02 novembre, 2010

Le prix Femina à Patrick Lapeyre pour un trio amoureux inoubliable

Patrick Lapeyre, le 2 novembre 2010 à Paris
Patrick Lapeyre, le 2 novembre 2010 à Paris Francois Guillot AFP

Le Prix Femina a été décerné mardi à Patrick Lapeyre pour "La vie est brève et le désir sans fin" (P.O.L), roman à la fois mélancolique et sensuel, profond et léger, sur un trio amoureux inoubliable.

Les dames du Femina ont choisi Patrick Lapeyre au 6e tour, après une longue délibération, par 7 voix contre 6 à Claude Arnaud pour "Qu'as-tu fait de tes frères ?" (Grasset).

Le Femina étranger a été attribué à l'étoile montante de la littérature finlandaise Sofi Oksanen pour son roman "Purge" (Stock), déjà couronné par de très nombreux prix.

Stock publiera l'an prochain le premier roman de la jeune Finlandaise de 32 ans, "Les vaches de Staline", paru en 2003 dans son pays, a précisé l'éditeur.

"Le livre de Patrick Lapeyre est un roman magnifique sur l'histoire du désir. Il est dans la lignée des films de Godard, d'une sorte de destins non joués", a souligné la romancière Chantal Thomas, présidente du jury, en reconnaissant que ce dernier avait "été très divisé".

"J'espérais ce prix. Cela a été visiblement une lutte acharnée. L'auteur en est d'autant plus heureux! J'ai vaincu avec beaucoup de péril et j'ose espérer la gloire!", a déclaré Patrick Lapeyre.

"J'ai mis cinq ans à écrire ce roman (...) et c'est toujours agréable quand on est resté enfermé dans sa caverne, d'en sortir, et que, tout à coup, les gens vous fassent des signes amicaux. On se dit qu'on n'a pas travaillé pour rien", a-t-il ajouté.

"L'idée du livre m'est venue en relisant Manon Lescot. J'ai eu envie d'écrire un +remake+ et je me suis aperçu que c'était impossible, qu'il fallait le transformer", a confié l'écrivain.

Né en 1949 à Paris, fils unique d'un couple modeste, Patrick Lapeyre a grandi à Pantin. Lecteur compulsif, il s'est plongé dans la littérature pour échapper à la solitude. Elève à Henri IV en hypokhâgne et khâgne, au côté de Pascal Bruckner et d'Alain Finkielkraut, il est recalé à l'oral de Normale Sup et fait des études de lettres à La Sorbonne.

Devenu professeur, il publie son premier roman en 1984, "Le corps inflammable", chez P.O.L., éditeur de tous ses livres.

Après "La lenteur de l'avenir" en 1987, "Ludo et compagnie" en 1991, "Welcome to Paris" en 1994 et "Sissy, c'est moi" en 1998, il obtient le Prix du Livre Inter en 2004 pour "L'Homme-soeur".

Dans "La vie est brève et le désir sans fin", son septième roman, Patrick Lapeyre décrit du point de vue masculin les affres d'un amour obsédant, avec une grâce subtile et un humour distancié.

Deux hommes sont amoureux de la même femme, l'énigmatique Nora. Il y a le Français Louis Blériot, traducteur free-lance de notices pharmaceutiques, dépressif, marié à une femme d'affaires qui l'entretient, et Murphy Blomdale, trader américain célibataire et cousu d'or, qui vit à Londres.

Délaissés puis repris dans les filets de cette jeune femme mystérieuse, les deux amants de Nora croient l'aimer mais aucun n'est prêt à lui vouer sa vie ni à lui octroyer les déclarations définitives qu'elle attend, sans le dire. Elle, passe son temps à se donner et à disparaître.

Mais "s'il y a énormément de tensions, de tristesse par moment. C'est un roman qui exprime le pur bonheur d'être amoureux", assure son auteur.

Le Femina "essais" a par ailleurs été attribué à Jean-Didier Vincent pour "Elisée Reclus" (Robert Laffont).

Selon une étude récente, un roman récompensé par le Femina se vend à quelque 155.000 exemplaires en moyenne.

Mercredi, sera décerné le prix Médicis, avant le le Goncourt et le Renaudot, lundi, point d'orgue de la saison des prix littéraires, qui s'achèvera le 16 novembre avec l'Interallié.

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