15 novembre, 2010

REMANIEMENT - La revanche de François Fillon

Le Point.fr

REMANIEMENT - La revanche de François Fillon

Dimanche, le Premier ministre François Fillon a été reconduit dans ses fonctions, moins de 24 heures après avoir vu sa démission acceptée par le chef de l'État © Witt/Sipa

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Les années passent, François Fillon reste "indéboulonnable". En 2007, sa nomination au poste de Premier ministre semblait une évidence. Trois ans et demi plus tard, l'élu de la Sarthe s'est de nouveau imposé à Nicolas Sarkozy. Dimanche, il a ainsi été reconduit dans ses fonctions, moins de 24 heures après avoir vu sa démission acceptée par le chef de l'État.

Donné partant à la fin du mois de septembre, François Fillon a su renverser la situation à son avantage. Au fil du temps, ce passionné d'escalade et de course automobile a étrillé tous ses challengers, à commencer par Jean-Louis Borloo donné favori. À l'approche du remaniement et alors que le bal des prétendants battait son plein, le Premier ministre s'est "occupé personnellement" de barrer la route de ce "mauvais Gainsbourg " - ce sont ses mots. Ainsi, en octobre dernier, en pleine pénurie de carburant, il n'a pas hésité à tancer le ministre de l'Écologie pour sa gestion de crise. "Borloo est un zozo. Il m'a fait passer pour un con !" aurait lâché le Premier ministre, selon Le Journal du dimanche. Une campagne de dénigrement vivement relayée dans les rangs de l'UMP où Borloo a, tour à tour, été qualifié de "dilettante", de "bordélique" ou de "lève-tard". Ainsi, lorsque le 3 novembre François Fillon se démasque et affiche - sans doute à la demande de Sarkozy - son envie de rester à son poste, le numéro deux du gouvernement est hors course.

Fillon brouille les pistes

Pourtant, François Fillon a longtemps laissé planer le doute sur un éventuel départ de Matignon. À la fin de l'été, le Premier ministre se démarque clairement du chef de l'État. Le 31 août, il laisse entendre sur les ondes de France Inter qu'il n'aurait pas prononcé le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy fin juillet. "Chacun a sa sensibilité et sa façon de faire les choses", glisse-t-il. Une distinction qu'il n'a pas de peine à afficher dans la mesure où il n'a même pas été "associé à la préparation du discours" qui devait amorcer un virage sécuritaire. Un mois plus tard, François Fillon remet de nouveau les pendules à l'heure. "Avec Nicolas Sarkozy, on a fait une alliance. J'ai choisi de l'aider à être président de la République et je m'en félicite tous les jours. Mais Nicolas Sarkozy n'est pas mon mentor", lâche cet avocat de formation lors d'un entretien accordé à France 2.

L'élu de la Sarthe brouille les pistes. Après 42 mois de tensions secrètes avec Nicolas Sarkozy, aurait-il envie de jeter l'éponge pour de nouveaux horizons ? Il faut dire que les relations entre les hommes ont connu des hauts et des bas. Qualifié par le président de simple "collaborateur" de l'Élysée en 2007 et raillé dans la presse pour sa transparence, François Fillon a avalé des couleuvres. Le 25 août dernier, lors du Conseil des ministres de rentrée, alors que le gouvernement s'apprête à mener la réforme des retraites, Nicolas Sarkozy n'hésite pas à moucher son chef de gouvernement. "C'est la première fois qu'on fait une réforme pleine et entière des retraites. En 2003, on s'est contentés de toucher au secteur public", lance le chef de l'État à destination de Fillon, l'auteur de ladite réformette. Ambiance.

Défiance

Mais au fur et à mesure de cette cohabitation, François Fillon a vu sa cote de popularité dépasser celle du locataire de l'Élysée. Et il a fini par imprimer sa patte. Ainsi, au lendemain du second tour des élections régionales, le chef du gouvernement n'hésite pas à reconnaître publiquement l'ampleur de la défaite de son camp. Et alors que le terme de "rigueur" est banni par l'Élysée, Fillon, lui, n'en a cure. "Oui, nous menons une politique de rigueur s'agissant de la dépense, je n'ai pas peur d'utiliser ce mot", lâche-t-il, lapidaire.

Les marques de défiance n'ont finalement pas rebuté Nicolas Sarkozy. Il faut dire que bon nombre de ténors de l'UMP, à commencer par Édouard Balladur, ont convaincu le chef de l'État que reconduire François Fillon était le seul choix sérieux. D'autant plus que l'Élysée redoutait aussi l'attitude de Fillon, une fois hors du fauteuil de Matignon. Fait inédit sous la Ve République, le Premier ministre s'est donc imposé à un chef de l'État réticent.

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