18 avril, 2011

Burkina: Luc-Adolphe Tiao, ambassadeur à Paris, nommé Premier ministre

OUAGADOUGOU - L'ambassadeur du Burkina Faso à Paris, Luc-Adolphe Tiao, a été nommé lundi soir par décret Premier ministre en remplacement de Tertius Zongo, limogé vendredi à la suite de mouvements de contestation dans tout le pays, en particulier de soldats.

Ce journaliste de formation, âgé de 56 ans, ancien directeur du quotidien d'Etat Sidwaya et président du Conseil supérieur de la communication, n'avait jamais occupé de poste ministériel auparavant.

Il va être chargé de former un nouveau gouvernement qui devra tenter de mettre un te

rme aux divers mouvements de contestation, souvent violents, notamment de soldats et de jeunes, qui touchent le Burkina Faso depuis deux mois.

Le président Blaise Compaoré avait dissout vendredi le gouvernement de M. Zongo au lendemain de nouvelles mutineries de soldats au sein de sa propre garde présidentielle. Il avait également remplacé les principaux chefs de l'armée et instauré un couvre-feu.

Autant de mesures qui n'ont jusqu'alors pas réussi à faire baisser la tension, le pays ayant été depuis touché par de nouvelles mutineries et manifestations violentes.

(©AFP /

Nigeria: Goodluck Jonathan proclamé vainqueur de la présidentielle

ABUJA - La victoire du sortant Goodluck Jonathan à la présidentielle du Nigeria a été confirmée officiellement lundi soir par le chef de la Commission électorale nationale, Attahiru Jega.

"Goodluck E. Jonathan du PDP (Parti démocratique du peuple), ayant satisfait aux exigences de la loi et remporté le plus grand nombre de suffrages, est déclaré vainqueur et élu", a-t-il annoncé dans une déclaration officielle depuis Abuja.

Les résulats des 36 Etats de la fédération nigérianne, plus la capitale fédérale Abuja, donnent 22 millions de voix au sortant contre 12 millions au deuxième, un ancien chef de junte militaire, Muhammadu Buhari, selon la Commission.

(©AFP

Méditerranée: plus de 40 espèces de poisson risquent de disparaître

Plus de quarante espèces de poissons en Méditerranée risquent de disparaître ces prochaines années en partie en raison de la surpêche, selon la première étude de l'Union mondiale pour la nature (UICN) pour la région publiée lundi. Parmi les 15 espèces les plus menacées, 14 sont des requins et des raies.

"Sur les 519 espèces et sous-espèces de poissons marins indigènes inclus dans cette évaluation régionale, plus de 8% (43 espèces) ont été classées dans les catégories menacées (en danger critique, en danger ou vulnérable)", explique le rapport de l'UICN.

"Parmi les 15 espèces les plus menacées (en danger critique), 14 sont des requins et des raies", poursuit le document. De même, parmi les 13 espèces considérées "en danger", 9 sont des requins et des raies. Et parmi les 15 espèces répertoriées comme "vulnérables", 8 sont des requins et 7 appartiennent à la famille des poissons osseux.

Dans son étude, l'UICN explique que "l'utilisation d'engins de pêche, comme les lignes de pêche, les filets maillants de fond ou le chalutage, et l'utilisation illégale de filets dérivants impliquent que des centaines d'animaux marins sans valeur commerciale sont capturés".

En conséquence, ces pratiques menacent "de nombreuses espèces de requins, raies et autres poissons, ainsi que d'autres animaux marins dont les dauphins, les baleines, les tortues et les oiseaux".

"La population du thon rouge (Thunnus thynnus) en Méditerranée est particulièrement préoccupante. Il y a eu une baisse d'environ 50% du potentiel de reproduction de cette espèce au cours des 40 dernières années", a déploré le coordonnateur du rapport, Ken Carpenter, cité dans un communiqué.

"Le manque de conformité avec les quotas actuels (de pêche, ndlr) combinée avec la sous-déclaration généralisée des captures peuvent avoir sapé les efforts de conservation de cette espèce en Méditerranée", a-t-il critiqué.

Très prisé pour les sushis, le thon rouge a été longtemps surpêché, selon les scientifiques.

(ats /

Burkina Faso : Blaise Compaoré sur le fil après 24 ans de règne

tv5.orgAprès l'Afrique du Nord, d'autres États plus au sud sont secoués par des des révoltes de la faim et de la frustration. Depuis plusieurs jours, des émeutiers, souvent jeunes, s'en prennent aux symboles gouvernementaux du Burkina Faso, l'ancienne Haute Volta sous protectorat français jusqu'en août 1960. L'actuel président burkinabé était arrivé au pouvoir voilà 24 ans, après un coup d'État. À 60 ans, Blaise Compaoré, l'un des plus anciens chefs d'État africains, subit à son tour la colère de son peuple. Portrait.
Ouagadougou, 20 décembre 2010 : Blaise Compaoré prononçant son discours d'investiture au Palais des sports de Ouaga 2000.
19.04.2011Par Laure ConstantinescoCelui qu'on surnomme le « beau Blaise » n'a pas le charisme de son prédécesseur, Thomas Sankara, le « Che africain ». L'instigateur de la révolution burkinabée du 4 août 1983 et premier président de la République est une figure africaine encore révérée aujourd'hui, comme en témoigne ce site à sa gloire.

ETERNEL NUMERO DEUX

À ses côtés, son compagnon de route et ami Blaise Compaoré est vu comme l'éternel numéro deux, comme l'explique Semba Diallo, du Journal du Jeudi, hebdomadaire burkinabé satirique, sur SlateAfrique : « Pour certains observateurs des années 80, il n’est qu’un "second rôle" insipide à côté de Sankara, président du Conseil national de la révolution. Pour d’autres, il est la marionnette contre-révolutionnaire d’un Houphouët-Boigny pro-français que ce CNR démangeait.»

Mais le 15 octobre 1987, Blaise Compaoré va avoir le premier rôle. C'est le « Jeudi noir ». Le président Thomas Sankara est assassiné lors d'un coup d'Etat que son "éternel second" a organisé. Compaoré parle d'un « accident ». Plusieurs jours plus tard, le père du « pays des hommes intègres » est déclaré « décédé de mort naturelle » par un médecin militaire. Ces thèses sont peu crédibles. L'absence de tout procès ou de toute enquête de la part du gouvernement burkinabé sera finalement condamnée en 2006 par le Comité des droits de l’homme des Nations unies.

Interview de Blaise Compaoré une semaine après sa prise de pouvoir, le 15 octobre 1987.

Après sa prise de pouvoir sanglante, Compaoré déclare que Sankara a « trahi l'esprit de la révolution » et engage une politique de « rectification de la Révolution ». En clair, il apaise les relations tendues avec son voisin la Côte d'Ivoire, ainsi qu'avec la France. En 1991, il restaure la IVème République et devient président. L'élection est boycottée par l'opposition.

DEUX FACETTES

En 1998, il est réélu une première fois. Quelques jours après le scrutin, le journaliste Norbert Zongo, fondateur de L'Indépendant, est assassiné. Le journaliste avait enquêté sur la mort de David Ouédraogo, le chauffeur de François Compaoré, frère du chef de l'État et conseiller à la présidence. Douze ans près la mort de Thomas Sankara, l'affaire ébranle le pays. C'est la première fois que le pouvoir de Compaoré est réellement menacé. Un non-lieu est finalement prononcé. « Ni Blaise Compaoré ni son frère n'ont été inquiétés », dénonce l'association Reporters sans frontières.

Compaoré est encore réélu en 1998 puis en 2005 : en face de lui, se sont présentés pas moins de 16 partis de l'opposition, incapables de s'entendre pour former une coalition.

Ces dernières années, le président burkinabé cultivait une image de « facilitateur ». Il a été médiateur de la CEDEAO plusieurs fois, dans la gestion de crises de différents pays d'Afrique de l'Ouest : Togo, Niger, ou encore Côte d'Ivoire. Cela lui aurait-il nuit ? s'interroge Damien Glez, dessinateur pour le Journal du Jeudi, sur SlateAfrique : « Compaoré n’est-il aujourd’hui qu’un super ministre des Affaires étrangères loin des réalités de son peuple ? »

Blaise Compaoré a été réélu quatre fois avec plus de 80% des voix depuis son arrivée au pouvoir en 1987। Son mandat en cours, entamé en novembre 2010, doit théoriquement s'achever en 2015, selon l’article 37 de la Constitution. Théoriquement, car son parti parle déjà d'une modification du texte. Une boulimie de pouvoir qui révolte les Burkinabés.


Les revenus du couple présidentiel Obama divisés par trois en 2010

AFP/Archives

Barack et Michelle Obama à l'entrée de l'Air Force One, le 23 mars 2011 à San Salvador

Les revenus de Barack Obama et son épouse Michelle ont été divisés par trois en 2010, les livres du président s'étant moins bien vendus que l'année précédente, selon la feuille d'impôts de la "première famille" américaine publiée lundi.

M. et Mme Obama ont déclaré des revenus de 1,72 million de dollars au titre de l'année 2010 après déductions, contre 5,5 millions en 2009.

Le salaire présidentiel s'établissant à 395.000 dollars annuels, "la grande majorité des revenus de la famille vient de la vente des livres du président", a souligné la Maison Blanche en mettant en ligne cette feuille d'impôts sur le site internet officiel de la présidence.

Mais ces droits d'auteur ont fondu en 2010, puisqu'ils se sont élevés à 1,38 million de dollars, contre 5,2 millions l'année précédente.

Les revenus de M. et Mme Obama en 2010 sont même tombés en dessous des niveaux de 2008, quand ils n'étaient pas encore entrés à la Maison Blanche: ils avaient alors déclaré 2,65 millions de dollars au fisc.

Mme Obama n'exerce pas d'activité rémunérée.

