Touré a expliqué que le domicile de membres du personnel de l'Onuci avait été pillé à Daloa, mais que les forces de l'ONU en Côte d'Ivoire n'ont tiré sur personne.


Avec nos envoyés spéciaux à Abidjan,

Vendredi, des milliers d’habitants d’Abobo fuyaient leur domicile , conséquence des affrontements quasi quotidiens entre Forces de défense et de sécurité et un commando d’insurgés, à Abidjan,

C’est un exode de quelques kilomètres mais à durée indéterminée. Un baluchon sur la tête, une valise à la main, ils sont des milliers à fuir Abobo. Dans cette commune rebaptisée Bagdad, les quelques taxis collectifs étaient pleins et les routes remplies de voyageurs au cœur lourd.

Marius habite « le cœur du volcan », le quartier de PK18. Il témoigne :

« Maintenant je me rends chez une de mes tantes jusqu’à cela se calme ici pour qu’on puisse revenir, sinon… Jusque là, on était obligé de quitter si on ne veut pas prendre des balles perdues. Actuellement, au moment où je vous parle, l’eau est coupée. Cela fait deux jours que je n’ai pas rien mangé. Ce n’est qu’aujourd’hui que je me suis lavé. J’ai revu les rebelles (…) avec les armes en main, on ne peut rien faire. Les rebelles sont en civil. Cela va être difficile même pour les FDS de les démasquer ». Dans son départ, Marius n’a emporté que quelques vêtements. « Ils m’ont tout pris, le peu d’argent que j’avais, et mon portable», ajoute-t-il.

Tous les habitants d’Abobo, loin s’en faut, n’ont pas la même aversion pour le commando d’insurgés. En revanche, ici, que l’on soit pro-Gbagbo ou pro-Ouattara, il y a un sentiment en partage, c’est la peur.

« Tous les habitants d’Abobo, dit l’un d’entre eux, nous sommes très effrayés ces derniers jours. Car franchement il y a des tirs n’importe comment. On ne sait pas d’où cela provient. On a donc beaucoup peur. Mais je ne suis pas parti parce que j’ai mes enfants là, je ne sais pas où partir. Sinon, si j’avais la possibilité de me déplacer avec ma famille, je l’aurais fait ».

A Abobo comme dans d’autres localités, les communautés se regardent désormais avec suspicion. En s’éternisant, la crise politique menace de faire éclater la mosaïque ethnique ivoirienne.

La Russie continuera à livrer des missiles à la Syrie

MOSCOU - La Russie entend remplir son contrat de livraison de missiles de croisière à la Syrie, malgré les condamnations d'Israël, ont indiqué les agences de presse russes, citant samedi le ministre de la Défense, Anatoli Serdioukov.

"Le contrat est dans la phase de réalisation", a déclaré M. Serdioukov, selon cette source. La signature de ce contrat en vue de livrer des missiles Yakhont à la Syrie remonte à 2007. Rien n'a été livré pour l'instant.

Ces ventes d'armes russes à la Syrie, qui entretient des liens étroits avec l'Iran, inquiètent les Etats-Unis et Israël qui redoutent que celles-ci ne se retrouvent aux mains du Hezbollah libanais.

En septembre, Israël les avait fermement dénoncé. Les médias israéliens soulignaient alors que cela pourrait mettre en danger les navires de la marine israélienne au large des côtes libanaises au cas où ces missiles seraient transférés par la Syrie au Hezbollah.

L'armée syrienne dispose essentiellement de matériel soviétique vieillissant.

(©AFP /

Ouverture de la 22e biennale du Fespaco

La 22e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision d'Ouagadougou (Fespaco)
La 22e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision d'Ouagadougou (Fespaco)
Fespaco 2011
Par RFI

Clap d’ouverture ce samedi 26 février 2011 de la 22e biennale du Fespaco, le festival panafricain du cinéma et de la télévision d’Ouagadougou. Depuis sa création en 1969 au Burkina Faso, il s’est imposé comme le rendez-vous incontournable du 7e art du continent africain. Au programme : courts et longs métrages, documentaires, films de la diaspora, fictions de TV et vidéo, en compétition ou hors compétition. Au total 194 films de 25 pays animeront les salles obscures pendant une semaine.

