25 octobre, 2010

XIIIe sommet de la Francophonie Nicolas Sarkozy veut une Francophonie, « Offensive et courageuse »



Devant une quarantaine de chefs d’Etat présents samedi à Montreux (Suisse) à la cérémonie d’ouverture du XIIIe sommet de la Francophonie, Nicolas Sarkozy a affiché ses ambitions pour la Francophonie qu’il veut « courageuse et offensive ». Oubliant ses notes, le président français a dénoncé les spéculations sur les marchés mondiaux des matières premières et réclamé une place au conseil de sécurité de l’ONU pour l’Afrique.

Parmi les présidents et chefs de gouvernement présents à Montreux, sa poignée de main était la plus recherchée. Et Nicolas Sarkozy est arrivé avec beaucoup de fermeté à la tribune de l’auditorium Stravinsky qui a abrité la cérémonie d’ouverture. Interpellant l’auditoire sur le poids de la Francophonie dans le monde avec ses 70 pays membres ou observateurs, soit plus d’un tiers des Nations unies, il a plaidé pour une Francophonie « courageuse et offensive ».

Nicolas Sarkozy qui s’apprête à assurer la présidence du G20 a aussi défendu les réformes qu’il compte mener, à commencer par la réforme du Fonds monétaire international, des Nations unies. Ses priorités, dès le 12 novembre, seront axées sur la gouvernance mondiale et la lutte contre la « volatilité extravagante » des prix des matières premières. C’est avec beaucoup de fermeté qu’il a d’ailleurs dénoncé les dérives spéculatives qui ont conduit, il y a deux ans, aux émeutes de la faim en Haïti et surtout en Afrique, quand les prix des denrées de première nécessité avaient soudain flambé.

« C’est à nous de prendre les choses en main. Pour éviter que de telles dérives ne puissent un jour provoquer des guerres (…). Nous sommes pris en otage par des mouvements spéculatifs que personne ne maîtrise. Les milliards de dollars générés ne profitent qu’à quelques individus », a-t-il martelé. Sur la gouvernance mondiale, Sarkozy est également monté au créneau pour dénoncer l’immobilisme et le conservatisme : « Nous avons changé de siècle. Il est temps de réfléchir à un changement de gouvernance mondiale. Est-il normal que l’Afrique qui représente plus d’un milliard d’habitants ne soit pas représentée au Conseil de sécurité ? Le G 199, j’y crois.

Le système actuel est condamné, il fait le lit de l’immobilisme et du conservatisme », a-t-il lancé dans une allocution fortement ovationnée. La recherche de financement innovant « en passant par une taxe sur les conteneurs, une autre sur les connexions internet, peu importe », est également une priorité du président français. « La société change, allons-nous chefs d’Etat et de gouvernement être les seuls à ne pas le comprendre ? Non ! Nous devons accompagner ce changement en étant courageux et offensifs ».

Reconnaissant que la Francophonie a toujours refusé le repli identitaire, le Premier ministre du Québec, Jean Charest, quant à lui, a insisté sur la nécessité de porter un regard sur l’avenir et d’ancrer la Francophonie sur le XXIe siècle. Pour cela, l’organisation a besoin d’être d’abord politique pour peser sur les grandes négociations internationales (NDLR : sur le climat, sur la réforme de Nations unies...).

Car dit-il, « les problèmes se sont mondialisés, les solutions doivent l’être ». La Francophonie a su se mobiliser dans les situations de crise en faveur de la paix, de la solidarité, de la promotion des droits humains. Environ 150 missions électorales ont été effectuées dans des Etats en situation de crise ou de sortir de crise. Le sommet de Montreux a donc fait un diagnostic de la gouvernance mondiale actuelle. Il ressort des discussions la nécessité de réfléchir à une meilleure adéquation de celle-ci aux réalités actuelles. C’est pourquoi, les présidents ont salué la proposition faite par la France d’ouvrir le G20 aux Etats non membres.