M. Obama, qui est logé, protégé et transporté aux frais du contribuable mais acquitte lui-même les frais de bouche personnels de sa famille, est l'auteur de deux livres à succès: "Les rêves de mon père" et "L'audace d'espérer", qui se sont arrachés en librairie pendant sa campagne de 2007-2008 et au début de son mandat.

Il a aussi écrit un ouvrage pour enfants sorti l'année dernière, "Of thee I sing", promettant d'en reverser les droits à des organisations caritatives.

Alors que M. Obama et ses alliés démocrates sont engagés dans un débat houleux avec les républicains dominant la Chambre des représentants sur la taxation des Américains les plus aisés, M. Obama répète à l'envi qu'il préfèrerait payer davantage d'impôts.

En 2010, lui et son épouse ont acquitté plus de 500.000 dollars d'impôts fédéraux et locaux, ces derniers étant versés dans l'Illinois (nord), l'Etat où se trouve leur maison familiale, à Chicago.

Selon la Maison Blanche, les Obama ont versé quelque 245.000 dollars à des organisations caritatives en 2010.

La Libye garantit "un passage sûr" à des équipes humanitaires

NEW YORK (Nations unies) - Le gouvernement de Mouamar Kadhafi a garanti "un passage sûr" à des équipes internationales humanitaires dans les zones qu'il contrôle et autorisé l'envoi d'une mission de l'ONU dans la ville assiégée de Misrata, ont indiqué lundi des responsables de l'ONU.

Ces dispositions font partie d'un accord garantissant à des équipes humanitaires un accès à Tripoli et d'autres villes de Libye trouvé dimanche lors du séjour à Tripoli de la secrétaire générale adjointe pour la coordination humanitaire Valerie Amos, a expliqué le porte-parole adjoint de l'ONU Fahran Haq.

"Le gouvernement libyen a donné son accord pour faciliter une présence humanitaire à Tripoli. Ils (les Libyens) ont donné leur accord pour faciliter la livraison d'équipements pour des équipes internationales et ont également autorisé l'entrée d'équipes internationales", a-t-il dit.

"Le gouvernement libyen a dit qu'il assurerait un accès sans encombre par les frontières libyennes jusqu'à Tripoli et qu'il assurera un passage en sécurité des employés humanitaires vers les zones où le gouvernement libyen les contrôle", a-t-il ajouté.

Le gouvernement libyen a également donné son accord pour laisser une mission du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU se rendre dans la ville de Misrata tenue par les rebelles mais assiégée depuis plusieurs semaines, a dit Stephanie Bunker, porte-parole de l'ONU pour les affaires humanitaires.

De sources médicales, on indique que plusieurs centaines de personnes sont mortes dans cette ville de l'ouest de la Libye depuis que la bataille pour son contrôle a débuté en février.

"Nous voulons évaluer la situation et déterminer les besoins avec nos propres yeux", a dit Mme Bunker à l'AFP.

(©AFP /

Nigeria: Goodluck Jonathan proclamé vainqueur de la présidentielle

LAGOS (Nigeria) - La victoire du sortant Goodluck Jonathan à la présidentielle du Nigeria a été confirmée officiellement lundi soir par le chef de la commission électorale nationale, Attahiru Jega.

(©AFP

Nigeria: Goodluck Jonathan assuré d'être élu - Heurts dans le nord

Le dirigeant sortant Goodluck Jonathan a vu sa victoire pour la présidence du pays officiellement confirmée lundi. Il remporte le scrutin avec dix millions de voix d'avance. Mais des émeutes dans le nord ont réveillé les tensions entre chrétiens et musulmans.

Goodluck Jonathan, le chef de l'Etat nigérian à l'éternel chapeau de cowboy, a officiellement remporté lundi soir l'élection présidentielle, selon les résultats définitifs communiqués par la Commission électorale indépendante. Il a obtenu 22,5 millions de voix, 57%, contre 12,2 millions de voix (31%) à son rival, Muhammadu Buhari, un ancien chef de la junte militaire.

Mais la journée de lundi a surtout été marquée par des émeutes dans le nord du pays, à dominante musulmane. La victoire de Jonathan Goodluck, un chrétien du sud, a été mal accueillie dans le nord.

"Des morts ont été signalés", a indiqué un responsable de la sécurité, sans pour autant donner de chiffres. Les divisions régionales et communautaires sont profondes au Nigeria. Les émeutiers ont notamment incendié la maison du vice-président, Namadi Sambo, à Zaria, dans l'Etat de Kaduna, et celle de l'émir de la ville. De nombreux détenus auraient également été libérés.

Les premières violences avaient éclaté dimanche déjà, provoquées par des accusations de fraudes contre le camp du vainqueur. Lundi, la seconde ville du pays, Kano, a été touchée par les heurts, ainsi que d'autres cités notamment dans le centre du pays. A Kano, des foules armées de gourdins et couteaux ont affronté les soldats.

Un stetson sur la tête

Jonathan Goodluck, âgé de 53 ans, faisait face lors de ces élections présidentielles à 19 autres candidats.

Elu vice-président en 2007, ce docteur en zoologie a été propulsé à la présidence de la nation la plus peuplée d'Afrique en mai 2010, après le décès de son prédécesseur Umaru Yar'Adua. Il s'agit du premier chef de l'Etat issu du delta du Niger et le premier à ne pas appartenir à l'une des trois principales ethnies du pays.

(ats /

Nigeria: 15.000 déplacés, 276 blessés dans les violences post-électorales

LAGOS - Les émeutes au Nigeria qui ont éclaté dans le Nord après la présidentielle de samedi ont déplacé plus de 15.000 personnes et fait au moins 276 (BIEN 276) blessés, a annoncé lundi un responsable local de la Croix-Rouge.

"Nous avons assisté plus de 276 personnes que nous avons évacuées dans des hôpitaux. Nous allons fournir des abris à plus de 15.000 déplacés", a déclaré le Dr Abdul Mairiga, coordinateur de la Croix-Rouge nigérianne.

Les émeutes de lundi dans le Nord à dominante musulmane du Nigeria où les résultats de la présidentielle assuraient de la victoire le dirigeant sortant Goodluck Jonathan, un chrétien sudiste, ont aussi fait plusieurs morts, selon un responsable de la sécurité, qui n'a pas donné de chiffre.

Les émeutes ont éclaté en plusieurs endroits du Nord, notamment à Kano (Etat de Kano) où des maisons ont été attaquées et incendiées, et dans l'Etat voisin de Kaduna, a-t-il ajouté.

(©AFP

Irak: 81 blessés, dont 9 par balles, dans une manifestation au Kurdistan

AFP

Des manifestants kurdes irakiens fuient les forces de l'ordre, le 18 avril 2011 à Souleimaniyeh

Quatre-vingt-une personnes ont été blessées, dont neuf par balles, lundi, au second jour de heurts entre manifestants et forces de sécurité à Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan irakien, a indiqué à l'AFP Ricot Hama Rachid, directeur de l'hôpital public.

"Quatre-vingt-une personnes ont été blessées, dont neuf par balles. Des membres des forces de sécurité figurent par les blessés", a dit le médecin.

Les heurts ont eu lieu sur la rue Peeramard, dans le centre de Souleimaniyeh, une ville située à 270 km au nord de Bagdad où des manifestations ont lieu quasi-quotidiennement depuis le 17 février.

Le Dr Rachid avait fait état de 31 blessés dimanche, dont 9 par balles, sur cette même rue.

Les forces de sécurité ont encerclé la rue, ont indiqué des témoins, selon qui ces forces ont mis le feu à un podium pour empêcher les leaders de la contestation d'exprimer leurs revendications.

Le fait de tirer à balles réelles sur les manifestants "ne les arrêtera pas et le gouvernement verra des manifestations encore plus grandes dans les prochains jours", a déclaré à l'AFP Babaker Hussein, membre du parti d'opposition Goran.

Mais selon un porte-parole de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), l'un des deux partis gouvernant le Kurdistan irakien, l'opposition est venue prête à en découdre avec les services de sécurité.

"C'était planifié par les partis d'opposition, et nous connaissions leurs annonces", a dit Azad Jandiyany.

Les manifestants réclament la démission du gouvernement régional, la lutte contre la corruption et des poursuites judiciaires contre les responsables de la mort de trois jeunes manifestants tués en février dans des accrochages avec les forces de sécurité et des gardes du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), l'un des deux grands partis traditionnels du Kurdistan.

Cinq personnes ont été tuées, dont deux policiers, et plus d'une centaine ont été blessées depuis le début des manifestations.

Syrie: sept personnes tuées à Homs par les forces de sécurité

NICOSIE (AFP)

AFP/Syrian Observatory Human rights

Manifestation, le 16 avril 2011 à Banias, en Syrie

Au moins sept personnes ont été tuées dimanche par les forces de sécurité à Homs dans le centre de la Syrie où le mouvement de contestation est entré dans son deuxième mois, ont indiqué des militants de défense des droits de l'Homme.

Nigeria: affrontements à Kano entre soldats et manifestants

KANO (Nigeria) - Des affrontements ont éclaté lundi matin à Kano, principale ville du nord du Nigeria, entre des manifestants et des soldats, a constaté l'AFP, alors que se profilait la victoire à la présidentielle de Goodluck Jonathan, le président sortant, un chrétien du Sud.

Des jeunes ont défié les soldats déployés dans les rues et qui cherchaient à les repousser. Selon un correspondant de l'AFP, les manifestants arrêtaient des voitures pour demander aux conducteurs d'exprimer leur soutien au principal rival de M. Jonathan, l'ancien chef de junte militaire Muhammadu Buhari.

La foule s'en est également pris à deux personnes identifiées par leurs vêtements à des chrétiens, en les frappant à l'aide de bâtons.

Des émeutes ont éclaté dimanche soir dans plusieurs villes de la moitié nord du Nigeria, à majorité musulmane, déclenchées par des accusations de fraudes électorales portées contre le camp du président Jonathan.