Avec notre envoyé spécial à Ouagadougou, José Marinho

A pied, par avion, ou en pirogue depuis le fleuve Mouhoun, tous les chemins mènent au Fespaco. Près de 500 mille festivaliers venant d’Afrique et d’Europe sont attendus à Ouagadougou. Ici pas de tapis rouge ni de montée des marches. Au Burkina Faso, le cinéma c’est une grande fête populaire. Les rues sont habillées avec la carte du continent africain en rouge, barrée par une pellicule de film à côté d’une caméra noire.

Après un long silence, le cinéma égyptien est de retour avec The Wedding, une fable sociale touchante signée Abdel Aziz Sameh et Raconte Sherazade raconte d ’Yousry Nasrallah , dénonce la censure en Egypte. Ils sont tous les deux en course pour décrocher le Grand prix du Fespaco, l’Etalon de Yennenga - l’équivalent de la Palme d’or à Cannes.

Parmi les 18 films de la sélection officielle en compétition, 6 sont inédits. Mais cette année, la corruption, la démocratie et l’immigration sont les thèmes prédominants des longs métrages de fiction qui cherchent à alerter le public sur la réalité africaine.

Libye: Obama impose des sanctions contre le clan de Kadhafi

Le président américain Barack Obama a imposé vendredi des sanctions à l'encontre du colonel libyen Mouammar Kadhafi, indique un communiqué de la Maison Blanche. Cette mesure a été prise à la suite de la répression menée par le régime libyen contre les manifestants.

Le président Obama a signé un décret présidentiel gelant les avoirs et bloquant les propriétés aux Etats-Unis du colonel Kadhafi et de ses quatre fils, indique le communiqué. "Le régime de Mouammar Kadhafi a violé les normes internationales et la décence, il doit être tenu responsable", a dit le président Obama dans ce communiqué.

"Ces sanctions visent en conséquence le régime Kadhafi, mais protègent les biens qui appartiennent au peuple libyen", ajoute également le président américain.

Projet de résolution de l'ONU

Par ailleurs, un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU rédigé par les Occidentaux avertit Mouammar Kadhafi qu'il pourrait être poursuivi pour crimes contre l'humanité, ont indiqué vendredi des diplomates.

Ce projet de résolution, qui circule parmi les quinze pays membres du Conseil réunis à propos de la crise en Libye, évoque aussi des sanctions telles qu'un embargo sur les armes, un embargo sur les voyages du colonel Kadhafi et un gel de ses avoirs, selon ces diplomates. Le projet de résolution indique également que la Cour pénale internationale devrait enquêter sur les violences dans le pays.

Défection de l'ambassadeur de Libye

Parallèlement, l'ambassadeur de Libye à l'ONU, Mohammed Shalgham, a fait défection, comme l'avait fait lundi son adjoint Ibrahim Dabbashi, a indiqué un diplomate sous le couvert de l'anonymat.

L'ambassadeur, qui jusque-là était resté loyal au colonel Kadhafi, a dénoncé devant le Conseil de sécurité les "exactions" commises dans son pays.

Ces déclarations ont marqué un revirement total de l'ambassadeur qui ces derniers jours encore avait dit aux journalistes qu'il était un ami du colonel Kadhafi et qu'il ne pouvait pas le trahir.

(ats /

Scènes de désolation à Tunis, des policiers accusent des "terroristes"

TUNIS (AFP)

AFP

Des milliers de manifestants sont rassemblés le 25 février 2011 à Tunis pour réclamer le départ du gouvernement Gannouchi

Commissariats incendiés, voitures de police brûlées, cafés saccagés, arbres et bancs arrachés: l'avenue Habib Bourguiba à Tunis a ressemblé dans la nuit à un véritable champ de bataille, avec des policiers lancés à la poursuite de "terroristes" accusés de vouloir "semer le chaos".

Vendredi 23h00: une véritable chasse à l'homme est en cours dans le centre de Tunis, où des groupes de manifestants ont provoqué durant plus de cinq heures des forces de l'ordre déployées près du ministère de l'Intérieur, réclamant la "chute du gouvernement" après une manifestation géante devant la Kasbah.

