26 février, 2011

Côte d'Ivoire : la violence s'étend à Yamoussoukro et à l'ouest du pays

Des centaines de personnes ont dû fuire leur maison en raison des incidents à Abidjan, le 25 février 2011.
Des centaines de personnes ont dû fuire leur maison en raison des incidents à Abidjan, le 25 février 2011.
REUTER/Luc Gnago
Par RFI

En Côte d’Ivoire, les foyers de tension se multiplient. Après Abidjan qui, depuis une semaine, est en ébullition, la violence s’est étendue le 25 février à la capitale politique Yamoussoukro et à l’ouest du pays. Par ailleurs, Charles Blé Goudé a appelé le même jour les jeunes patriotes à bloquer la circulation des véhicules de l’Onuci, et un couvre-feu nocturne sur l’ensemble du pays a été une nouvelle fois instauré pour tout le week-end.

Avec nos envoyés spéciaux à Abidjan,

Notre dossier spécial : Crise en Côte d'Ivoire
A l’ouest de la Côte d’Ivoire, un front est désormais ouvert et selon des sources concordantes les FN, les Forces nouvelles ont effectué une percée vers le Sud. D’après nos informations, le 25 février dans l’après-midi, elles étaient positionnées à une quinzaine de kilomètres de Toulepleu, une ville située à quelques encablures de la frontière libérienne. La reprise des hostilités militaires dans cette zone a provoqué l’exode de milliers de civils.

A Abidjan, également, ils étaient vendredi des milliers à fuir leur domicile. Dans la matinée, un flot humain quittait Abobo et ses combats pour se réfugier dans d’autres communes de la métropole ivoirienne. Si à Abobo, fief d’Alassane Ouattara, la journée a été calme, ce ne fut pas le cas à Yopougon, bastion de Laurent Gbagbo. Des jeunes des deux camps ont incendié des véhicules et ont échangé quelques jets de pierre.

Le mot d’ordre de Charles Blé Goudé a eu ses premières répercussions sur le terrain puisque des jeunes patriotes ont fait le siège d’une caserne de casques bleus à Abidjan.
Vendredi après midi, Yamoussoukro était une ville morte, un calme précaire régnait dans la capitale politique et chacun craignait une reprise des affrontements mortels entre jeunes pro-Outtaradu et forces de l’ordre.

Enfin, la bataille s’est également transportée sur le terrain de la communication. La transmission des SMS a été coupée et les journaux favorables au RHDP se sont vus infliger des sanctions financières ou des suspensions de parution.

Par ailleurs, les forces de l'ordre, fidèles au président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, ont accusé hier soir la mission de l'ONU dans le pays d'avoir tué un policier lors d'un incident à Daloa. Pour le porte-parole de l'Onuci, « tout ceci n'est que fiction ». Contacté par l'envoyé spécial de RFI à Abidjan, Hamadoun Touré a expliqué que le domicile de membres du personnel de l'Onuci avait été pillé à Daloa, mais que les forces de l'ONU en Côte d'Ivoire n'ont tiré sur personne.


Avec nos envoyés spéciaux à Abidjan,

Vendredi, des milliers d’habitants d’Abobo fuyaient leur domicile , conséquence des affrontements quasi quotidiens entre Forces de défense et de sécurité et un commando d’insurgés, à Abidjan,

C’est un exode de quelques kilomètres mais à durée indéterminée. Un baluchon sur la tête, une valise à la main, ils sont des milliers à fuir Abobo. Dans cette commune rebaptisée Bagdad, les quelques taxis collectifs étaient pleins et les routes remplies de voyageurs au cœur lourd.

Marius habite « le cœur du volcan », le quartier de PK18. Il témoigne :

« Maintenant je me rends chez une de mes tantes jusqu’à cela se calme ici pour qu’on puisse revenir, sinon… Jusque là, on était obligé de quitter si on ne veut pas prendre des balles perdues. Actuellement, au moment où je vous parle, l’eau est coupée. Cela fait deux jours que je n’ai pas rien mangé. Ce n’est qu’aujourd’hui que je me suis lavé. J’ai revu les rebelles (…) avec les armes en main, on ne peut rien faire. Les rebelles sont en civil. Cela va être difficile même pour les FDS de les démasquer ». Dans son départ, Marius n’a emporté que quelques vêtements. « Ils m’ont tout pris, le peu d’argent que j’avais, et mon portable», ajoute-t-il.

Tous les habitants d’Abobo, loin s’en faut, n’ont pas la même aversion pour le commando d’insurgés. En revanche, ici, que l’on soit pro-Gbagbo ou pro-Ouattara, il y a un sentiment en partage, c’est la peur.

« Tous les habitants d’Abobo, dit l’un d’entre eux, nous sommes très effrayés ces derniers jours. Car franchement il y a des tirs n’importe comment. On ne sait pas d’où cela provient. On a donc beaucoup peur. Mais je ne suis pas parti parce que j’ai mes enfants là, je ne sais pas où partir. Sinon, si j’avais la possibilité de me déplacer avec ma famille, je l’aurais fait ».

A Abobo comme dans d’autres localités, les communautés se regardent désormais avec suspicion. En s’éternisant, la crise politique menace de faire éclater la mosaïque ethnique ivoirienne.

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