(©AFP /

Abidjan entre maintien de l`ordre et tentations de représailles (Reportage)

AFP


Offensive
© AP par DR
Offensive des Forces républicaines: des miliciens faits prisonniers
Photo: groupe de prisonniers capturés lors des combats et des patrouilles de soldats des Forces républicaines, assis sur le tarmac à leur arrivée à un poste de contrôle agissant comme une base d`operation d`une entrée principale à Abidjan
ABIDJAN - "C'est eux! Ils ont brûlé des gens vivants": quatre jeunes hommes en caleçon sont amenés, à coups de lanières, dans une station-service occupée par un détachement de soldats ivoiriens fidèles au nouveau président Alassane Ouattara, dans le nord-ouest d'Abidjan.
Ils ont été arrêtés dans le quartier de Yopougon-Gesco par des hommes des
Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) et sont soupçonnés d'avoir fait
partie des milices du président déchu Laurent Gbagbo, arrêté lundi après plus
de quatre mois de crise et dix jours de combats à Abidjan.
Le quartier de Yopougon était jusque-là considéré comme un bastion de M.
Gbagbo, à la sortie de la ville.
L'un des prisonniers a le dos lacéré et ensanglanté mais les soldats ne se
laissent pas aller à la pitié.
"Ils ont été arrêtés sur les indications des habitants du quartier, ils ont
fait des choses inhumaines, ils ont +braisé+ (brûlé vifs) nos frères",
explique un soldat. Il arbore comme ses camarades une tenue mêlant treillis
militaire, T-shirt et baskets.
"Nous sommes des militaires, notre compétence, c'est d'aller sur le terrain
arrêter les mauvaises graines, nous les confions ensuite à la police. Le reste
n'est pas de notre compétence", raconte le lieutenant Bilmo, ex-officier de
l'armée de l'air entré dans la rébellion en 2002, repérable à son bonnet de
ski.
Deux policiers en civil sont présents. Un bloc-notes à la main, l'un
retranscrit les dépositions des prisonniers dont son adjoint lit les noms sur
leurs cartes d'identité.
"Il faut qu'on ait une idée de ce qu'ils ont fait", souligne le policier,
avant d'entamer l'audition des accusés qui nient toute responsabilité dans les
violences.
"Ils ont frappé à ma porte vendredi, j'ai ouvert en croyant que c'était mon
voisin. Ils ont fouillé ma maison, ils n'ont rien trouvé, mais ils sont
persuadés que j'étais un milicien", assure un prisonnier au crâne rasé, vêtu
d'un caleçon bleu.
Ecoeuré, un soldat veut l'interrompre avant d'être stoppé par ses
supérieurs. "Si cela ne tenait qu'à nous, on les aurait tous tués. Quand on
leur tourne le dos, ils nous tirent dessus ! Mais le président Ouattara a dit
qu'il ne fallait pas les tuer, alors on les a amenés ici", dit le soldat avec
regret.
A quelques mètres de là, une trentaine d'hommes, torse nu, récemment
arrêtés, sont assis les uns à côté des autres dans l'ancien local de vidange
de la station-service, dans une chaleur suffocante.
"Je suis là depuis mercredi, avec 23 copains", témoigne Michel, 23 ans. "On
habite Port-Bouët (quartier sud d'Abidjan), on était sorti de nos maisons au
moment où des gens venaient de piller une banque. Les soldats sont arrivés à
ce moment-là et nous ont arrêtés".
"On est nourri, il n'y a pas de mauvais traitements mais les négociations
pour nous libérer traînent en longueur. Ils nous demandent d'appeler nos
parents pour venir nous chercher", confie-t-il.
"Nous ne sommes pas des miliciens ni des mercenaires", lance son voisin,
Nicolas, 28 ans, qui laisse entendre que certains de ses amis ont été libérés
contre le paiement d'une "amende" par leurs proches. "Ils nous ont confisqué
notre argent, nos portables, nos papiers", se plaint-il.
Une patrouille de deux véhicules civils réquisitionnés par les FRCI, avec
une automitrailleuse, démarre pour aller "sécuriser" un quartier proche.
"Il ne faut pas renverser les rôles, ils ne sont pas innocents, les milices
de Gbagbo ont pillé et tué jusqu'à notre arrivée", tranche un soldat FRCI à la
carrure impressionnante. "On est entré dans la ville pour venger nos morts".

Par Thibauld MALTERRE

Libye: un millier de morts à Misrata en un mois et demi de combats

AFP

Des hommes, dont des médecins, portent le cercueil d'une victime tuée lors de combats à Misrata, le 17 avril 2011

Un millier de personnes ont péri en six semaines dans la ville rebelle assiégée de Misrata, selon des sources médicales, au moment où les combats en Libye marquaient le pas près d'un mois après le début de l'intervention militaire internationale.

"Quatre-vingts pour cent des morts sont des civils", a déclaré lundi l'administrateur de l'hôpital de Misrata, le Dr Khaled Abou Falgha, précisant que les combats incessants depuis la fin février avaient également fait 3.000 blessés.

Dans son lit du service des soins intensifs, le petit Mohammed, 10 ans, se tord de douleur. Ses yeux sont ouverts mais les médecins doutent que l'enfant, touché par un tireur embusqué, reprenne jamais conscience.

"Il a été atteint par une balle à haute vélocité. Elle est entrée par le côté gauche de sa tête et est ressortie de l'autre côté", explique le Dr Abdoul Kather Mouqtar.

Pour la seule journée de dimanche, au moins dix-sept personnes ont été tuées et 71 blessées dans la grande ville côtière située à 200 km à l'est de Tripoli, a-t-on indiqué à l'hôpital.

Le médecin a précisé avoir constaté, depuis la semaine dernière, de graves blessures causées par des bombes à sous-munitions, que les forces kadhafistes emploient depuis jeudi soir, selon les rebelles et l'organisation Human Rights Watch.

AFP

Des rebelles libyens dans la ville d'Ajdabiya le 17 avril 2011

L'emploi de ces armes, prohibées par une convention internationale en raison notamment des dommages qu'elles sont susceptibles de causer aux populations civiles, a nécessité de nombreuses amputations à Misrata, selon le médecin.

L'hôpital a par ailleurs constaté une augmentation du nombre de civils blessés par des balles à haute vélocité tirées par des snipers.

Ces blessures, dont les séquelles sont souvent irréversibles, concernent généralement la tête et le cou, zones du corps visées de préférence par les tireurs embusqués, a précisé un autre praticien, le Dr Abdoul Kather Mouqtar.

Samedi, l'ONG Médecins Sans Frontières a évacué en Tunisie 99 blessés, dont 10 dans un état "critique", par la voie maritime, la seule qui relie la vie assiégée au reste du monde.

Une dizaine de milliers de migrants, notamment égyptiens et nigériens, attendent toujours leur évacuation dans un camp de fortune installé près du port de Misrata, dans des conditions particulièrement précaires, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Jeremy Haslam, chef de la mission de l'OIM dans le pays, a indiqué craindre également un mouvement d'exode de masse des quelque 400.000 habitants libyens de la ville assiégée, qui dépasseraient les capacités logistiques du dispositif mis en place par l'OIM, le Qatar et l'ONG Médecins sans Frontières.

Ailleurs dans le pays, les combats se poursuivaient à Nalout (ouest) et à Ajdabiya (est), noeud de communication stratégique menant vers le fief des rebelles à Benghazi, à 160 km au nord, et vers Tobrouk (à 327 km à l'est), près d'un mois après le début de l'intervention le 19 mars de la coalition internationale.

AFP

Des rebelles libyens posent une mine à la sortie de la ville d'Ajdabiya le 17 avril 2011

Dimanche, les forces loyalistes ont bombardé les environs de Nalout, proche de la frontière tunisienne, selon un témoin.

Environ 3.000 Libyens ont fui samedi les montagnes de l'ouest de leur pays pour rejoindre la Tunisie, a indiqué le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR).

A Ajdabiya, les forces pro-Kadhafi étaient revenues dimanche à moins de 20 km de cette ville, poussant certains rebelles et des habitants à fuir par centaines, selon un journaliste de l'AFP. L'armée a fini par se replier et les rebelles ont gardé le contrôle de la ville.

Pour le régime libyen, "l'implication d'al-Qaïda dans le conflit en Libye est prouvée chaque jour".

AFP

Carte de Libye indiquant les combats en cours dimanche (situation à 15H00 GMT)

"Nous croyons que ce serait très dangereux que ces gens s'installent dans ce pays, contrôlent son avenir et de son immense richesse, à quelques pas de l'Europe", a dit dimanche soir le porte-parole du régime, Moussa Ibrahim, au cours d'une conférence de presse.

La coalition internationale est intervenue le 19 mars, sur mandat de l'ONU, pour mettre un terme à la répression sanglante de la révolte contre le régime autoritaire de Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans. L'Otan a pris les commandes de l'intervention militaire le 31 mars.

Pour le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, il faut "maintenir la pression militaire" en Libye, le départ de Mouammar Kadhafi étant "le but principal" de la coalition.

Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a estimé pour sa part qu'il y avait "un certain risque" que le conflit "puisse durer" parce que le dirigeant libyen et son pays n'étaient pas "totalement prévisibles".

Le Premier ministre britannique, David Cameron, a répété qu'il n'était "pas question d'une invasion ou d'une occupation". "Il ne s'agit pas d'envoyer des soldats sur le terrain", a-t-il asséné, précisant que cette restriction rendait les choses "plus difficiles".

Les troupes de Mouammar Kadhafi ont bombardé la ville rebelle d'Ajdabiya

AJDABIYA, Libye — Les troupes de Mouammar Kadhafi ont bombardé, dimanche, l'est d'Ajdabiya, ville stratégique tenue par les insurgés et ayant été le théâtre d'intenses combats au cours des dernières semaines.

Des bombes ont bruyamment retenti dans la ville durant toute la matinée et provoqué de longues files de voitures, certaines transportant des rebelles, d'autres, des familles, qui s'enfuyaient vers le nord, à travers une tempête de sable, en quête d'un endroit plus sécuritaire.

