09 septembre, 2010

Autodafé de Coran: la communauté internationale critique, le groupe évangélique américain persiste


Il affirme que «Dieu l'appelle à le faire»...

Alors que les musulmans du monde entier doivent célébrer autour du 10 septembre la fin du ramadan, le projet du pasteur américain Terry Jones de brûler le Coran suscite ce mercredi encore les critiques de la communauté internationale.
«Un geste de grave offense»

Ainsi, le Conseil pontifical du Vatican pour le dialogue interreligieux a affirmé dans un communiqué que ce serait «un geste de grave offense envers un livre considéré comme sacré par une communauté religieuse». Le Conseil, dicastère de la Curie romaine - équivalent d'un ministère – juge qu’«on ne peut pas remédier à des actes de violence aussi déplorables» que les attentats du 11-Septembre 2001 aux Etats-Unis, avec un projet comme celui promu par le groupe fondamentaliste chrétien Dove World Outreach Center.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a elle aussi «clairement condamné» ce projet ce mercredi, affirmant «respecter toutes les croyances religieuses». Un autodafé de Coran n’est pas «la bonne manière de procéder», selon la haute représentante de l’UE. Le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa a pour sa part dénoncé le projet d'un «fanatique».
«Une opportunité pour le terrorisme»

L'institution sunnite d'Al-Azhar du Caire, traditionnellement modérée, a estimé que «si le gouvernement (américain) ne parvient pas à l'arrêter (...) cela ruinera les relations de l'Amérique avec le monde musulman» et «constituera une opportunité pour le terrorisme». Un haut responsable des Frères musulmans égyptiens, Essam al-Erian, a quant à lui jugé que le projet «va accroître la haine envers les Etats-Unis dans le monde musulman».

Aux Etats-Unis, la Maison Blanche avait déclaré mardi que ce projet était «source d'inquiétude» et «place nos troupes en danger». La chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, a déclaré mardi soir lors d'un dîner de rupture du jeûne (Iftar) organisé au département d'Etat: «Je suis rassurée par la condamnation claire et sans équivoque de ce geste irrespectueux, qui est venue des chefs américains de toutes les religions (...) ainsi que des dirigeants américains laïques et des leaders d'opinion.»
«Dieu nous appelle à le faire»

Cependant, les quelque cinquante membres du Dove World outreach center de Gainesville, en Floride, refusent de fléchir: leur initiative est censée glorifier le souvenir des victimes des attentats, et ils croient «fermement que c'est Dieu qui [les] appelle à le faire».«Nous pensons que des vies sont en danger que nous le fassions ou pas. Si nous ne nous dressons pas pour dénoncer ça (l'islam, ndr) maintenant, en aurons nous même la possibilité dans dix ans?», s’interroge Wayne Sapp, pasteur adjoint du groupe religieux.

Cette initiative est dénoncée par nombre de chrétiens locaux. Le révérend Larry Reimer, de l'Eglise unie de Gainesville, a ainsi organisé en réplique une cérémonie de solidarité oecuménique pour dimanche, pendant laquelle 25 religieux de la ville, chrétiens, juifs et musulmans notamment, liront ensemble des textes.

`«Le problème n'est pas entre les religions, mais entre des fanatiques fondamentalistes qui existent de chaque côté. Juifs, chrétiens et musulmans sont plus que prêts à se tendre la main», assure-t-il. La preuve: les 2.000 signatures sur la pétition demandant à Terry Jones de renoncer à son autodafé, et qui lui sera remise vendredi.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire