Le Burkina Faso n'a disputé qu'un match dans les qualifications pour la Coupe d'Afrique des Nations de la CAF 2012. Sans doute est-il donc un peu tôt pour se livrer au petit jeu des pronostics. Pourtant, tout porte à croire que les prochaines échéances devraient lui permettre de confirmer son émergence sur la scène continentale. Pour l'heure, les Etalons évoluent encore dans l'ombre des grandes puissances du football africain, ce qui ne les empêche pas de nourrir de sérieuses ambitions pour l'avenir.

La sélection burkinabée occupe actuellement la tête du Groupe F, à la faveur d'une nette victoire 3:1 sur la Gambie au mois d'octobre. Ce succès à domicile conforte les Etalons dans leurs convictions et les rapproche encore un peu plus d'une qualification pour la phase finale, qui aura lieu au Gabon et en Guinée équatoriale. Le mois dernier, le Burkina Faso s'est hissé au 37ème rang du Classement mondial FIFA/Coca-Cola, intégrant par la même occasion le Top 10 africain. Pour mesurer le chemin parcouru ces derniers mois, il suffit de se souvenir que les Burkinabés pointaient à la 113ème place trois ans auparavant.

Des progrès à court et long terme
Absent des rendez-vous continentaux de 2006 et 2008, le Burkina Faso surfe sur une vague de succès depuis près de 30 mois. Les Etalons ont signalé leur retour en forme en terminant en tête de leur groupe lors du deuxième tour préliminaire des qualifications pour la Coupe du Monde de la FIFA, Afrique du Sud 2010, devant la Tunisie. Malgré leur échec au tour suivant face à la Côte d'Ivoire, les Burkinabés ont tout de même décroché leur billet pour la Coupe d'Afrique des Nations 2010. En Angola, le Burkina Faso a confirmé tout le bien que l'on pouvait penser de lui. Le bon match nul (0:0) arraché aux Ivoiriens a permis de mesurer toute la ténacité de cette jeune équipe. Malheureusement, une courte défaite (0:1) face au Ghana, futur finaliste de l'épreuve, et le retrait du Togo ont condamné les Etalons à une élimination précoce.

Ce retour en forme coïncide avec l'arrivée aux commandes de Paulo Duarte. Recruté au début de l'année 2008, le technicien portugais a habilement supervisé la montée en puissance d'une génération pleine de talent. L'ancien entraîneur du Mans est aujourd'hui surnommé "le Mourinho de l'Afrique", autant pour sa rigueur que pour son exigence vis-à-vis de ses joueurs. Au lendemain de la CAN angolaise, Duarte avait d'ailleurs confié à African Football Media que cette expérience constituait une simple étape vers d'autres succès. "L'Angola est derrière nous. Nous sommes tombés dans le groupe le plus difficile mais nous avons réussi quelque chose de fantastique contre la Côte d'Ivoire. Désormais, il faut penser à se qualifier pour le prochain tournoi. Nous avons une génération exceptionnelle. L'équipe a 26 ans de moyenne d'âge et l'intégration de nouveaux joueurs se fait lentement mais sûrement."

Bien entendu, une telle progression n'est pas le fruit du hasard. Pour beaucoup d'observateurs, le premier tournant dans l'histoire du football burkinabé remonte à la qualification pour la CAN 1996 en Afrique du Sud. Suite à sa deuxième apparition à ce niveau, le Burkina Faso se découvre de nouvelles ambitions. Les responsables locaux décident d'investir sur la formation et de suivre de plus près les joueurs expatriés. Deux ans plus tard, les Etalons ne manquent pas leur rendez-vous avec la CAN organisée sur leurs terres. Sous l'impulsion du Français Philippe Troussier, les locaux signent un petit exploit en se classant quatrièmes, grâce notamment à des victoires de prestige sur l'Algérie et la Tunisie. Depuis, le Burkina Faso fait partie des habitués de la compétition continentale.

Les efforts investis dans le domaine de la formation se révèlent rapidement payants. Dès 1999, le pays fête sa première participation à un tournoi FIFA, en l'occurrence la Coupe du Monde U-17 de la FIFA. Deux ans plus tard, les Burkinabés montent sur la troisième marche du podium, à Trinité-et-Tobago. Cette fois, ce sont l'Espagne et l'Argentine qui font les frais de la montée en puissance des Africains. En 2003, le Burkina Faso s'invite au deuxième tour de la Coupe du Monde U-20 de la FIFA aux Emirats Arabes Unis. Emmenée par le Néerlandais Mart Nooij, aujourd'hui en charge du Mozambique, cette sélection riche en talents s'appuie notamment sur le puissant attaquant Aristide Bance, d'Al-Ahly Dubaï, et l'excellent gardien Daouda Diakite.

Les stars à la barre
La semaine dernière, le Burkina Faso a confirmé ses bonnes dispositions du moment en dominant une autre équipe en forme, la Guinée, lors d'un match amical organisé en banlieue parisienne. Sous l'impulsion de Jonathan Pitroipa, les Etalons ont une fois de plus démontré qu'ils étaient capables de déstabiliser les défenses les mieux organisées. "L'équipe est encore jeune mais elle ne manque pas de talent", souligne le milieu de terrain de Hambourg. "C'est dommage que nous n'ayons pas réussi à atteindre le deuxième tour en Angola mais nous avons demandé pardon au peuple burkinabé et nous lui avons promis de nous qualifier pour la CAN 2012. Nous savons que nous pouvons faire encore mieux."

A l'issue de la partie, Duarte n'a pas cherché à cacher sa satisfaction. "Nous avons dû composer avec l'absence de sept titulaires. C'était une bonne occasion de tester de nouveaux joueurs. La CAN 2012 reste au cœur de mes préoccupations. Il faut donc mûrement réfléchir avant de changer quoi que ce soit. Nous nous réunirons à nouveau au Portugal en février, afin de préparer notre prochain match contre la Namibie. Nous sommes conscients de nos responsabilités vis-à-vis de nos supporters et nous sommes bien décidés à repartir à la conquête de la CAN."

Très en vue aux côtés de Pitroipa, Charles Kaboré continue de faire parler de lui. Le milieu défensif marseillais a récemment attiré l'attention de quelques grosses cylindrées européennes, comme Chelsea ou Barcelone. L'ancien joueur de Libourne prend très à cœur son rôle en équipe nationale. Véritable chef de file de cette fameuse génération dorée burkinabée, il porte fièrement le brassard de capitaine, malgré son jeune âge (22 ans).

Ce jeune homme volontaire avoue volontiers nourrir de grandes ambitions pour sa sélection. Toutefois, il n'oublie jamais de souligner l'importance du travail réalisé par Duarte depuis son arrivée. "Duarte a su nous canaliser. Grâce à lui, nous sommes aujourd'hui capables de nous mesurer à n'importe quel adversaire. Nous progressons sans arrêt. Ce groupe a de la qualité. Chacun ici est persuadé que nous pouvons accomplir de grandes choses. Une équipe est en train de naître et qui sait où nous en serons d'ici trois ou quatre ans ? Pour le moment, nous nous concentrons sur les qualifications pour la CAN 2012. Ensuite, si tout va bien, il sera temps de penser à la Coupe du Monde..."