Selon le combattant Awad Sathi, les rebelles ont répliqué en lançant des roquettes, et les forces gouvernementales n'ont pas pénétré dans la ville.

Ces frappes des troupes de Kadhafi mettent en lumière l'incapacité des rebelles à garder un territoire le long de la route menant, par un désert, à la partie est de la ville, où des semaines de combats n'ont permis à aucune des parties belligérantes d'enregistrer des progrès notables.

De leur côté, les rebelles ont admis ce recul, un jour après avoir affirmé qu'ils avaient atteint les abords de Brega, ville pétrolière se trouvant à environ 100 kilomètres vers l'ouest.

«La situation est difficile, ici, et nous ne savons pas vraiment qui tient quoi», a avoué M. Sathi, dimanche soir.

La semaine dernière, des chars d'assaut et des camionnettes armées du gouvernement ont attaqué Ajdabiya, et certains de ces véhicules ont même pénétré la ville, avant de devoir retraiter à cause de frappes aériennes menées par les forces de l'OTAN.

Mohammed Idris, un membre de la direction d'un hôpital d'Ajdabiya, a indiqué que les forces de Kadhafi semblaient être entrées dans la ville, dimanche matin, bombardant la partie orientale. Des renforts rebelles sont arrivés durant l'après-midi, répliquant avec des roquettes à partir de deux endroits situés aux abords de la ville.

Selon M. Idris, seule une des frappes gouvernementales a atteint la ville, soit des tirs de mortier qui ont frappé un quartier résidentiel laissé à l'abandon.

Aucun combattant mort n'a été transporté à l'hôpital, mais il y a eu quelques cas de blessures mineures, a précisé M. Idris.

Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a rejeté les affirmations d'un haut représentant de l'OTAN voulant que l'organisation manque d'avions. Selon lui, la mission de l'OTAN en Libye fait plutôt face à un manque d'informations sur le terrain.

«Il n'y a pas pénurie d'avions, mais pénurie d'identification d'objectifs mobiles», a expliqué M. Longuet durant une entrevue qui a été publiée, dimanche, dans le quotidien «Le Parisien».

Copyright © 2011 The Canadian Press.

Sécurité électronique : Un plan national de cybersécurité pour le Burkina

La confiance et la sécurité dans l’utilisation des technologies de l’information et de la communication sont essentielles à « l’édification d’une société de l’information inclusive, sûre et universelle ». Pourtant, la croissance rapide des TIC a ouvert aux criminels de nouvelles voies pour exploiter les points faibles des réseaux. Pour réduire les risques d’incidents, l’autorité de régulation des communications électroniques (ARCE) veut doter notre pays d’un plan national de cybersécurité. Dans ce cadre, une étude a été menée conjointement avec l’union internationale des télécommunications (UIT). La restitution de l’étude a eu lieu le vendredi 15 avril 2011 à Ouagadougou.

Réduire la vulnérabilité du cyberespace, mettre en place une structure de gestion des incidents et renforcer la cybersécurité dans le pays ; ce sont entre autres les recommandations faites par l’équipe d’experts ayant dirigé cette étude.

Le cyberespace du Burkina évolue. Les risques d’incidents aussi. « L’infrastructure existe mais ne répond pas aux normes et continue néanmoins à s’étendre », souligne Alain Patrick Aïna, consultant de l’UIT ayant conduit l’étude pour l’élaboration du plan national de cybersécurité du Burkina. Il convient donc de corriger cet état de fait au plus vite. La mise en place d’infrastructures doit être autorisée, authentifié par des institutions spécialisées.

Le déploiement des solutions requiert une législation plus adaptée pour décourager les cybercriminels. Malgré tout, « les incidents vont toujours arriver », reconnait Alain Patrick. Il faut donc pouvoir poursuivre, arrêter et sanctionner les auteurs d’actes criminels afin de limiter les dégâts. Pour cela, le renforcement des capacités de la police et de la gendarmerie s’impose. Entre structures en charge de la mise en œuvre de la sécurité et utilisateurs, la collaboration doit être le maître-mot. Ingénieurs conformes, utilisateurs d’Internet et agent de sécurité doivent travailler en étroite collaboration pour parvenir aux résultats escomptés. Le renforcement des capacités s’avère indispensables à tous les niveaux.

La structure de gestion des incidents qui naîtra de ce plan national de cybersécurité sera publique, mais s’appuiera sur un partenariat public-privé. L’UIT à travers son programme mondial de cybersécurité appuie les pays en développement dans la lutte contre la cybercriminalité. Il se présente donc comme un partenaire sûr. Auparavant elle a organisé en mai 2010 à Ouagadougou un atelier sous-régional de cybersécurité qui a regroupé six pays à savoir le Burkina, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigéria, le Mali et le Sénégal. L’atelier de ce 15 avril s’inscrit donc dans la continuité de l’atelier de mai 2010. « Nous sommes là pour accompagner le Burkina dans la mise en place de son plan national de cybersécurité dont va découler le centre d’éveil pour la cyber sécurité », soutient Ali Drissa Badiel, conseiller principal de l’UIT.

Prévenir et minimiser les attaques des cybercriminels permet de protéger les citoyens, les services gouvernementaux, l’économie, mais aussi préserver la sécurité nationale. « La solution aux problèmes de cybersécurité passe par la mise en place de capacités de veille, d’alerte et de réaction en cas de cyberincident afin de prévoir, détecter et gérer ce type d’incident et d’y remédier », précise le ministre des postes et des technologies de l’information et de la communication, Noël Kaboré à l’ouverture de l’atelier. Le gouvernement du Burkina attend beaucoup des conclusions de cette étude, à en croire les propos de Noël Kaboré, le premier responsable du département des TIC.

Moussa Diallo

Faso-tic.net

Situation nationale : On n’y comprend plus rien

C’est l’histoire d’une vieille sorcière qui a arrêté de manger les enfants au point que de vilains garnements ont l’outrecuidance de venir la narguer jusque dans sa propre cour. Ce qui était impensable il y a encore une quinzaine d’années est en train de se banaliser, au grand dam du président Blaise Compaoré et des populations : les mutineries sont en effet devenues le sport favori des militaires burkinabè. Car après des coups de semonce en 1999, en 2006 et en 2007, comme pour se faire les jambes, la cadence en est devenue infernale au point de donner le tournis à des Burkinabè qui ne savent plus à quel treillis se vouer.

On n’avait pas fini de faire les comptes et mécomptes de leurs précédentes sorties courant mars que la soldatesque a de nouveau rué dans les brancards la nuit du jeudi 14 au vendredi 15 avril 2011 et les jours suivants. Ce coup-ci, c’était pour faire respecter, dit-on, une promesse faite par la hiérarchie, relative aux indemnités de logement.

Les motifs changent mais le modus operandi reste le même : tirs, souvent en l’air, d’armes légères et lourdes ; destructions de biens privés et publics (dont l’incendie du domicile du général Gilbert Djiendéré) : actes de vandalisme sur les commerces et même viols.

Pourquoi faut-il donc que ces mutins, dont les motifs sont parfois défendables quand ils touchent à des revendications corporatistes, s’échinent, à coups de mitraillettes, à desservir leur propre cause, comme si peu leur importait de gagner la bataille de l’opinion ou pas ? Qu’ils s’insurgent contre des chefs rapaces qui coupent les “merdiems” des subalternes, quoi de plus normal et les civils marcheraient même à leurs côtés pour revendiquer leurs droits.

Car après tout, “le civil n’est qu’un militaire en permission” pour reprendre un slogan de la révolution, et tous, nous subissons les affres de la vie chère, ainsi que l’injustice d’une nouvelle race de dirigeants qui a sombré littéralement dans la luxure. Mais qu’est-ce que, diantre, les “civilisés”, notamment les commerçants, ont à voir dans ça ?

Passe encore quand ce sont les autres corps qui se rendent coupables de telles exactions, mais lorsque ce sont les éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) qui entrent dans cette danse macabre, c’est une forme de sacrilège et on n’y comprend plus rien.

Et on imagine Blaise, tel César s’adressant à Brutus quand il découvrit son propre fils adoptif parmi ses assassins : “Tu quoque, fili” : oui, toi aussi, mon fils ! Mais, c’est bien connu, on n’est jamais trahi que par les siens.

Il faut sans doute se garder de penser, juste parce que le président du Faso, la fameuse nuit fatidique, s’est réfugié dans un premier temps à l’ancien palais puis dans sa fazienda de Ziniaré, que le pouvoir est à terre et qu’il suffira au premier courageux de se courber pour ramasser quelque chose qui est dans la rue.

L’avis de vacance de poste à Kosyam est peut-être prématuré. ll n’empêche, le locataire a du souci à se faire s’il ne peut plus faire confiance aux gardiens du temple, qui se rendent eux-mêmes coupables de profanation.

C’est peut-être ça que les politologues désignent savamment sous le vocable “usure du pouvoir”, qui rappelle à ceux qui l’auraient oublié une vieille évidence, en politique ou dans la vie tout court : rien n’est jamais acquis définitivement, et si on excepte les désagréments que le citoyen lambda subit, c’est tant mieux que de telles situations viennent de temps à autre réveiller les insouciants et les vaniteux de la IVe République.

L’enfant terrible de Ziniaré a d’autant plus de mouron à se faire que, malgré le règlement, mutinerie tenante, des fameuses primes litigieuses ; malgré la dissolution du gouvernement ; malgré la valse des bérets intervenue dès vendredi et samedi dans la haute hiérarchie militaire, à commencer par l’état-major général des armées et le RSP, la quiétude n’est pas totalement revenue.

Faut-il croire que les réaménageants, pour le moment sommaires, au sein de la Grande Muette ne sont pas tout à fait du goût de la troupe qui voudrait que d’autres têtes, et pas des têtes d’artichaut, tombent ?

