26 octobre, 2010

Côte d’Ivoire : enfin le bout du tunnel ?

L’horizon semble se dégager pour une tenue de l’élection présidentielle ivoirienne le 31 octobre 2010. Le Premier ministre Guillaume Soro a réussi après moult discussions, à résoudre le problème du mode de comptage des suffrages de l’élection présidentielle. Il a obtenu l’accord des acteurs du processus électoral sur le comptage électronique des voix par la Société informatique de localisation et de sécurité, (SILS Technology), filiale du Bureau national d’études techniques et de développement. Cependant, le comptage électronique se fera sous le contrôle d’un comité d’experts issus du cabinet du Premier ministre, de la Commission électorale indépendante (CEI), de la Facilitation, de la Mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et d’une Société informatique suisse.

On se rappelle que la semaine dernière, une polémique était née sur le comptage électronique des voix parce que l’opposition estimait que le patron de la SILS est un proche du président Laurent Gbagbo. Elle avait donc proposé un comptage manuel accepté entre temps par la CEI. Mais, cette solution comportait de nombreux risques car selon la Constitution ivoirienne, les résultats provisoires des élections doivent être livrés trois jours après le scrutin. Ce qui apparaissait comme une gageure au regard notamment du nombre d’inscrits sur la liste électorale : 5,7 millions d’Ivoiriens.

Cette décision traduit la volonté d’écouter les doléances, inquiétudes émises par les parties et de travailler à assurer la crédibilité du scrutin et la publication rapide des résultats. En effet, sous la supervision du comité d’experts, la SILS devrait pourvoir transmettre rapidement et de manière sécurisé, au siège de la CEI à Abidjan, les images des procès verbaux contenant les résultats des 22 000 bureaux de vote disséminés sur l’ensemble du territoire. Plus rien ne s’oppose pour le moment à une tenue du premier tour de l’élection présidentielle le dimanche prochain. Actuellement, la campagne bat son plein et les quatorze candidats sillonnent le pays pour faire le plein des voix.

Un tiercé se détache du lot, avec le président sortant Laurent Gbagbo du Front populaire ivoirien (FPI), l’ex Premier ministre Alassane Dramane Ouattara du Rassemblement des républicains (RDR) et l’ancien président Henri Konan Bédié du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). On peut se féliciter de l’ambiance paisible dans laquelle se déroule la campagne électorale ivoirienne. Exit les messages de xénophobie et place au débat « civilisé » avec même une forte dose d’humour du candidat Adama Dahico. La distribution des cartes d’identité et d’électeurs se poursuit.

L’acheminement du matériel et la formation des quelque 60 000 agents électoraux connaît un coup d’accélérateur quand bien même les autorités prévoient un léger report du scrutin au 14 novembre en cas de problèmes notamment logistiques. La Côte d’Ivoire voit-elle enfin le bout du tunnel ? Tout porte à le croire. En effet, le pays de « de feu Félix Houphouët-Boigny » revient de très loin. Depuis le milieu des années 80, la politique de l’« ivoirité » avait créé des tensions ethniques et politiques. Cette crise aboutit à une rebellion le 19 septembre 2002 qui a entrainé une scission de la Côte d’ Ivoire avec les Forces nouvelles au Nord. C’est finalement l’Accord politique de Ouagadougou signé en mars 2007 sous la houlette du Président du Faso Blaise Compaoré qui a permis d’aller résolument vers la sortie de crise.

Cet accord engage notamment les parties à créer les conditions « d’élections libres, ouvertes, transparentes et démocratiques » et à entretenir « un esprit de dialogue permanent basé sur la confiance mutuelle ». Depuis la signature de l’accord, le médiateur est au four et au moulin pour le retour de la Côte d’Ivoire sur le chemin de la paix et de la démocratie. Le Premier ministre Guillaume Soro déclarait récemment que « tant de choses ont été réalisées avec l’Accord politique de Ouagadougou. Et cet accord a donné à la Côte d’Ivoire une paix vraie, une paix sans hypocrisie et la présidentielle est une étape pour amorcer la paix totale ».

Les hommes politiques ivoiriens doivent donc garantir un bon déroulement du scrutin. Ils doivent avoir pitié du peuple qui a longtemps souffert de la guerre, de la partition du pays et de ses conséquences. En Afrique, la crainte des violences se situe surtout au cours et après les élections. En Côte d’Ivoire même, on est mémoratif des troubles qui avaient accompagné l’élection du président Gbagbo en 2000 et contestée notamment par son adversaire de l’époque feu le général Robert Guéï.

Au soir de la présidentielle de 2010 et lors de la proclamation des résultats, les leaders doivent se garder d’instrumentaliser leurs militants à des fins de violences. Il est impératif pour le vainqueur et les vaincus de respecter le verdict des urnes au risque de saper les efforts de la communauté internationale et de l’ensemble des Ivoiriens. En effet, la voix des urnes est la seule que doivent entendre aussi bien les candidats au « palais de Cocody » que toute l’Eburnie.

L’Afrique de l’Ouest et le monde entier ont les yeux tourné vers ce pays, poumon économique de la sous-région et premier producteur mondial de cacao. Sans cesse reportée depuis 2005, l’élection présidentielle de 2010 doit consacrer définitivement la sortie de crise et le retour à la stabilité de la Côte d’ivoire. « L’éléphant » doit retrouver sa superbe.

.sidwaya.bf/

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