21 octobre, 2010

Parcours des femmes journalistes Des doyennes partagent leurs expériences


A la faveur de la Journée nationale de la liberté de presse, le Centre de presse Norbert Zongo a organisé un panel-débat sur le thème : « la place de la femme dans les médias burkinabè », animé par trois doyennes que sont Aminata Ouédraogo, Jeanne Coulibaly, et Mafarma Sanogo. Celles-ci ont partagé leurs expériences avec la génération montante le 19 octobre 2010 à Ouagadougou.

« La sous-représentativité des femmes dans les sphères de décision tire ses origines des inégalités de perception et d’éduca tion entre les hommes et les femmes, dues à l’organisation sociale ». Cette remarque de Mme Aminata Ouédraogo, conseiller technique du ministre de la Culture, du Tourisme et de la Communication a été faite au cours du panel-débat sur la place des femmes dans les médias, le 19 octobre, à Ouagadougou. Elle a déploré la persistance de ces inégalités toujours vivaces, malgré l’avènement des sociétés démocratiques.

La situation est encore plus accentuée dans les pays en développement où l’ignorance, l’analphabétisme, la pauvreté et les pesanteurs socioculturelles s’érigent en véritables obstacles contre l’égalité entre les hommes et les femmes. « Les médias ne sont donc pas en reste, et les femmes ont été depuis longtemps reléguées au second plan », a-t-elle souligné, prenant à témoin l’œuvre de Molière intitulée « l’Ecole des femmes » selon laquelle, la science d’une bonne femme devrait se limiter à s’occuper de ses enfants et gérer les dépenses de la famille avec économie. De son point de vue, c’est dans cette logique que se définit le rôle ou la place de la femme, cantonnée à « des tâches de femmes ».

Comment peut-on alors parler d’égalité en pareille circonstances ? se demande t-elle. De son expérience en tant que journaliste-télé, elle retient les contraintes du métier, et des souvenirs tout aussi agréables que désagreables. « Comme c’était un métier d’homme, il est organisé de sorte que si vous voulez l’exercer en tant que femme, il faut s’armer de courage et d’intelligence pour braver les barrières ». Aux jeunes consœurs, elle a recommandé d’éviter à tout prix la courte échelle, de forcer le respect de soi-même, d’avoir de la retenue, des connaissances, de la performance et aussi de demeurer disponible, professionnelle, respectueuse et humble. Il faut de son avis, savoir ce qu’on veut, aimer et bien faire son travail.

L’ex-présentatrice du journal télévisé, Jeanne Coulibaly qui était précédemment attachée de presse à l’ambassade du Burkina Faso à Washington/USA, a particulièrement remercié le Centre de presse Norbert Zongo pour avoir honoré la femme, à travers le thème choisi pour la circonstance. Elle a également retracé son parcours et son expérience à la télévision nationale. « En tant que femme, ne fait pas de la télévision qui veut.

D’abord, il y a la télégénie, la prestance et surtout, il faut être forte de caractère pour surmonter les préjugés ». Jeanne Coulibaly se réjouit du fait que l’émission. « Au jour le jour » qu’elle animait, renommée Actu 7 entre-temps et maintenant, Actu Hebdo soit toujours fonctionnelle. Elle a affirmé que ce privilège de signer sur l’acte de naissance d’une émission qui a toujours été prisée est une source de satisfaction pour elle. Elle se souvient également du jour où elle a été appelée vers 18 h parce que le présentateur du jour avait un empêchement et à 19 h 55, elle était prête, sur le plateau et a réussi à sauver la situation.

Elle garde un mauvais souvenir, lorsqu’on a annoncé la mort de son confrère Norbert Zongo alors qu’elle présentait le journal télévisé. « J’ai éclaté en sanglots », se rappelle t-elle. A son retour des Etats-Unis, Jeanne Coulibaly a choisi de céder sa place de présentatrice à la génération montante et mène une carrière de chargée de communication au sein d’un projet du ministère des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique, plus précisement au CNSRT.

Marfarma Sanogo, actuelle directrice de cabinet du Médiateur du Faso a également fait part de son parcours à la radio et à la télévision nationale. Tout comme les autres, elle a vécu des bons et mauvais souvenirs. « Un journal de 20h raté en décembre 2004... A 10 mn du journal, les éléments n’étaient pas encore montés. Pour un directeur de chaîne, c’est douloureux », a-t-elle confié. Par ailleurs, elle a expliqué que des différentes situations vécues avec les superieurs hierarchiques ont été des rapports empreints tantôt de paternalisme, tantôt de domination, sans jamais baisser les bras.

« Les connaissances sont des choses qu’on ne peut pas vous enlever. Ne ratez pas les opportunités des formations. Ne dites pas que vous n’avez pas le temps », conseille-t-elle à ses jeunes consœurs. Elle les a exhortées à travailler pour démentir les idées préconçues et erronées sur les femmes des médias. Elle a surtout insisté qu’elles doivent occuper la place qui est la leur dans les médias en s’imposant par le travail bien fait et la force de caractère. Le Panel-débat a pris fin avec la projection d’un film sur l’assassinat de la journaliste russe, Anna Politkouskaïa.

Aimée Florentine KABORE

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