En tout cas Blaise, dont on dit jusque-là que ce n’est pas tellement son fauteuil qui intéresse les croquants, a tout intérêt à sacrifier courageusement certains de ses fidèles s’il ne veut couler avec eux. On attend surtout de voir quel visage aura son nouveau gouvernement pour apprécier si la volonté de rupture est bien réelle ou si, comme c’est souvent le cas, on se contentera d’un léger lifting qui cache toujours mal les profondes lézardes.

Cela dit, on se demande parfois, à l’analyse, si cet interminable ramdam ne procède pas d’une stratégie du pourrissement et du harcèlement en rendant le pays ingouvernable pour installer, au fil du temps, un climat insurrectionnel où tout sera possible, à commencer par le pire. Que dire d’autre quand on apprend que samedi nuit et dimanche matin la garnison de Pô s’est invitée elle aussi au bal des mutins ?

Dans un pays qui était abonné au putsch entre 1980 et 1987, de par le passé on a connu des jours de tourments et de tourmentes par suite de coups d’Etat classiques, mais au moins les choses étaient claires et, à aucun moment, nos militaires n’ont été pris en défaut d’avoir les biens et les coprs des civils dans leur ligne de mire.

Même au temps des CDR, où la kalach faisait la loi, on n’a pas assisté à de tels actes de vandalisme et de cupidité, encore moins d’attentats à la dignité de la femme. Décidément, le burkindlem agonise au pays autoproclamé “Patrie des hommes intègres”.

Prenons garde néanmoins à ne pas tout foutre en l’air, car si nos voisins Ivoiriens peuvent endurer de longues années de crise tout en restant debout, un petit mois d’instabilité suffira à mettre le Burkina à genoux. Et tout le monde y perdra, y compris ceux qui pensent être suffisamment outillés pour pêcher en eaux troubles.

Les responsables burkinabè, qui ont l’art de s’occuper des problèmes d’autrui, ont “racheté” la bagarre ivoiro-ivoirienne et soutenu Alassane Dramane Ouattara à bout de bras pour qu’il récupère un pouvoir dont il avait été spolié, oubliant leurs propres problèmes.

On a ricané quand l’usurpateur Gbagbo a chuté. On verra bien si la mer va se rapprocher de Niangoloko maintenant que notre “parent” a pris sa chose. En attendant, la Côte d’Ivoire commence à respirer et nous, à force de laisser l’armée se déliter et le désordre s’installer dans notre propre maison, semblons avoir emprunté le chemin inverse. “Beeb laada”, les ennemis s’en frottent les mains, diraient nos vieux au village.

La Rédaction

L’Observateur Paalga

PILLAGES DE BOUTIQUES A OUAGA : Les commerçants manifestent leur ras-le- bol

Le samedi 16 avril 2011, les commerçants ont manifesté dans la ville de Ouaga, pour exprimer leur ras-le-bol face au pillage de leurs commerces. Des édifices, sur l’Avenue Kwamé N’Krumah et l’Avenue de l’Indépendance, ont été endommagés. C’est le cas, entre autres, du siège du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et de l’Assemblée nationale. La plus belle avenue de Ouagadougou, Kwamé N’Krumah, a été défigurée dans la matinée du samedi 16 avril 2011. En effet, des commerçants l’ont arpentée pour, ont-ils dit, manifester leur mécontentement face aux saccages et pillages de leurs boutiques et commerces perpétrés à l’occasion de la mutinerie des militaires qui secoue le Burkina Faso.

Des tourbillons de fumée à Ouaga

Aux environs de 9h, ce samedi, trois immenses tourbillons de fumée fusaient du centre de la ville. Les spectateurs éloignés se posaient des questions sur les causes de ces incendies. Pour coller à l’actualité du moment, certains ont vite conclu qu’il s’agissait encore des militaires. Mais il s’est révélé en réalité que c’étaient cette fois-ci les commerçants qui étaient à l’œuvre. A notre arrivée sur les lieux aux environs de 10h, les manifestants avaient déjà été dispersés par les forces de sécurité et les sapeurs- pompiers étaient venus à bout des incendies. L’Avenue Kwamé N’Krumah était interdite à la circulation, avec des barrages des forces de sécurité, dont certaines patrouillaient à moto, kalachnikov au poing. Le contraste avec l’Avenue Kwamé N’Krumah de naguère est saisissant.

Tout au long de l’avenue, dans une atmosphère chargée de fumée, des débris de verre, des cartons et des détritus de toute sorte jonchaient le sol. Sous le regard de quelques Ouagalais curieux, le siège du parti majoritaire finissait de fumer, les dernières étincelles éteintes par les sapeurs-pompiers. L’hôtel Splendid, voisin du siège du CDP, a reçu également la visite des manifestants, ainsi qu’un salon de coiffure. Un peu plus loin, sur l’Avenue de l’Indépendance, un bus de la SOTRACO finissait de calciner. La splendide façade de l’Assemblée nationale a essuyé des jets de projectiles, brisant les vitres. L’Hôtel de ville de Ouagadougou, contrairement aux rumeurs qui couraient, n’a pas été incendié. Il y a juste eu quelques bris de glace.

Un centre-ville fantôme

Dans la journée, le centre-ville ressemblait à une ville fantôme. Seuls des monceaux de cartons animaient le grand marché Rood-Wooko. Les quelques rares badauds qui circulaient se dirigeaient en toute hâte vers leurs domiciles, croisant de temps en temps des camionnettes transportant des marchandises que des commerçants "évacuaient" de leurs boutiques. Les forces de sécurité, notamment la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) et la gendarmerie, étaient omniprésentes, établissant des barrages interdisant tout accès au cœur de la ville, où tout était fermé. Autre omniprésence, celle des militaires, qui dans des véhicules 4X4 ou dans de simples voitures, armes au poing, slalomaient dans les artères de la ville, tirant de temps en temps en l’air.

Les militaires se font entendre à Pô

Pendant que le couvre-feu battait son plein à Ouagadougou, des militaires ont, aux environs de 22 h, fait retentir des armes lourdes à Pô, province du Nahouri, située à une quinzaine de kilomètres de la frontière ghanéenne. Des véhicules d’autorités, notamment ceux du haut-commissaire de la province, du maire de la commune, du commissaire de police et du commandant de la compagnie de gendarmerie ont été retirés par les militaires. Les causes réelles des exactions de Pô, ainsi que l’origine des manifestations ne sont pas encore connues.

Selon certaines sources, les manifestants auraient visité certains commerces de la place qu’ils ont cassés et pillés. Deux blessés ont été enregistrés au CMA de Pô, selon le maire de la commune, Henri Koubizara.

Sidwaya

Colère des militaires et des commerçants : Ouagadougou dans l’œil du cyclone

Pour la 3e fois consécutive en l’espace d’un mois, les militaires ont encore manifesté à coups de fusil dans la capitale, Ouagadougou. Ce coup-ci, c’est même le Régiment de sécurité présidentielle (RSP) qui a fait en premier parler les armes pour une affaire d’indemnités. S’en suivront des destructions de biens publics et autres actes de vandalisme.

La réponse du chef de l’Etat interviendra par le biais de la dissolution du gouvernement et des changements opérés au niveau de la hiérarchie militaire. Un mouvement de colère éclatera également au sein des commerçants, qui s’en prendront, entre autres, à l’Assemblée nationale et au siège du CDP.

Une situation qui a entraîné la pénurie de certains produits comme le carburant, dont le prix du litre a plus que doublé, atteignant 1500 F CFA à la date d’hier.

Acte I : La genèse. Jeudi 14 avril 2011. Des coups de feu éclatent du côté du palais présidentiel de Kosyam aux environs de 21 h, soit quelques heures à peine après le départ des Gardes de sécurité pénitentiaire, dernier groupe des corps paramilitaires à être reçus par le Président du Faso dans le cadre des concertations entreprises avec les différentes couches socioprofessionnelles.

Des tirs nourris à l’arme légère et à l’arme lourde se font entendre et « voir » (NDLR : des témoins parlent de traces rouges montant dans le ciel telles des feux d’artifice).

On apprend aux alentours de 22h que le chef de l’Etat a été exfiltré d’abord vers son ancien palais de Koulouba puis vers Ziniaré. La raison de cette nouvelle poussée de fièvre kakie ?

La colère des éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) après le non-paiement d’indemnités de logement (les choses se seraient embrasées après que les bidasses ont constaté l’absence de ces indemnités sur leurs bulletins de salaire le jeudi 14 avril, jour de paie). Les autres camps de la ville entrent dans le carnaval des armes.

Sur le coup de minuit, la soldatesque prend d’assaut les artères de la capitale en tirant en l’air. S’en suivront des actes de vandalisme, pires que les précédents qui semblent avoir été de simples entraînements.

Acte II : Le constat. Vendredi 15 avril 2011. Après une nuit des plus tourmentées, Ouagadougou se réveille dans la psychose. Pour bien de commerçants, c’est la désolation, leurs commerces ayant été vandalisés dans la nuit : supermarchés, caves, boutiques de matériels électroniques dont Marina market Patte-d’Oie et Gounghin, Bessel équipements, Diacfa automobiles, Burkina Pas cher, Kastouprix, le maquis Ouaga- Lyon, la Grande Cave,

l’hôtel Splendide, la SONACOF, pour ne citer que ceux-là, semblent avoir été la prédilection des casseurs.. Le domicile du chef d’état-major particulier de la Présidence du Faso, le Général de brigade Gilbert Diendéré, a été incendié. Sans doute, instruits par les précédentes « descentes », plusieurs responsables se sont terrés hors de leur domicile habituel et d’ autres ont même convoyé leur famille au village.

La radio Savane FM a été également « visitée ». Selon Pascal Tabo, l’un des vigiles, vers 2 h du matin des militaires, une vingtaine, seraient arrivés à bord d’un véhicule muni de gyrophares : « Deux d’entre eux ont enjambé le mur et m’ont forcé à ouvrir le portail.

Mon collègue a réussi à s’enfuir. Ils m’ont amené avec eux à l’étage en me donnant des coups de pied et des gifles. Ils m’ont demandé ce qu’il y avait dans la salle.

