20 octobre, 2010

RAPPORT 2009 DU CSC MEME LEGEREMENT, SAN FINNA EPINGLE

Le 4 août 2010, la présidente du Conseil supérieur de la communication (CSC), Béatrice Damiba, remettait au chef de l'Etat, Blaise Compaoré, le Rapport public 2009 de l’institution qu’elle dirige. C’était pour, on pourrait ainsi dire, se conformer à l’une des exigences de la Loi N° 28-2005 du 14 juin 2005 portant création, composition, attributions et fonctionnement du Conseil Supérieur de la Communication. Que ressort-il de ce rapport d’une manière générale, et quel regard a été porté sur la presse écrite et en particulier sur SAN FINNA ?

Ce rapport 2009 fait le point sur : l’état d’exécution des missions, décisions et recommandations du Conseil ; la situation des médias dans notre pays ; la


Mme Béatrice DAMIBA
Présidente du CSC

situation de la liberté de la presse ; la qualité du contenu des programmes des médias ; le respect des textes législatifs et réglementaires relatifs à la communication et à la publicité en vigueur dans notre pays et enfin, le point sur les recommandations prospectives.

Le rapport du CSC note la signature solennelle de la Convention collective des journalistes professionnels et privés le 6 janvier 2009 et le lancement officiel le 4 mai 2010 de la Carte de presse des journalistes professionnels. Ces deux évènements constituent une avancée pour les médias burkinabé, mais ne sauraient cacher les manquements constatés par le CSC au cours de l'année 2009.

Sur le respect des dispositions des Codes de l'information, de la publicité et de la Charte des journalistes du Burkina, le CSC a relevé plusieurs manquements en ce qui concerne la presse écrite.

Au titre des écrits à caractère diffamatoire, 07 cas ont été relevés, concernant les hebdomadaires l’Indépendant, Bendre, San Finna, et le bimensuel L’Evénement. Au titre des cas de violation du droit à l’image, le rapport a relevé dans l’Observateur Paalga, Le Pays et Sidwaya, de nombreux manquements. Sidwaya et l’Observateur Paalga ont encore été maintes fois pointés du doigt pour le non respect de la présomption d’innocence. De nombreuses remarques ont été faites, portant sur des cas d’écrits à caractère injurieux ainsi que sur la publication d’images indécentes ou choquantes.

Au-delà des activités de contrôle, le CSC a fait un diagnostic du fonctionnement des médias privés. Il ressort de ce diagnostic qu'il y a un besoin de formation professionnelle, d'équipements techniques performants, de financements de ces médias.

On peut noter globalement en ce qui concerne la presse écrite, que pas un organe de presse ne se tire « blanc comme neige » des observations investigatrices du CSC. On a même parfois l’impression que l’institution s’est comme sentie dans l’obligation de forcer le trait pour épaissir une certaine image de rigueur de sa part.

En ce qui concerne SAN FINNA par exemple, le rapport fait mention du fait qu’ « il enregistre le plus gros volume de pages politiques. Il a ouvert ses pages à 15 partis politiques en 38 pages et demi. Cela donne en moyenne 2 ½ pages par parti politique. L’UNDD, à elle seule, a eu à son compte, 46,7% de l’espace. » Ensuite en page 44, il est reproché au journal la production d’un article à caractère diffamatoire. Voici les termes dans lesquels l’observation lui a été faite : « Cette approche partisane a été également constatée au niveau de San Finna dans l’écrit titré : ‘Assemblée Nationale : le questeur fait-il main basse sur le budget ?’, publié à la page 10 de l’édition n° 515 du 18 au 24 mai 2009. Dans cet écrit, le journal se plaint du silence d’un questeur de l’Assemblée nationale à qui le président de cette institution aurait demandé de répondre à une requête du journal relative à l’obtention du document budgétaire de l’institution. La narration des faits laisse entrevoir une mauvaise volonté du questeur alors que le rédacteur ne mentionne nulle part les raisons de cette insinuation. En d’autres termes, le journal n’est pas entré en contact avec l’intéressé pour comprendre son comportement présumé, toute chose qui pourrait nuancer l’écrit. Ainsi, l’insinuation du journal peut être considérée comme malveillante ».

Quel commentaire pouvons-nous en faire ? Simplement qu’au regard des manquements reprochés à la presse écrite en général, la seule observation faite à notre endroit aurait pu passer pour un péché véniel et n’entraîner aucune réaction de notre part si toutefois nous la pensions justifiée. Nous ne doutons aucunement de l’intention constructive des observations des auteurs du présent rapport. C’est donc dans un but tout aussi constructif que nous relevons que l’affirmation selon laquelle « le journal n’est pas entré en contact avec l’intéressé pour comprendre son comportement présumé » nous semble être une déduction fortement gratuite qui appelle de notre part une restitution des faits.

Par une correspondance en date du 14 avril 2009 adressée au président de l’Assemblée nationale, nous avons saisi l’institution aux fins d’obtention de certaines informations sur son budget 2009. Las d’attendre une réponse (positive ou négative, qu’importe), une seconde correspondance en date du 18 mai 2009, soit plus d’un mois après, fut à nouveau adressée au président de l’Assemblée. Nous passons sous silence nos multiples coups de fils durant tout ce temps au service de communication de l’institution. C’est suite à cette dernière correspondance que nous avons appris par son service de communication que le président avait donné des instructions pour que le questeur satisfasse notre requête. Nous pensions avoir appris une bonne nouvelle. Notre journaliste fit le pied de grue dans son bureau à plusieurs reprises sans qu’il ne daigne, même par amabilité ou par simple civilité, le recevoir. Mesdames et messieurs du CSC, nous n’allons pas pousser l’angélisme au point d’attendre jusqu’à la Saint glinglin devant des portes qui ont choisi de ne pas s’ouvrir. C’est le lieu pour nous de relever que dans des rapports comme celui-ci, l’objectivité devrait obliger ses auteurs à une description préalable du contexte d’évolution de la presse et à signaler le conservatisme obtus de certains agents de l’Etat avec lesquels sont en butte les journalistes à la recherche d’informations vraies. Il leur revient de souligner qu’en dépit de la circulaire du Premier ministre demandant aux agents de l’Etat d’être plus communicatifs sur les informations censées être à la disposition du public, certains continuent de pratiquer l’ « omerta ».

C’est aussi par ce biais que le CSC contribuera à l’amélioration du professionnalisme dans la presse.

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