Rafales de tirs de sommation, gaz lacrymogènes, suivis par des tirs d'automatiques, la panique s'empare de la population dans la capitale qui se terre et n'avait pas vu une telle violence après la chute du régime policier du président Ben Ali à la mi-janvier.

Soldats, forces anti-émeutes, policiers en civil cagoulés armés de matraques sillonnent ensuite la ville. Des hélicoptères de l'armée survolent à basse altitude la capitale durant des heures.

Mais rien n'arrête une poignée d'irréductibles déterminés à vouloir pénétrer dans le ministère de l'Intérieur, entouré de barbelés et de chars de l'armée: des véhicules de police dans le parking du ministère de l'Intérieur brûlent.

L'avenue Bourguiba s'enfonce dans d'épaisses colonnes de fumée noire après plusieurs foyers d'incendie allumés par des manifestants. L'air, chargé de gaz lacrymogène et de fumée des incendies, brûle les yeux et est irrespirable.

Des policiers armés et cagoulés s'approchent de journalistes de l'AFP. Leur attitude est presque menaçante pensant qu'il s'agit de manifestants qui ont semé les troubles.

A proximité, deux motos de police brûlent encore. Quelque mètres plus loin, la façade d'un commissariat près de la rue de Yougoslavie, est noire de suie. Les dalles de marbre à l'entrée sont arrachées et les fenêtres brisées.

"Ils (manifestants) étaient nombreux, environ 200 ou plus, à vouloir s'introduire dans le bâtiment, ils ont mis tout d'abord le feu à deux voitures de police garées près du poste. J'avais peur pour ma vie surtout quand ils ont essayé de m'attraper après avoir menacé de me brûler vif", raconte un policier, Saleh, 30 ans, encore sous le choc.

"+Allah Akbar, Allah Akbar+, c'est votre jour, nous allons vous tuer bande d'abrutis" nous lançaient ces manifestants alors que "nous étions retranchés dans le bâtiment en attendant des secours", dit-il.

Ces "terroristes" ont "mené une action coordonnée", selon un autre policier, "ils nous disaient: +Vous avez été augmentés, vous les soldats de Ben Ali mais vous saurez toujours des minables+".

Deux carcasses de voitures de police et deux motos fument encore à proximité.

"J'ai vraiment cru que c'était mon dernier jour, il y avait tellement de haine dans leur regards et leur paroles", ajoute un autre policier, matraque en main.

Plus loin encore, alors que résonnent encore des détonations, un Monoprix situé près de l'ambassade de France, saccagé, finit de se consumer.

Les forces de l'ordre arrêtent des manifestants à tout va, procédant à des passages à tabac musclés, certains n'hésitant pas à frapper au sol un homme interpellé et hurlant de terreur.

Puis soudain, elles arrêtent un tramway pour en sortir de force des hommes de l'intérieur. Les coups pleuvent. Les hommes arrêtés sont engouffrés dans des fourgons de police.

Alors que le centre de Tunis n'est plus que désolation, des cris résonnent. Un jeune vient d'être arrêté par plusieurs policiers. L'un d'eux le frappe violemment derrière la nuque avant de le laisser partir.

Le jeune traverse la rue en courant avant de s'agenouiller rapidement comme pour demander pardon avant de disparaître. Tunis s'enfonce dans une nuit secouée par des détonations.

Un départ de Kadhafi ouvrirait une période à risque pour la Libye

WASHINGTON (AFP)

AFP

Des militaires libyens fraternisent avec des habitants de Benghazi, le 25 février 2011

La fin du pouvoir de Mouammar Kadhafi ouvrirait un "énorme vide" et une période de transition pleine d'écueils en Libye, pays divisé aux institutions faibles qui peut cependant compter sur le pétrole et l'appétit de sa jeunesse pour la liberté et la démocratie, selon des experts.

A la différence de l'Egypte et de la Tunisie, la Libye fait figure de "cas extrême" des maux observés dans d'autres pays arabes, tels que le Yémen ou les monarchies du Golfe, affirme à l'AFP Khalil Matar.

