21 octobre, 2010

Sommet de la Francophonie Le monde francophone se retranche à Montreux

Environ 70 chefs d’Etat et de gouvernement attendus et près de 3000 délégués convergent vers Montreux, dans le canton du Vaud en Suisse du 22 au 24 octobre à l’occasion du XIIIe Sommet de la Francophonie qui a lieu dans un contexte plus ou moins difficile pour la langue française.

Montreux, dans le canton du Vaud en Suisse, passe pour être le centre du monde francophone du 22 au 24 octobre 2010. Et ses autorités mettent les bouchées doubles pour assurer à leurs convives, un sommet tranquille. En effet, la Conférence internationale de la Francophonie regroupera 3000 participants et 600 journalistes accrédités.

« Nous devons veiller sur des personnalités protégées par le droit international et la surveillance de l’espace aérien n’est pas une mission qui peut être confiée à la police », a déclaré un responsable de la sécurité, le commandant de police vaudoise, Jacques Antenen dans un quotidien suisse « Le Matin ». Il faut dire que la petite localité est étroitement sous surveillance depuis l’arrivée des délégués. La presse locale parle même de sommet sous haute surveillance.

Une précaution qui n’est pas sans rappeler les menaces d’attentat qui ont circulé depuis un certain temps sur des capitales européennes comme Paris, Londres, Berlin et autres. C’est dans ce contexte de « psychose sécuritaire » et de grogne sociale en France contre la réforme des retraites -transports perturbés, pénurie de carburant- que s’ouvrent les travaux sur l’avenir du monde francophone. « Il me semble que la présence de la France au niveau linguistique et du français fait des progrès », reconnaît le ministre Français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. Mais, il ajoute que le problème du français n’est pas seulement une question de langue. « c’est aussi un problème de présence politique.

Sur certaines valeurs, la Francophonie peut être très importante. On l’a vu en Afrique de l’Ouest avec votre pays. L’influence du Burkina Faso est très importante dans tous les processus électoraux et de paix. C’est une démonstration qui a été faite par votre pays même », poursuit M Kouchner, arguant qu’il faut plus de moyens pour renforcer la présence du français dans le monde. Même si le contexte économique est loin d’être faste.

Environ 220 millions de francophones dans le monde

Les délégués de l’Organisation internationale de la Francophonie ont ouvert ce mercredi, leurs débats à Montreux, avec néanmoins une bonne nouvelle. Un rapport publié par l’Observatoire de la langue française indique que le nombre de francophones dans le monde est en hausse passant depuis 2007, de 200 à 220 millions de locuteurs.

C’est donc avec un sourire un peu crispé que les délégués se mettront au chevet de la langue française. La conférence ministérielle de la Francophonie,ouverte hier mercredi, a fait le bilan du secrétariat général de l’OIF. Les ministres ont porté leur regard sur une Francophonie rénovée, dynamique, dotée d’une vision. Ils ont également discuté des crises, de la bonne gouvernance et de la reconstruction d’Haïti, dévasté par un séisme en janvier dernier. « Toute ces questions dénotent d’une Francophonie plus solidaire, à la croisée des chemins certes, mais qui doit œuvrer à ce que les pays membres arrivent à sortir de la pauvreté.

Nous avons écouté le bilan du secrétaire général et plusieurs pays dont le Burkina ont demandé que le président Diouf puisse poursuivre la réforme entreprise et l’ambition qu’il se donne pour une Francophonie du XXIe siècle », explique le ministre de la Culture, du tourisme et de la communication du Burkina Faso Filippe Savodogo. Selon toute vraisemblance, Abdou Diouf devrait être reconduit pour un 3e mandat. La décision finale sera connue samedi à l’issue du XIIIe Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement.

Des inquiétudes planent sérieusement sur son avenir en Europe. En dehors de la France, de la Belgique et de la Suisse, la part de jeunes apprenant la langue de Molière (célèbre poète français) est en net recul. En Italie, les chercheurs observent les effets d’un changement de pratique en matière de 2e langue étrangère ; ce qui a conduit à une réduction drastique de l’allemand, mais aussi du français.

L’OIF qui se bat pour briser l’image d’une langue difficile est parfois confrontée à la désunion des francophones, notamment dans les instances internationales comme l’ONU. Le défi est d’autant plus grand aujourd’hui que le français au plan mondial, enregistre plutôt un succès fragile. Selon des projections faites par l’OIF, il y aura en 2050, plus de 85% des francophones en Afrique.

L’Afrique sauve le français

C’est donc du continent noir que vient le salut, notamment sa partie subsaharienne. Avec l ’océan Indien, elle compte 44% des jeunes apprenant le français. Et on estime que d’ici à 40 ans, l’Afrique accueillera plus de 500 millions de francophones. Au Burkina Faso par exemple, l’essor du français est spectaculaire. De 1996 à 2006, le nombre de gens parlant le français ou se déclarant l’avoir comme 1re langue a triplé.

« C’est lié à l’évolution de la situation de la scolarisation, de l’éducation. C’est aussi la jeunesse d’un continent qui se ressent au Burkina avec les grands efforts consentis en faveur de l’éducation. Le français, disons-le, est une langue transversale », commente le ministre burkinabè en charge de la Culture, Filippe Savadogo, ajoutant que le français décline en Europe et paradoxalement évolue en Afrique.

S Nadoun COULIBALY

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