26 février, 2011

Le face à face continue entre Kadhafi et l'opposition, premières sanctions

TRIPOLI (AFP)

AFP

Rassemblement anti-Kadhafi à Benghazi, deuxième ville de Libye, aux mains des insurgés, le 25 février 2011

Le face à face perdurait samedi en Libye où la détermination des opposants à chasser le colonel Mouammar Kadhafi du pouvoir ne faiblissait pas, celui-ci tenant toujours la capitale Tripoli.

Sur le terrain diplomatique, la pression s'accentuait au 12e jour de l'insurrection. "Il semble que "Kadhafi ne contrôle plus la situation", a estimé le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, critiqué dans le passé pour avoir reçu avec faste le dirigeant libyen.

Alors que la région orientale pétrolifère est aux mains de l'opposition armée qui met en place une nouvelle administration, des tirs ont de nouveau été entendus dans certains quartiers de Tripoli durant la nuit.

"L'électricité a été coupée (hier soir) et n'est pas revenue depuis", a déclaré un habitant joint par téléphone dans la matinée. "Nous étions terrifiés. Nous pensions qu'ils préparaient une attaque", a-t-il ajouté.

AFP

Réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur la Libye, le 25 février 2011 à New York

Mais dans d'autres quartiers de la capitale, où l'électricité n'a pas été coupée, la nuit a été calme, selon un journaliste de l'AFP. Les hôtels de luxe de Tripoli ont fermé ou ont évacué leur personnel. Au marché noir, le dollar s'échangeait à 2 dinars libyens (contre 1,3 il y a 10 jours).

A 1.000 km plus à l'est, l'opposition continue de s'organiser et rêve de voir Tripoli se libérer.

"Nous coordonnons les comités des villes libérées et de Musratha. Nous attendons que Tripoli en finisse avec le régime de Kadhafi et de ses fils et ensuite, nous travaillerons à un gouvernement de transition", a déclaré à l'AFP Abdelhafiz Ghoqa, le porte-parole de la "Coalition révolutionnaire du 17 février".

AFP/LIBYAN TV

Le colonel Mouammar Kadhafi, place Verte à Tripoli, le 25 février 2011.

"Il y a des volontaires partent tous les jours pour Tripoli" pour se battre, a-t-il ajouté, soulignant que de nouveaux officiers faisaient défection et rejoignaient les forces anti-Kadhafi.

Vendredi, Barack Obama a signé un décret gelant les avoirs aux Etats-Unis du colonel Kadhafi et de ses quatre fils. "Le régime de Mouammar Kadhafi a bafoué les normes internationales et la morale élémentaire, il doit être tenu responsable", a estimé le président américain dans un communiqué de la Maison Blanche.

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit reprendre ses consultations samedi à 16H00 GMT. Un projet de résolution évoque des sanctions telles qu'un embargo sur les armes, un autre embargo sur les voyages du colonel Kadhafi et un gel de ses avoirs, selon des diplomates.

L'ambassadeur libyen à l'ONU, Mohammed Shalgham, qui était resté jusqu'alors loyal au colonel Kadhafi, a parlé d'"exactions". "Sauvez la Libye. Qu'il n'y ait pas d'effusion de sang, pas de tueries (...). S'il vous plaît, s'il vous plaît, adoptez une résolution courageuse", a-t-il déclaré à l'ONU d'une voie émue, comparant Mouammar Kadhafi à Pol Pot et Adolf Hitler.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a déclaré vendredi soir, à l'issue d'une précédente réunion, que le Conseil de sécurité devait prendre au plus vite "mesures décisives".

Le projet de résolution avertit en outre Mouammar Kadhafi que les violences pourraient être considérées comme des crimes contre l'humanité, selon des diplomates.

Le bilan de ces violences restait difficile à évaluer samedi. Le secrétaire général de l'ONU a parlé d'un millier de morts.

Critiqué à l'étranger, attaqué de toutes parts par une opposition armée qui contrôle désormais plusieurs villes, M. Kadhafi a pris la parole vendredi soir pour la première fois en public depuis le début la révolte, devant une foule de plusieurs centaines de partisans dans le centre de Tripoli.

"Nous allons nous battre et nous les vaincrons", a-t-il lancé. "S'il le faut, nous ouvrirons tous les dépôts d'armes pour armer tout le peuple", a-t-il menacé.

Ses partisans, qui agitaient le drapeau vert de la Libye, brandissaient des portraits à son effigie et scandaient "Dieu, Mouammar, Libye et c'est tout".

Le pouvoir libyen semblait cependant de plus en plus isolé, lâché par ses pairs arabes et plusieurs proches et diplomates, dont les ambassadeurs libyens à Paris, Lisbonne, Genève et à l'Unesco, ainsi que Kadhaf al-Dam, proche conseiller et cousin de M. Kadhafi.

Vendredi, les forces pro-Kadhafi, déployées autour de mosquées de la capitale pour empêcher les protestations, ont tiré sur des manifestants.

Dans l'est de la ville, au moins deux manifestants ont été tués par des pro-Kadhafi dans le quartier populaire de Fachloum, selon un témoin. Dans ce quartier, tout comme dans celui de Ben Achour, des témoins ont signalé des "tirs nourris sur tous ceux qui se (trouvaient) dans la rue".

"Les forces de l'ordre ont ouvert le feu sur des manifestants sans distinction. Il y a des morts dans les rues de Soug Al-Jomaa", a déclaré un autre habitant.

Faute de pouvoir assurer la sécurité de leurs diplomates, les Etats-Unis ont suspendu le fonctionnement de leur ambassade. Face au chaos, les évacuations des différents ressortissants étrangers continuaient dans des conditions difficiles. Un navire transportant 2.000 Chinois évacués de Benghazi a accosté à Malte. Un autre transportant près de 3.000 Chinois s'est ancré en Crète.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire