20 octobre, 2010

CCOMMEMORATION DU 23 EME ANNIVERSAIRE DE L'ASSASSINAT DE THOMAS SANKARA SAM'S K LE JAH, AWADI ET SMOCKEY UN « CLASH » QUI ANNONCE DES MUTATIONS ?

Et si, au-delà des prismes d’analyse habituels de la célébration du 15 Octobre avec la 23 ème commémoration de l’assassinat de Thomas Sankara, le Sankarisme politique, au fond, avait fait son temps ? Telle est la question qu’on peut se poser au lendemain du 15 Octobre 2010. Mais commençons par le commencement en répondant aux questionnements qui s’imposent.

Le 23ème anniversaire de la mort de Thomas Sankara n’a pas drainé foule

Sam’S K Le Jah, Didier Awadi et Smockey
se recueillant sur la tombe de Thomas Sankara
à Dagnoe. Ca mérite qu’on s’y attarde à un moment où on dit que la jeunesse burkinabé, même africaine, en manque de références, réalise des transferts sur l’homme du 04 Août. Ca étonne, ça étonne d’autant plus que sur la ligne de départ, il y a directement engagés comme candidats ou indirectement comme soutiens de candidats à la présidentielle de novembre, des Sankaristes bon teint. Qu’est-ce à dire ? Que le temps a fait son œuvre et que finalement, il a eu raison de l'icône et de sa parole et que le sankarisme amorce la phase
de son déclin ? C’est possible mais pour bon nombre d’observateurs et même de Sankaristes de la première heure, telle n’est pas l’explication.

La défréquentation du cimetière est plutôt la résultante d’une crise de leadership et de confiance par rapport à la direction sankariste. Les rumeurs, trop longtemps entretenues et savamment distillées, ont fini par convaincre que le Sankarisme politique était un moyen d’enrichissement et/ou de prestige à bon dos sur le sacrifice de Thomas Sankara.

L’engagement dans la campagne électorale apparaît ainsi, pour nombre de Sankaristes, comme la preuve d’une inconséquence sankariste qui écorne l’image du héros et trouble son repos.

Autre prisme qui suscite interrogations, contradictions : la position de la veuve Sankara. On a souvent peine à la situer par rapport à Blaise Compaoré et à son régime, par rapport à son soutien aux mouvements sankaristes. Comment peut-elle, de façon quasi explicite, prendre position pour l’élection à venir alors qu’elle devrait être au rang de ceux qui en dénoncent l’illégitimité, l’illégalité ? Il y a de quoi rendre perplexes nombre de Sankaristes sincères qui y verraient là une compromission de la veuve éplorée.

Les Sam's K le Jah, Smockey et Didier Awadi, constituent un autre prisme, et peut-être le vrai, à travers lequel il faudrait engager le débat sur la critique, voire même la mise en examen, du Sankarisme politique. Ceux-là n’ont pas choisi la politique comme terrain de défense du Sankarisme. Tout au contraire. Ils ont campé leur ligne de défense et rassemblé leurs batteries sur le front de l’Art, de la musique, de la littérature. Chez eux, il s’agit moins de surfer sur l’homme du 04 Août pour gagner des mandats, la notoriété et la richesse que de puiser dans le fond de leur génie, des moyens de création qui perpétuent les idéaux pour lesquels Thomas Sankara a accepté de donner en obole sa vie. Là, c’est autre chose. Ils donnent d’eux-mêmes, ils se situent loin de la compromission, et par leur génie qui touche les âmes et qui résiste au temps, ils contribuent à l’éternité de Thomas Sankara.

C’est là peut-être qu’il faut voir le tournant qui se dessine dans la scénarisation de la célébration du 23 ème anniversaire.

Ils sont venus ensemble, à la surprise générale alors que le maître de cérémonie s'apprêtait à lancer la manifestation dans l'enclave créée autour des tombes du président Sankara et de ses compagnons pour installer les officiels.

Ils sont passés, sans un regard pour ceux qui se disent dépositaires de l’idéal sankariste, pour aller directement sur la tombe de leur «héros » sans daigner serrer les mains des doyens sankaristes confortablement installés aux premières loges. De la même façon, ils ont quitté les lieux, reproduisant la geste de Smockey damant en public sur Blaise Compaoré lors de la délivrance des Kora. Le seul auquel ils ont concédé la poignée de main, c’est Philipe Ouedraogo, Philippe Ouédraogo qui curieusement n’est pas un Sankariste. Mais le procédé vaut aussi signification qu’on peut ne pas être Sankariste mais avoir plus de dignité que ceux qui s’en déclarent les hérauts ; à l’extrême, un Me Hermann Yaméogo aurait pu à l’instant, bénéficier de cette poignée de mains ; il n’est pas au nombre des prédateurs de l’héritage sankariste.

Bref, une baffe dans la baffe qui ne fait qu’annoncer une reprise en main d’un combat qui pourrait se situer dans d’autres cercles pouvant ratisser large. En effet, on peut vouer de la sympathie, de l’admiration, de la reconnaissance à Thomas Sankara sans vouloir s’enrôler dans un Sankarisme politique tel qu’il est jusqu’à présent incarné. L’image du célèbre défunt pourrait ainsi regagner en sérénité et en repos éternel. Mais le temps nous dira si nous nous sommes égarés ou non en pures conjectures.

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