J’ai répondu que ce n’était que des machines et que je n’en avais pas la clé. Ils m’ont dit de ne pas bouger de là et ils sont descendus forcer la porte du rez-de-chaussée ».

A l’intérieur, les bidasses tomberont sur Ahmed Yaméogo, un technicien qui, comme qui dirait, se trouvait au mauvais moment au mauvais endroit : « Dès qu’ils sont entrés, ils ont commencé à me frapper et m’ont dit d’aller ouvrir la porte de l’émetteur qui se trouve en haut.

Comme je leur ai répondu que je n’en avais pas la clé, ils m’ont tabassé et ont commencé à tout casser et ils sont partis avec mon portable et ma moto ».

Deux ordinateurs seront également emportés. Rédaction, studio, secrétariat, salle de production, bureaux du directeur général (DG) et du président-directeur général (PDG), toutes les pièces ont été visitées.

Cartouches de balle éparpillées un peu partout, empreintes de Rangers (chaussures militaires) sur des portes, et même à certains endroits des tâches de sang démontrent la violence des visiteurs. Deux chargeurs ont été abandonnés dans leur furia.

Chez le DG de la radio, Charlemagne Abissi, c’est l’incompréhension : « On ne comprend vraiment pas. On se demande pourquoi et en même temps on se dit que c’est dommage. On se demande s’ils savent ce qu’ils font. C’est vraiment dommage ».

Fort heureusement, l’émetteur n’ayant pas été touché, les agents n’attendaient plus que les constats de la Gendarmerie, d’huissier de justice et des assurances avant de reprendre service alors qu’il était 10 h ce vendredi. Pendant ce temps, les militaires, eux, « patrouillaient » dans les quartiers. Plusieurs véhicules civils seront « arraisonnés ». Un groupe mettra le cap sur l’avenue de la Nation à la recherche de véhicules « fonds rouges » dans les ministères qui s’y trouvent.

La ronde de la soldatesque va semer la panique, donnant lieu à un sauve-qui-peut général en certains endroits comme aux alentours de Rood Woko. Les casses vont continuer avec la participation de la population. Le guichet cash power de la SONABEL a été touché.

Acte III : Les décrets (1re partie). Dans l’après-midi du vendredi, alors que selon nos informations, les éléments du RSP auraient commencé à recevoir leurs primes, le président du Faso, comme pour montrer qu’il est toujours aux commandes, reçoit en audience plusieurs personnalités au nombre desquelles le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en Côte d’Ivoire, Choi Yun-Ji.

Dans la soirée, trois décrets présidentiels tombent : le gouvernement est dissous, le colonel-major Nabéré Honoré Traoré (ancien commandant du Groupement central des armées) est nommé chef d’état-major général des armées (CEMGA) en remplacement du général de division Dominique Djindjéré, et le colonel Boureima Kéré, jusque-là chef du cabinet militaire du président du Faso, est le nouveau chef de corps du RSP en lieu et place du colonel Omer Bationo dit « bon ballon » et non du Général de brigade Gilbert Diendéré (comme ont pu penser certains), toujours à son poste de chef d’état-major particulier du chef de l’Etat. En dépit de ces changements, les pillages se sont poursuivis de plus belle dans la nuit de vendredi à samedi

Acte IV : La réplique. Au réveil, sans doute excédés par cette énième attaque de leurs commerces après celle de la nuit du 22 au 23 mars, des commerçants expriment leur colère : les sièges du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), parti au pouvoir, et de la Fédération associative pour la paix et le progrès avec Blaise Compaoré (FEDAP-BC) sont incendiés.

Les frondeurs vont également s’en prendre à l’Assemblée nationale, où trois véhicules seront brûlés et une vingtaine caillassés tandis que le bâtiment sera arrosé de pierres. Ils se heurteront aux forces de sécurité au niveau de l’hôtel de Ville.

L’avenue Yennenga, elle, présentait un visage de champ de ruine. Les petits commerçants tenant des boutiques environnantes n’avaient que leurs yeux pour pleurer. De leurs commerces ne restaient que des morceaux de cartons. Bouteilles de gaz, foyers, glacières, groupes électrogènes, pousse-pousse, …, tout a été emporté. Ibrahim Sam, une des victimes, n’en croyait pas ses yeux. « Je suis là depuis 12 ans, je paie convenablement mes impôts, pourquoi c’est nous qui devons subir la colère des militaires ? » se demande-t-il avant de nous confier qu’il a perdu des articles d’une valeur de 930 000 F CFA et 110 000 F CFA de liquidité.

Le responsable de l’Association des petits commerçants pour la lutte contre la pauvreté, Salif Traoré, s’employait à lister les victimes de sa structure et n’avait pas assez de mots pour qualifier la situation. « Si on ne fait rien pour arrêter ça, nous ne resterons pas les bras croisés », prévient-il.

A une centaine de mètres de là, le spectacle est tout aussi désolant au niveau du laboratoire Lotte photo. Selon le directeur technique et commercial, Christophe Moyenga, 10 ordinateurs, 20 appareils numériques professionnels, des cartes-mémoires, des documents administratifs ainsi que la caisse ont été emportés. « On n’a plus rien !

Il nous faut un nouvel investissement pour redémarrer », conclut-il. Sur la même avenue, le bureau de change de Grace-telecom aurait perdu plus de 4 millions de F CFA et des cartes de recharge téléphonique d’une valeur de 2 400 000 F CFA. Les pertes se chiffreraient chez Ouelaf-electronique, un voisin, à près de 21 millions de F CFA.

Avec une détresse digne de naufragés en pleine mer, les employés de l’établissement Ouédraogo Noufou et frères (ETOF) sur l’avenue Houari Boumédienne étaient face à des magasins vides : 90 motos de 30 marques différentes se seraient volatilisées. « Ils sont venus accompagnés de civils qui les ont aidés à forcer la porte en notre présence autour de 1h du matin. Les motos ont été chargées dans des 4 x 4 et même dans une ambulance. Chaque civil est reparti avec une moto. Tout l’argent entreposé dans le coffre a été emporté », témoigne l’un d’eux.

Une dizaine des motos volées a été récupérée par des jeunes du quartier Saint-Léon. « Nous voyions des jeunes passer avec les motos et nous en avons retirées 17. Les soldats, informés de cela, sont venus pour les retirer mais un frère militaire du quartier s’y est farouchement opposé.

La Gendarmerie est venue faire le constat et les commerçants, documents à l’appui, ont pu récupérer leurs motos. Cela a été notre contribution en faveur des commerçants du quartier », raconte l’un des héros. Les commerçants se sont employés à mettre le reste des marchandises en lieu sûr. Mais y a-t-il encore un « lieu sûr » au Burkina ?

On fait cas de viol de femmes et de jeunes filles. « J’en suis malade, révoltée, perdue. Où on va ? Nous sommes tous en danger », nous a confié une dame qui, pour des raisons évidentes, a préféré garder l’anonymat.

Acte V : Le couvre-feu et les décrets présidentiels (2e partie). Dans l’après-midi de samedi, un communiqué émanant du Secrétariat général du ministère de la Sécurité annonce un couvre-feu sur toute l’étendue du territoire communal de 19h à 6h pour compter du 16 avril 2011.

Un autre communiqué, signé lui, du Secrétariat général chargé de l’expédition des affaires courantes du ministère chargé de la Fonction publique, reporte à une date ultérieure les concours prévus pour se dérouler le dimanche 17 avril.

Dans la foulée, de nouveaux décrets présidentiels tombent : le nouveau patron de l’armée est élevé au rang de Général de brigade ; de nouveaux chefs d’état-major par intérim de l’Armée de Terre, de la Gendarmerie nationale, de l’Armée de l’Air et le commandant par intérim du Groupement central des armées (GCA) sont nommés ; et le Général de brigade Brice Bayala est désigné chef du cabinet militaire de la Présidence du Faso.

Jusque dans la nuit de samedi, des tirs sporadiques se font entendre. Le bilan humain de ces exactions ? On parle d’une cinquantaine de blessés. D’aucuns parlent même de mort sans qu’on ait pu vérifier l’information (lire aussi page 9).

Acte VI : La pénurie. Avec la fermeture des stations d’essence depuis le vendredi matin, les Ouagalais ont du mal à se procurer le liquide précieux. De petits malins postés à plusieurs carrefours de la ville en revendent. Le prix du litre d’essence (super 91) monte parfois jusqu’à 1 500 F CFA contre 700 F CFA en temps normal.

Les clients ne manquent pas, mais prient tous les dieux de la mécanique que ce ne soit pas des urines ou tout autre liquide impropre aux moteurs qui leur a été fourgué. Les quelques stations qui ouvrent sont prises d’assaut par les citoyens. Des queues interminables se créent et tout le monde redoute la panne sèche si la situation devait perdurer.

Acte VII : Un calme précaire. Avec le couvre-feu et les nombreuses décisions, un calme même précaire semblait revenu sans qu’on pût véritablement dire s’il était définitif. Cela, d’autant plus que, hier dans la matinée, des tirs nourris ont été également entendus à Pô, le « foyer incandescent de la Révolution », comme on l’appelait jadis. On annonçait même le départ pour cette ville d’éléments partis de Ouaga. Pour quoi faire ? Telle était la grande question.

Siège du CDP cramé

Le 16 avril 2011, le siège du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a été incendié par des manifestants en colère. Pratiquement un remake du 16 décembre 1998 suite à l’assassinat du journaliste Norbert Zongo. Les raisons de cette ire incendiaire : le saccage et pillage la veille, de plusieurs magasins et boutiques de commerçants par des militaires, eux aussi visiblement remontés contre la hiérarchie.

Il était environ 9 h 30 donc ce jour-là quand un groupe de marcheurs, en furie, a fait irruption dans la cour du CDP, et a commencé à tout casser, injuriant le pouvoir en place. 6 ou 7 engins qui étaient parqués dans l’enceinte du Q.G du CDP ont été sortis et amassés sur le goudron, à quelques jets de pierre de là en face de la Banque de l’habitat. Ces engins seront arrosés d’essence et incendiés.

