26 février, 2011

Libye: Kadhafi inflexible, l'opposition veut un gouvernement de transition

BENGHAZI (Libye) (AFP)

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Une manifestante libyenne anti-Kadhafi brandit l'ancien drapeau national à Benghazi, le 26 février 2011

Le leader libyen Mouammar Kadhafi s'accroche au pouvoir dimanche malgré la pression de la rue, les sanctions de l'ONU et les appels à la démission des Occidentaux, alors que l'opposition prépare un gouvernement de transition dans l'est de la Libye.

Au 13e jour d'une révolte sans précédent, le colonel Kadhafi ne montre aucun signe qu'il va lâcher un pouvoir qu'il détient depuis près de 42 ans.

Un de ses fils, Seif Al-Islam, longtemps présenté comme son successeur probable, a affirmé samedi soir que la situation était "excellente" dans les trois-quarts du pays, tout en reconnaissant une "volonté intérieure de changement" exprimée par des manifestants "manipulés par l'étranger".

Mais rien ne dit qu'un gel des avoirs du clan Kadhafi à l'étranger, une interdiction de voyager et un embargo sur les ventes d'armes à la Libye suffira à infléchir la politique de répression du guide de la révolution libyenne.

Le président américain Barack Obama pourtant insisté en déclarant que Mouammar Kadhafi avait perdu toute légitimité à la tête du pays et qu'il devait "partir maintenant".

L'opposition armée contrôle l'est du pays, mais la situation est plus confuse concernant les villes proches ou entourant Tripoli.

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Ibrahim Dabbashi, représentant adjoint du Libye à l'ONU et qui a rompu avec le régime, le 26 février 2011 au Conseil de sécurité, à New York

A Benghazi, 2e ville du pays d'où était partie la contestation à 1.000 km à l'est de la capitale, l'opposition s'organise et attend que Tripoli se "libère" à son tour.

L'ancien ministre de la Justice, Mustafa Abdel Jalil, qui a démissionné pour protester contre la répression de la révolte, envisage la création d'un gouvernement de transition chargé principalement de préparer des élections.

Le gouvernement envisagé comptera "des personnalités militaires et civiles. Il sera en place pour trois mois maximum. Ensuite, il y aura des élections justes et les gens pourront choisir leur dirigeant", a-t-il affirmé.

M. Abdel Jalil a exclu toute négociation avec M. Kadhafi pour lui permettre éventuellement de quitter le pays, affirmant que le dirigent libyen devait être jugé en Libye.

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Des parachutistes de l'armée libyenne ralliés au soulèvement contre le colonel Kadhafi, le 26 février 2011 à Benghazi

A Tripoli, seuls circulaient les miliciens du colonel Kadhafi, à bord de 4X4. Les habitants s'aventuraient parfois dans les rues pour acheter du pain ou se rendre dans les stations-service. "A part cela, les gens sont terrés chez eux", a déclaré un habitant joint par téléphone.

Des chars sont déployés sur les routes conduisant à Tripoli et en contrôlent l'accès, selon cet habitant.

A l'est de Tripoli, des "mercenaires" à la solde du régime ont été héliportés à Misrata (150 km de Tripoli), où ils ont ouvert le feu samedi sur le bâtiment de la radio locale et sur des manifestants se rendant aux funérailles de victimes des combats de ces derniers jours, selon un habitant, partisan de l'opposition, joint par téléphone.

Dans son interview, Seif Al-Islam a qualifié de "mensonge" les informations sur la présence de mercenaires à la solde du régime.

Le bilan des violences restait difficile à évaluer. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a parlé d'un millier de morts.

Le "guide" libyen a pris la parole vendredi soir devant une foule de plusieurs centaines de partisans dans le centre de Tripoli pour proclamer à propos des rebelles: "Nous allons nous battre et nous les vaincrons".

Face au chaos, les évacuations des différents ressortissants étrangers continuaient dans des conditions difficiles. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont déjà quitté le pays par air, par mer, et via les frontières tunisienne et égyptienne.

Faute de pouvoir assurer la sécurité de leurs diplomates, les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont suspendu les activités de leur ambassade

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