25 octobre, 2010

XIIIe sommet de la Francophonie Blaise Compaoré propose la mise en place d’un réseau de recherche sur l’

Trente-huit chefs d’Etat et de gouvernement ont répondu présents à ce XIIIe sommet de la Francophonie qui coincidait avec le 40e anniversaire de l’organisation. Pour le Président Compaoré, c’est l’âge de la maturité et l’occasion d’effectuer une réflexion prospective pour l’avenir. C’est pourquoi du haut de la tribune de l’OIF, il a appelé ses pairs francophones à explorer ensemble les défis à venir de la Francophonie et de renforcer les capacités de l’opérateur central de la Francophonie.

Le Président du Faso estime que la Francophonie de demain est promise à un bel avenir pour peu qu’elle prenne appui sur ses acquis du moment. Blaise Compaoré précise qu’il faudrait également que l’OIF s’adosse davantage sur l’Afrique qui progresse et qui, « représente près de 50% de locuteurs de la langue française et le continent où celle-ci connaît la plus forte progression. »

Même si avertit, le Président Compaoré, il faut aussi faire preuve de plus de solidarité avec l’Afrique car, « c’est aussi le continent où se posent avec acuité les défis de la démocratie et des droits de l’Homme, ainsi que ceux du développement durable ».

Il salue d’ailleurs les actions de la Francophonie en faveur de la gouvernance mondiale, du règlement des conflits et de l’accompagnement à la démocratie. « La Francophonie a montré qu’elle était une organisation avant-gardiste dans le cadre de la prévention et la gestion des conflits.

La Guinée en est un exemple récent... », explique Blaise Compaoré. Revenant sur sa propre expérience dans certains pays en Afrique où il mène la facilitation et citant les cas du Togo où la démocratie se consolide après un processus électoral apaisé ; de la Côte d’Ivoire où plus rien ne semble arrêter la marche vers la tenue de l’élection présidentielle le 31 octobre 2010 et où tous les espoirs de règlement définitif de la crise sont permis ; la Guinée où des avancées notables sont enregistrées en dépit de certaines difficultés, Blaise Compaoré a dit son espoir pour un espace francophone plus apaisé.

Pour ses facilitations en Côte d’Ivoire et en Guinée, il a été félicité par ses pairs qui lui ont demandé de poursuivre ses efforts jusqu’à l’aboutissement heureux des processus. S’exprimant sur la nomination du général Siaka Sangaré, expert de la Francophonie à la tête de la CENI guinnénne, il dira que cela est de nature à ramener « la sérénité dans le processus électoral ».

S’agissant du développement durable et de la lutte contre la faim, Blaise Compaoré qui a participé à une table ronde sur la question à l’occasion du sommet, prône une modernisation de l’agriculture africaine. A ce sujet, il a lancé un appel pour une solidarité francophone en matière de recherche et de partage d’expériences dans l’agriculture. Il en appelle précisément à « la mise en place d’un réseau de recherche sur l’agriculture en Afrique qui serait le vecteur principal de cette coopération ».

La table ronde sur la crise alimentaire organisée par le Forum international Médias Nord Sud, TV5 Monde et la Télévision Suisse romande (TSR) se voulait un cadre d’échanges entre décideurs politiques et acteurs du monde paysan et de la société civile.

Elle a réuni, outre le Président du Faso, Blaise Compaoré, des personnalités de haut rang dont Pascal Lamy, directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et Micheline Calmy-Rey, conseillère fédérale en charge des Affaires étrangères de la Suisse. Elle a permis d’évoquer la situation alimentaire du moment dans l’espace francophone et d’analyser les mesures prises lors de la hausse spectaculaire des prix des denrées alimentaires entre 2007 et 2008 suite à la crise économique et financière internationale.

A cette table ronde, Blaise Compaoré a expliqué que le Sahel a fait l’école des crises alimentaires depuis des années. Ce qui a permis, malgré l’ampleur de la crise qui était différente des précédentes, de prendre les mesures opportunes. « Le Burkina a traversé cette période sans grande difficulté grâce à une politique agricole maîtrisée et soutenue et une croissance agricole de plus de 5% depuis plus de dix ans », a indiqué le Président Blaise Compaoré. Selon lui, seule une politique agricole participative permet d’améliorer la productivité et d’atteindre la croissance.

C’est ainsi qu’au Burkina, a-t-il expliqué, il est organisé chaque année, la Journée nationale du paysan (JNP) où producteurs et décideurs politiques échangent sur tous les domaines liés au monde agricole. Le Président du Faso a aussi fait savoir que le Burkina produit ses propres semences améliorées depuis des années qu’il met à la disposition des producteurs. Pendant plus de deux heures, Blaise Compaoré a fait une belle prestation sur la politique agricole du Burkina et proposé des solutions pour qu’au plan régional ouest-africain, les Etats puissent atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) dans le domaine agricole.

Des vues partagées

Ces points de vue du Président du Faso sont partagés par son homologues français, Nicolas Sarkozy, avec qui, il s’est entretenu à Montreux. « Le premier capital que chaque être humain reçoit, c’est sa langue, la langue que lui enseignent ses parents, la langue que lui enseignent ses professeurs. La langue française, c’est notre trésor, un trésor commun.

Mais la langue française n’est pas simplement un outil de travail. Elle véhicule des valeurs, des valeurs qui lui sont propres, les valeurs de l’humanisme, de la liberté, de l’égalité — quelle que soit la couleur de sa peau, quelles que soient ses origines, —de la fraternité. La langue française est un instrument d’incarnation et elle est un instrument de transmission des valeurs », rappelle le Président Sarkozy.

Pour lui, dans un monde où progresse le risque du monolinguisme, au fond de l’uniformité, il convient de se battre pour notre langue et pour les valeurs qu’elle porte. « C’est se battre pour la diversité culturelle. Que serait notre monde s’il n’était fait que d’une seule langue, d’une seule culture ? Que serait notre monde si la diversité n’y avait plus le droit de cité », souligne Nicolas Sarkozy. Le Président français estime donc que la Francophonie, est une solidarité au service de la diversité. « En février, dit-il, elle s’est exprimée auprès du peuple d’Haïti, confronté à la pire catastrophe de son histoire.

Notre organisation a su se mobiliser. Je veux rendre hommage à son action humanitaire, comme je veux saluer son engagement croissant dans le règlement des crises politiques et l’observation des élections : hier en Mauritanie, aujourd’hui en Guinée, demain je l’espère au Niger, en Côte d’Ivoire — oui, où il doit y avoir des élections comme partout ailleurs dans le monde —, à Madagascar.

Depuis la première réunion des pères fondateurs, à Niamey, il y a 40 ans, la Francophonie n’a cessé d’étendre le champ de son action. Aujourd’hui, avec 70 États membres ou observateurs dans notre organisation, nous représentons plus du tiers des membres des Nations unies. Et parfois, je me demande si nous sommes conscients de la force que nous représentons. Si nous en sommes conscients, nous pourrons exercer cette force ».

A Montreux, les francophones ont pris la mesure de leur force et décidé de faire de leur organisation un acteur fort des relations internationales qui entend jouer un grand rôle dans les réformes de l’ONU, du système monétaire international , dans la résolution des crises financières énergétiques et alimentaires et de la gouvernance mondiale. Le Burkina Faso, a assuré Blaise Compaoré, coopérera pour l’aboutissement de cette nouvelle vision et accordera un intérêt fort à la maîtrise de l’énergie qu’elle soit renouvelable ou nucléaire.

Victorien Aimar SAWADOGO

sidwaya.bf

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