Les trois régions est, ouest et sud, longtemps séparées avant l'indépendance, continuent de structurer un pays dans lequel "les alliances tribales sont plus importantes que quoi que ce soit d'autre", affirme ce consultant en politique, auteur d'un livre sur l'attentat libyen contre un avion de ligne américain, en 1988 à Lockerbie en Ecosse.

"L'avenir dépendra de la façon dont ces tribus peuvent tenir ensemble", poursuit-il, pointant un risque de sécession à l'Est.

L'expert américain Robert Danin n'écrit pas autre chose sur le site du Conseil des relations étrangères (CFR) : "Bien peu regretteraient que Kadhafi quitte la scène, mais cela créerait aussi un énorme vide de pouvoir. Bien malin qui peut dire ce qui pourra unir ce pays, dans lequel l'identification nationale est faible, et où prévalent les affinités tribales et claniques".

Le manque d'institutions, délibérément entretenu par le dictateur depuis 42 ans, est un autre handicap.

"La Tunisie et l'Egypte étaient aussi des dictatures, mais avec une Constitution, un Parlement, des élections et un semblant de démocratie", note pour l'AFP un porte-parole de la Ligue libyenne des droits de l'homme, un groupe basé à Genève.

"Tout ceci est étranger à la Libye, ce qui rendra le défi un peu plus difficile", admet ce responsable qui ne souhaite pas être cité nommément.

Des "craintes infondées", juge pourtant l'avocat algérien basé à Londres Saad Djebbar, qui mise sur "la jeune génération".

Les jeunes qui ont défilé à Tripoli et Benghazi, dit-il à l'AFP, sont branchés sur Facebook et Twitter comme ceux du Caire ou de Tunis: "La jeune génération fait partie d'un ordre universel, celui dans lequel on veut que l'Etat de droit soit respecté, que les sociétés soient ouvertes et qu'il y ait une bonne gouvernance".

"Ils regardent la télé satellitaire, ils regardent comment Obama a été élu, comment les gens parlent et se réunissent sans crainte", continue M. Djebbar, qui a participé à des tables rondes de l'institut Chatham House.

Mouammar Kadhafi a menacé du vide et d'une balkanisation de la Libye s'il quittait le pouvoir, rappelle-t-il. Mais "dans l'est du pays, les jeunes scandaient dans la rue que +la Libye est une seule tribu, un seul Etat+".

"Il ne fait guère de doute que la Libye, même sans M. Kadhafi, restera un endroit désordonné et peut-être violent", tranche The Economist dans un éditorial vendredi.

L'hebdomadaire britannique souligne toutefois, pour équilibrer la balance, que le pays, l'un des principaux producteurs africains de pétrole, dispose de réserves étrangères évaluées à 140 milliards de dollars, et que "des exilés plein de talent veulent revenir".

Et estime le journal, le "traumatisme" causé par le long règne de Kadhafi "pourrait avoir forgé une identité bien plus sincère, venant du fond du coeur, qu'elle ne l'était autrefois".

Le face à face continue entre Kadhafi et l'opposition, premières sanctions

TRIPOLI (AFP)

AFP

Rassemblement anti-Kadhafi à Benghazi, deuxième ville de Libye, aux mains des insurgés, le 25 février 2011

Le face à face perdure samedi en Libye où la détermination des opposants à chasser le colonel Mouammar Kadhafi du pouvoir ne faiblissait pas, celui-ci tenant toujours la capitale Tripoli.

Alors que la région orientale pétrolifère est aux mains de l'opposition armée qui met en place une nouvelle administration, des tirs ont de nouveau été entendus dans certains quartiers de Tripoli durant la nuit.

"L'électricité a été coupée (hier soir) et n'est pas revenue depuis", a déclaré un habitant joint par téléphone. "Nous étions terrifiés. Nous pensions qu'ils préparaient une attaque. Nous avons pris tout ce qui pouvait servir d'armes et nous avons gardé la porte de la maison", a-t-il ajouté.

Mais dans d'autres quartiers de la capitale, où l'électricité n'a pas été coupée, la nuit a été calme, selon un journaliste de l'AFP.