Puis ce sera la bâtisse même qui sera mise à feu par les manifestants qui saccageront pratiquement tout à l’intérieur. Un des manifestants qui a voulu emporter un ordinateur écran plat a été prié par les autres de le remettre car, “nous ne sommes pas des voleurs”, a-t-on entendu dire. En quelques minutes, le 11.46, de l’Avenue Kwamé N’Krumah est devenu un brasier incandescent. Les sapeurs-pompiers y arriveront plus tard pour éteindre ce qui n’était plus que décombres.

Presque 45 mn après, Alain Yoda, membre de la haute hiérarchie du CDP, et ministre des Affaires étrangères, fera un tour mais, vu l’atmosphère surchauffée, rebroussera chemin sans entrer dans l’enceinte. Après lui, c’est le président du CDP, himself, Roch Marc Christian Kaboré, qui viendra sur les lieux pour constater les dégâts.

Après le siège du CDP, les manifestants sont allés au siège de la FEDAP/BC pour accomplir le même forfait. Là-bas aussi, le quartier général de cette structure associative, (mitoyenne avec la maternité de Yennenga), qui supporte Blaise Compaoré a été également détruit.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

Editorial de Sidwaya : Des signaux forts… !

Terrible nuit que celle du 14 au 15 avril 2011. Des armes ont encore crépité à Ouagadougou, et jusque dans le « Saint des saints » de la république, à la Présidence du Faso, située à Kosyam. Les habitants de la capitale ont eu peur ; et c’est un faible mot. Peu informés, abreuvés de supputations, ils sont restés qui collés à leur téléphone, échangeant des informations de parent à parent, de quartier à quartier, de collègue à collègue, qui à l’abri sous leurs lits, de peur de balle perdue. La peur, selon les politistes (…), est quelque part, un sentiment tout à fait respectable et nul n’est à blâmer pour cela.

La journée du 15 avril a connu ses moments de panique. Car les chasseurs de nouvelles, les bons comme les mauvais, avaient déjà rempli, avant le lever du jour, les besaces. Sur les ondes de notre village planétaire, « wassa-wassa », « sap-sap », les uns ont parlé de « mutinerie » à Ouagadougou, les autres d’« insurrection », d’autres enfin de « révolte ». Il y aurait même eu, selon certaines sources dites bien informées, une descente massive de soldats en provenance de camps situés loin de Ouagadougou, une « exfiltration experte » du Chef de l’Etat vers un lieu inconnu... En un mot, un présumé 1er septembre d’un autre genre et d’une autre trempe, un tsunami politique se serait abattu sur Ouagadougou ou serait en cours pour « inonder »Kosyam et ses locataires.

C’était suffisant pour que beaucoup de ceux et celles qui avaient oublié depuis belle lurette comment on court esquissent des pas de footing forcé, qui en bazin, qui avec un panier de fruits sur la tête, qui en tenant sa paire de babouches en main…

Des bureaux vides, il y en a eu ce jour-là et parfois là où on s’y attendait le moins, c’est-à-dire dans des cabinets ministériels. Certains fonctionnaires n’ont rien trouvé de mieux que de décréter illico presto leur propre couvre-feu entre 11heures et 12heures le vendredi 15 avril 2011, en attendant que l’officiel soit annoncé. C’est ce qu’on appelle en mooré, « puiser l’eau à distance, avant même que d’arriver à la rivière. » Pendant ce temps, le Président Compaoré était bien en place à Kosyam, occupé à recevoir pour audience des personnalités venues le rencontrer, M. Choi, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en Côte d’Ivoire, par exemple. Le 15 avril 2011, Ouagadougou n’a pas été une ville morte, mais une ville agitée. Les Ouagalais auraient-ils la tête près du bonnet ?

Un peuple courageux existe, mais une foule courageuse, nul ne l’a jamais rencontrée. Or, une foule, c’est une masse ; laissée à elle-même, à ses lubies et phobies, sans gouvernail, ni gouvernement, sauf celui de l’instinct.

Le poète national, Frédéric Pacéré Titinga, l’a dit : « La véritable grandeur est celle qui est gouvernée. » De même qu’il n’y a de chemin que fréquenté, il n’y a de peuple que guidé dans la durée, informé avec justesse et formé dans le respect des lois.

L’amer spectacle que la ville de Ouagadougou a offert les 15 et 16 avril dernier en donne la preuve a contrario.

Pour que la nation burkinabè renoue avec le chemin de ses rêves et de sa propre grandeur, il faut que le dialogue continue. Le Président vient de passer à une vitesse supérieure. Il en a donné des signes forts :

- nouvelles têtes dans la chaîne de commandement de l’Armée ;

- dissolution du gouvernement ;

- poursuite du dialogue direct et franc avec les différentes couches de la population burkinabè.

Ces signaux sont censés répondre à un certain nombre d’attentes citoyennes.

Il sera certainement demandé à la nouvelle chaîne de commandement de concevoir une démarche innovante, une meilleure communication avec les différentes composantes de la société pour définitivement éviter dans le futur le spectacle que le Burkina a connu ces dernières semaines.

Le Président Compaoré est devenu médiateur direct entre son Etat et son peuple ; peut-être que l’appareil étatique, à l’avenir, devrait avoir le cran de redonner plus et encore plus d’importance à sa communication verbale comme non verbale ; chacun de ses membres dans son domaine de responsabilité... Quoiqu’il en soit, tout gouvernement, dans un système présidentialiste, sait qu’il risque de jouer le rôle de fusible en période de crise. Il n’a pas forcément démérité, mais cela explique sa dissolution.

Pour les uns, cela peut paraître suffisant, pour les autres « c’est pas arrivé », comme on dit à Rood wooko (grand marché de Ouagadougou).

Le dialogue direct entamé par le Chef de l’Etat doit se poursuivre et s’approfondir sans exclusive, sans erreur.

Pour cela, il a besoin du soutien et de l’accompagnement de tous les burkinabè épris d’apaisement, de paix et soucieux de l’avenir de la démocratie, du pays lui-même…. Il s’agit là d’une recherche nationale de paix, une quête solidaire de bonheur, une remise à niveau de notre manière d’être ensemble. Une telle démarche ne devrait pas reposer sur des « boucs » soi-disant émissaires.

Ni la main secrète et habile de Gbagbo, ni la perfidie souterraine de l’opposant n’ont rien à y voir. Ces genres d’accusations ne nous intéressent pas, elles n’ont jamais aidé qui que ce soit à bâtir dans la durée et pour la durée. Ce qui se passe en ce moment est notre œuvre à tous. Les Anciens disent que la posture du petit crapaud n’est en rien différente de la posture de sa mère.

Nous avons tous vécu de telle sorte que ce qui arrive soit possible. Tout peuple a le Prince et le Vigile qu’il mérite. Cette secousse surtout militaire donne la preuve que la loi à elle seule n’est pas un remède suffisamment efficace pour le maintien de la santé du corps social. Il y faut l’honnêteté, ô la réelle fidélité sans cagoule, la bonne volonté et le dévouement de tous et de chacun.

Ce n’est pas seulement la loi, la science et la technique, dans leur rigueur si ce n’est dans leur raideur, qui ont fait des nations européennes d’abord et de la nation européenne ensuite, ce qu’elles sont et ce qu’elle est aujourd’hui. Le sacrifice silencieux des millions d’hommes et de femmes dont on ne parlera ne jamais, y a valu son pesant d’or.

Chaque jour qui passe et chaque rafale d’arme que nous entendons nous convainquent que nous ne sommes jamais suffisamment loin du chaos pour nous amuser à organiser chaque nuit des sauts périlleux dans l’espace. Au bord de l’abîme, on pourrait encore prendre le risque de s’amuser ; mais dans le gouffre, c’est la mort et la perte totale et sèche d’un demi-siècle d’efforts et de sacrifices individuels et communautaires qui nous attend.

Qu’on y pense… Cette proximité réelle du danger devrait installer chaque burkinabè, particulièrement sa frange dite éclairée, dans une mentalité et une culture neuves : celles qui consistent à tenir ferme, en nos valeurs, que du devoir de chacun découle le droit de tous, et que le droit de tous n’est que l’ampliation du devoir de chacun.

« Si chacun fait son devoir, le droit de tout le monde s’en trouverait garanti » dit le philosophe français Auguste Comte ...

Par Ibrahiman SAKANDE ( sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

MANIFESTATIONS DE MILITAIRES : Des saccages à Ouagadougou

Des boutiques d’appareils électro-ménagers, de matériels informatiques et diverses marchandises, des stations d’essence, des véhicules tout-terrain pour la plupart, des infrastructures privées et publiques ont encore fait les frais des manifestations des militaires qui ont pris leur source au Régiment de sécurité présidentielle (RSP) dans la nuit du 14 avril 2011. La résidence du général Gilbert Diendéré, chef d’état-major particulier de la Présidence, n’a pas été épargnée. Nous avons fait le tour de la ville de Ouagadougou pour constater de visu les stigmates et recueillir des témoignages. L’un des faits les plus marquants de la déferlante de colère des militaires est sans conteste l’incendie de la résidence du chef d’état-major particulier de la Présidence du Faso, le général Gilbert Diendéré, située sur l’avenue du Conseil de l’entente. Cette fois, les saccages ont été d’une ampleur effarante.

Cave Paling-wendé, station PETROFA à Tampouy, les alimentations Marina Market à la Patte-d’oie et à Gounghin, DIACFA Automobiles, agence ONEA au Stade du 4-Août, Data Link, Bessel Equipements, Will Télécom, LIPAO…, la liste des biens notamment privés touchés par les manifestations de colère des militaires, qui ont resurgi dans la nuit du jeudi 14 avril 2011 dans la caserne du régiment présidentiel, est loin d’être exhaustive.

