20 décembre, 2010

MINSK (AFP) Bélarus: le président Loukachenko réélu, des candidats interpellés

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Incidents le 20 décembre 2010 à Minsk entre forces de l'ordre et manifestants

Au moins quatre candidats à la présidentielle au Bélarus ont été interpellés dans la nuit de dimanche à lundi après la dispersion sans ménagement de milliers d'opposants au président Alexandre Loukachenko, donné sans surprise vainqueur au premier tour de l'élection.

Les candidats Andreï Sannikov, Nikolaï Statkevitch, Rygor Kastoussev et Vitali Rymachevskiï ont été interpellés après la manifestation, ont déclaré leurs porte-paroles respectifs à l'AFP.

MM. Sannikov et Rymachevskiï avaient été blessés lors de l'intervention policière pour disperser la manifestation de dizaines de milliers de personnes, a rapporté la radio russe indépendante Echo de Moscou.

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Un manifestant interpellé le 20 décembre 2010 à Minsk

Un autre candidat, Vladimir Nekliaev, qui avait également été blessé dans ces heurts, a de son côté été appréhendé par des forces de l'ordre alors qu'il se trouvait à l'hôpital, ont rapporté des médias, sans qu'il soit possible de vérifier cette information.

Une journaliste de l'AFP a été interpellée dans la nuit de dimanche à lundi, et était toujours détenue par la police lundi matin.

Vladimir Nekliaev et Nikolaï Statkevitch étaient les principaux candidats d'opposition à M. Loukachenko, le président du Bélarus, au pouvoir depuis 16 ans dans cette ancienne république soviétique.

M. Loukachenko a été réélu sans surprise au premier tour avec 79,67% des voix, selon les résultats de la Commission électorale parus lundi matin. L'opposition dénonce une fraude massive.

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Le candidat à la présidentielle du Bélarus, Andreï Sannikov, le 19 décembre 2010 à Minsk

D'après la Commission, la participation s'est établie à 90,66%. Environ sept millions d'électeurs étaient appelés à choisir entre dix candidats, l'opposition ayant échoué à s'unir derrière un candidat unique.

Dimanche soir, des centaines de membres des forces de l'ordre casqués, armés de boucliers et de matraques, sont intervenus massivement et à une vitesse foudroyante sur la place de l'Indépendance de Minsk, où se trouvent dans un même bâtiment le gouvernement, le parlement et la commission électorale.

Frappant des manifestants, les interpellant ou les forçant à la fuite, la police a repris vers 23H30 locales (21H30 GMT) le contrôle de la place, occupée encore une heure plus tôt par des dizaines de milliers de protestataires, selon une estimation de l'AFP.

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Le président du Bélarus, Alexandre Loukachenko, le 19 décembre 2010 dans un bureau de vote de Minsk

La police est intervenue alors que la foule tentait de prendre d'assaut l'immeuble gouvernemental, en brisant portes et fenêtres.

"C'est ici que le Bélarus a déclaré son indépendance en 1991 et c'est ici que la dictature de Loukachenko va tomber aujourd'hui", avait déclaré M. Sannikov, s'exprimant avant les heurts.

La police anti-émeutes avait d'abord tenté de disperser à l'aide de grenades assourdissantes et de matraques un premier groupe de 200 manifestants.

Le ministre bélarusse de l'Intérieur, Anatoli Koulechov, a indiqué que les manifestants seraient poursuivis pour organisation de "troubles de masse", un crime passible de quinze ans de prison au Bélarus.

L'opposition avait appelé dès samedi à un rassemblement dimanche pour dénoncer les fraudes électorales massives orchestrées selon elle par le pouvoir bélarusse.

M. Loukachenko, depuis 16 ans à la tête de ce pays charnière situé entre l'Union européenne et la Russie, a été qualifié de "dernier dictateur d'Europe" par l'ex-administration Bush.

"Ne vous inquiétez pas, il n'y aura personne sur la place ce soir", avait-il déclaré dimanche.

La campagne électorale a été un peu plus libre que celle de 2006, mais les critiques dénoncent un assouplissement tactique du régime.

Elu en 1994 à la première élection présidentielle du Bélarus indépendant, la seule reconnue comme démocratique en Occident, M. Loukachenko a été réélu en 2001 et 2006 à l'issue de scrutins entachés d'irrégularités et marqués par la répression des opposants.

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