AFP

Réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur la Libye, le 25 février 2011 à New York

Sur le terrain diplomatique, la pression s'accentuait au 12e jour de l'insurrection. Le président américain Barack Obama a signé un décret gelant les avoirs et bloquant les biens aux Etats-Unis du colonel Kadhafi et de ses quatre fils.

"Le régime de Mouammar Kadhafi a bafoué les normes internationales et la morale élémentaire, il doit être tenu responsable", a estimé le président Obama dans un communiqué de la Maison Blanche.

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit reprendre ses consultations samedi à 16H00 GMT. Un projet de résolution évoque des sanctions telles qu'un embargo sur les armes, un autre embargo sur les voyages du colonel Kadhafi et un gel de ses avoirs, selon des diplomates.

AFP/LIBYAN TV

Le colonel Mouammar Kadhafi, place Verte à Tripoli, le 25 février 2011.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a déclaré vendredi soir, à l'issue d'une précédente réunion, que le Conseil de sécurité devait prendre au plus vite "mesures décisives".

Le projet de résolution du Conseil de sécurité prévient en outre Mouammar Kadhafi que les violences pourraient être considérées comme des crimes contre l'humanité, selon des diplomates.

L'Union européenne a déjà décrété un embargo sur les armes, ainsi que des gels d'avoirs et des interdictions de visas à l'encontre de Mouammar Kadhafi et de ses proches.

Le bilan des violences qui secouent le pays restait difficile à évaluer samedi. Les morts se compteraient par milliers, selon l'ambassadeur adjoint de la mission libyenne à l'ONU, Ibrahim Dabbashi, qui a fait défection, tandis que d'autres sources évoquaient entre 300 et plus d'un millier de tués.

Critiqué à l'étranger, attaqué de toutes parts par une opposition armée qui contrôle désormais plusieurs villes, M. Kadhafi a pris la parole vendredi soir pour la première fois en public depuis le début la révolte, devant une foule de plusieurs centaines de partisans dans le centre de Tripoli.

"Nous allons nous battre et nous les vaincrons", a-t-il lancé. "S'il le faut, nous ouvrirons tous les dépôts d'armes pour armer tout le peuple", a-t-il menacé.

Le peuple libyen "aime Kadhafi", a-t-il affirmé, demandant à ses partisans de se préparer à "défendre la Libye".

Ses partisans, qui agitaient le drapeau vert de la Libye, brandissaient des portraits à son effigie et scandaient "Dieu, Mouammar, Libye et c'est tout".

Le pouvoir libyen semblait cependant de plus en plus isolé, après avoir été lâché par ses pairs arabes et plusieurs proches et diplomates, dont les ambassadeurs libyens à Paris, Lisbonne, Genève et à l'Unesco, ainsi que Kadhaf al-Dam, proche conseiller et cousin de M. Kadhafi. L'ambassadeur de Libye à l'ONU, Mohammed Shalgham, a également fait défection.

Vendredi, les forces pro-Kadhafi, déployées autour de mosquées de la capitale pour empêcher les protestations, ont tiré sur des manifestants.

Dans l'est de la ville, au moins deux manifestants ont été tués par des pro-Kadhafi dans le quartier populaire de Fachloum, selon un témoin. Dans ce quartier, tout comme dans celui de Ben Achour, des témoins ont signalé des "tirs nourris sur tous ceux qui se (trouvaient) dans la rue".

"Les forces de l'ordre ont ouvert le feu sur des manifestants sans distinction. Il y a des morts dans les rues de Soug Al-Jomaa", a déclaré un autre habitant.

Des centaines d'autres personnes ont manifesté contre le régime dans le quartier de Tajoura. Et des tirs nourris ont été entendus à Ghout Achaal, dans l'ouest de la ville. La télévision libyenne, citant des sources médicales, a néanmoins démenti qu'il y ait eu des morts à Tripoli.

Faute de pouvoir assurer la sécurité de leurs diplomates, les Etats-Unis ont suspendu le fonctionnement de leur ambassade. Face au chaos, les évacuations des différents ressortissants étrangers continuaient dans des conditions difficiles.