Ces établissements commerciaux ont été littéralement vidés de leur contenu ou incendiés comme c’est le cas de Marina Market de la Patte-d’oie. Du centre-ville en passant par des quartiers névralgiques de la ville, le constat est désolant. "Les pillages ont, certes, été perpétrés par les militaires, mais des gens ont profité de la situation. J’ai été témoin d’actes de pillages orchestrés par des civils. Des propriétaires de boutiques ont même pu appréhender des jeunes pris en flagrant délit", a révélé un témoin. L’un des faits marquants de ces manifestations est la réquisition forcée de véhicules de type tout-terrain, pour la plupart, et appartenant aussi bien à l’Etat qu’à des personnes privées.

Ces véhicules qui ont été accidentés ou abandonnés par la suite un peu partout dans la ville, auraient servi à transporter des biens soustraits des boutiques. "Ici, il y avait deux voitures. Ils ont pris le véhicule avec ses clés et ont endommagé l’autre qui n’en avait pas, avant de partir, sous les yeux des vigiles impuissants", nous a laissé entendre un parkeur officiant devant DIACFA Automobiles. Certains motocyclistes ont dit avoir été dépossédés de leurs biens (portable, argent…). Les commerçants des secteurs 4, 15, 16 et 17 ont aussi été victimes des casses des militaires et de certains délinquants de la ville qui ont profité de la situation. Selon le vendeur de portables, Tidiane Namagué, 86 téléphones portables, 8 ordinateurs portables et 12 appareils numériques ont été emportés par les mutins.

1 375 000 F CFA emportés

"On a cassé mon coffre-fort et vidé la somme de 1 375 000 F CFA qui s’y trouvait", a-t-il confié. A l’en croire, aucune marchandise n’est restée dans la boutique car elle a été saccagée par les révoltés. Il nous a montré deux douilles qu’il dit avoir ramassées dans la boutique après le passage des hommes de tenue. La maison Nokia, Médium International Télécom, a aussi été pillée par effraction. Selon son Directeur général (DG), Alain Roger Coefé, de nombreux téléphones portables ainsi qu’une somme importante ont disparu. Il en est de même pour certains documents. Le frigidaire a été également mis à sac, a-t-il confié. Son bureau n’a pas été épargné. Mais les empreintes de chaussures laissées sur la porte ne correspondent pas à celles des chaussures de militaire, a expliqué M. Coefé.

Ce qui laisse penser que malgré les douilles ramassées sur les lieux, les auteurs des casses peuvent ne pas être uniquement des militaires. En attendant le constat de la gendarmerie, un huissier de justice a déjà évalué les dégâts. Selon toujours les explications du DG de Médium International Télécom, distributeur officiel de Samsung et Nokia, les casseurs ont oublié un ordinateur portable dans la boutique. Les travailleurs de la boutique "Challenger" ont aussi subi des pertes. "Nous étions devant la boutique. Soudain, nous avons entendu des coups de feu et nous sommes allés nous réfugier dans les toilettes. Il y a eu ensuite des tirs d’armes automatiques.

C’est quand les choses se sont calmées que nous sommes sortis constater les dégâts", a confié le gardien de la boutique Challenger, Idrissa Congo. Selon ses dires, des costumes, des chemises, des tee-shirts, des valises et des bijoux de grande valeur ont été emportés. Une forte somme d’argent a été également emportée par les mutins, a-t-il indiqué.

Une Kalachnikov abandonnée

Il a aussi précisé qu’une arme de type Kalachnikov a été trouvée dans la boutique. Mais, elle a été récupérée par la gendarmerie qui s’est déportée sur les lieux, a-t-il ajouté. Le jeune boutiquier Aziz Kafando des 1200 logements a affirmé avoir été victime de casses et de pillages. Mais, des civils seraient également parmi les pilleurs car il a pu, avec l’aide des voisins, mettre la main sur deux jeunes qui s’étaient livrés au pillage. Ils ont été conduits à la gendarmerie mais le troisième qui avait en sa possession les objets volés, a pu s’échapper.

Des infiltrés

A entendre certains commerçants, l’on peut affirmer sans se tromper que des civils ont participé aux casses. Selon le commerçant Tidiane Kiemtoré à Cissin, des voyous ont profité des casses des militaires pour piller des boutiques. En plus des cartons de boissons et d’autres biens, il dit avoir perdu une importante somme d’argent car sa caisse a été vidée de son contenu. La déception du commerçant Tidiane Kiemtoré était grande car, c’est la deuxième fois qu’il enregistre des casses. D’une boutique à une autre, les dégâts varient mais la déception est la même.

Chez le jeune commerçant Amado Sédogo à Cissin, des télévisions, des téléphones portables, des lecteurs DVD et des appareils de musique ont été emportés par des individus non identifiés. Selon ses affirmations, un coffre-fort contenant une forte somme se trouvait dans la boutique mais les pilleurs ne l’ont pas emporté. Le gardien, Sabané Koanda qui assurait la sécurité des lieux dit avoir vu, dans la nuit des casses, trois motos desquelles sont descendus des gens qui portaient l’uniforme militaire mais qui n’étaient pas armés. C’est à l’aide de pioches qu’ils ont cassé une partie de la porte pour pouvoir pénétrer dans la boutique, a-t-il indiqué. "Ils m’ont poussé et j’ai eu une luxation au pied", a-t-il poursuivi avant d’ajouter qu’il n’a pas pu identifier ses agresseurs. Outre les boutiques, certaines stations d’essence ont aussi reçu la visite des militaires. C’est le cas d’une des stations OTAM à Cissin où les mutins se sont servis en essence et en gasoil, a confié Adama Ouédraogo, un des responsables de la station. Selon ses explications, c’est aux environs de 3h du matin que les mutins ont obligé le pompiste qui était de garde à mettre sa station en marche afin qu’ils puissent se servir en essence.

Il a fait noter qu’un huissier a été saisi pour le constat des dégâts causés à la station. Sur notre chemin, nous avons constaté d’autres dégâts matériels en face de Ouagarinter. Il s’agit d’un véhicule Peugeot 406 de type ministériel complètement calciné et abandonné à l’extrême gauche de la route. Il ne comportait pas de plaque d’immatriculation. Mais des impacts de balles étaient visibles sur le capot et au niveau des jantes du véhicule. Du côté du palais de Kosyam où nous avons fait un tour aux environs de 11h 20mn, c’était le calme plat. Le boulevard Mouammar Khadafi était pratiquement sans usagers. Seul un cycliste qui se dirigeait vers le palais et un pick-up militaire qui était en mouvement vers les lieux, étaient visibles. C’est ce mouvement de pick-up qui nous a amenés à rebrousser chemin. Pour tout dire, la zone était déserte. Par contre, lorsque nous remontions vers le rond-point de la Patte-d’oie, nous avons croisé un véhicule tout- terrain rempli de militaires lourdement armés. Certains avaient pris appui sur les portières avec des armes dirigées vers le ciel. Nous avons aussi fait un tour vers le camp Guillaume, mais des militaires nous ont déconseillés de nous approcher davantage du camp. Cependant, nous avons pu voir le dispositif sécuritaire qui était mis en place. Des hommes armés faisaient des va-et-vient entre le camp et les environs.

Descente de treillis dans un "lupanar"

Les résidents du quartier Gounghin comme ceux d’autres secteurs de la ville ont subi une descente des militaires dans un hôtel où officient des filles de joie. Témoignage...

Vendredi 15 avril aux environs de 22h, un véhicule, avec à son bord un groupe de jeunes militaires bien armées de mitraillettes, fait escale dans un hôtel situé à quelques encablures du lycée mixte de Gounghin. C’est la débandade au sein des résidents de l’hinterland de cet hôtel. On apprend que la plupart des clients de cet établissement hôtelier prennent rendez-vous avec des filles qui fréquentent les lieux pour y vendre leurs charmes.

Apeurés par des tirs en l’air que les visiteurs ont effectués dès leur descente, les habitants jouent la carte de la prudence en se réfugiant qui, chez eux, qui, chez des voisins. Ils observent néanmoins la scène à travers les murs et les ouvertures des portails. "D’emblée, nous nous sommes demandé ce qu’ils étaient venus chercher, étant donné que l’hôtel ne fonctionne pratiquement pas ou du moins tourne au ralenti", nous a confié une dame qui habite dans une cour juste à deux pas de l’entrée de l’établissement. Les visiteurs en treillis préciseront leurs intentions, quelques minutes après, quand des cris des filles qui se trouvaient à l’intérieur ont commencé à retentir. "Ils ont contraint une blanche qui sortait de l’hôtel avec un monsieur à coucher avec eux.

Les autres filles qui s’y trouvaient ont subi le même sort". A en croire, F. N, l’une des infortunées, les militaires sont passés à au moins trois à trois sur chaque fille, avec une rudesse caractéristique de l’état d’ébriété dans lequel ils se trouvaient.

Dabadi ZOUMBARA et Yembi Richelieu ZONGO

Le Pays

Le CCG appelle l'ONU à faire cesser "les ingérences" de l'Iran

RYAD - Les monarchies du Golfe ont appelé la communauté internationale et le Conseil de sécurité de l'ONU à faire "cesser les ingérences et provocations iraniennes flagrantes" dans les affaires du Golfe à la suite des troubles à Bahreïn, à l'issue d'une réunion dimanche à Ryad.

Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) a appelé dans un communiqué "la communauté internationale et le Conseil de sécurité à prendre les mesures nécessaires pour faire cesser les ingérences et provocations iraniennes flagrantes qui visent à semer la discorde et la destruction au sein du Conseil de coopération" du Golfe.

Les Etats du CCG "refusent catégoriquement toute ingérence étrangère dans ses affaires (...) et invitent le régime iranien à cesser ses provocations".

Le CCG a également condamné "les agressions" à l'encontre des diplomates saoudiens en Iran. Ryad avait auparavant menacé de retirer ses diplomates de Téhéran si leur protection n'était pas assurée.

(©AFP