Abdou Diouf reconduit au poste de secrétaire général

Placé sous le thème : « Défis et vision d’avenir pour la Francophonie », le sommet a débattu de questions relatives à la gouvernance mondiale, au climat et la sécurité alimentaire, à l’avenir de la langue française, à la démocratie et aux droits humains. Sur la question de l’adaptation aux changements climatiques et de lutte contre la faim, la proposition du Président Compaoré de créer un réseau de chercheurs sur l’agriculture en vue d’établir des partenariats dynamiques, a été suivie par le sommet.

En effet, les universités suisses ont décidé de créer un pôle d’excellence en matière de science de l’ingénierie pour affirmer la vocation de la Francophonie comme vecteur de l’innovation scientifique et surtout encourager les échanges et le partage d’information entre chercheurs. Les propositions du sommet en vue d’exprimer la solidarité francophone sur les questions de diversité biologique seront examinées par le secrétariat général de l’OIF. La Francophonie a exprimé sa compassion envers les pays frappés (Bénin, Togo, Haïti, Ghana) par les catastrophes naturelles.

Ce sommet auquel la Suisse a surtout souhaité qu’il débouche sur des résultats concrets a permis de lancer la mise en place d’une solidarité francophone plus accrue sur les questions débattues afin de peser lourd à l’unisson sur les principes de gouvernance communs et la réforme du FMI. « Nous avons eu des échanges nourris », s’est d’ailleurs félicitée la présidente de la Confédération suisse, Mme Doris Leuthard. Pour elle, les conclusions des panels thématiques et des tables rondes ont permis de placer la Francophonie dans une perspective d’avenir. « La déclaration de Montreux remplit nos attentes », a dit Mme Leuthard En effet, le sommet a adopté une déclaration de Montreux et pris 9 résolutions. Cinq nouveaux pays (Estonie, Monténégro, Bosnie-Bosnie-Herzégovine, Emirats arabes Unis et Républicaine dominicaine) ont été admis comme observateurs.

Cette rencontre a également permis de renforcer le rôle et la place du français dans le monde. « Il ne faut pas être dans la défensive. Il faut que nous soyons toujours à l’attaque, non pas pour faire la guerre aux autres langues mais pour être à leurs côtés (…) », a aussitôt souligné le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, au cours de la conférence de presse de clôture du Sommet, ajoutant : « nous avons eu une entente exceptionnelle qui s’articule autour d’une certaine fraternité ». Les présidents et les chefs de gouvernement ont par ailleurs insisté sur la nécessité d’utiliser le français dans les instances internationales au nom de la diversité culturelle.

Selon la présidente de la Confédération suisse, Doris Leuthard qui a été félicitée pour la remarquable organisation du sommet, la reconduction du président Abdou Diouf au poste de secrétaire général de l’OIF est l’expression de la confiance des Etats membres en ses capacités de rassembleur et surtout de la volonté de faire entendre leur voix et de participer à la réforme de la gouvernance mondiale. Samedi en fin de journée, le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) Abdou Diouf a été réélu à l’unanimité.

Elu en 2002, réélu en 2006, il obtient ainsi un troisième mandat de quatre ans. Pour le nouveau secrétaire général de l’OIF, la déclaration de Montreux va guider l’action de la Francophonie au cours des deux prochaines années. « TV5 Monde, l’AUF et l’AIMA continueront à innover et à renforcer leurs synergies pour traduire les résolutions et recommandations en actes concrets sur le terrain », a-t-il expliqué.

Le prochain sommet aura lieu en 2012 à Kinshasa en République démocratique du Congo. C’est avec beaucoup de responsabilité et de fierté que le président Joseph Kabila qui a pris part à la conférence de presse de clôture en qualité d’hôte du prochain sommet a accueilli le choix porté sur son pays.

« Ça a toujours été le souhait (NDLR : la RDC n’avait pas pu organiser le sommet de 1990) et la volonté du peuple congolais surtout que notre pays est sur la voie de la consolidation de la stabilité », a-t-il conclu. La question des droits de l’homme est cruciale pour la RDC. Le sommet de Kinshasa devrait servir de test à la fois pour ce pays et pour la Francophonie vis-à-vis de la promesse réitérée de lutter en faveur de la bonne gouvernance et de l’Etat de droit.

S. Nadoun COULIBALY

sidwaya.bf

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire