Le chef de de l'Etat a promis aux Français une reprise
économique dans les prochains mois, lors de son interview télévisée du
14 juillet dimanche. Encore faut-il distinguer entre arrêt de la
récession et vrai redémarrage de l'activité...
Le président François Hollande a assuré dimanche
14 juillet qur la "reprise était là", lors de son interview télévisée
dans les jardins de l'Elysée.
REUTERS/Philippe Wojazer
Il y a un mois,
François Hollande voyait des "
des signes encourageants" de reprise économique en France. Aujourd'hui, le
chef de l'Etat
est plus affirmatif : "La reprise, elle est là!", a-t-il assuré depuis
les jardins de l'Elysée dimanche, lors de la traditionnelle interview
télévisée du 14 juillet.
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Signes encourageants" ou "récession": où en est l'économie française?
"Méthode Coué", "stratégie d'évitement de la réalité", "incantation": les
éditorialistes de la presse française ne sont pas tendres avec le chef de l'Etat ce lundi matin. Et ils ont raison. Certes,
l'économie tricolore montre quelques signes d'éclaircie. François Hollande a notamment cité "une production industrielle qui repart." En mars, avril et mai, la
production industrielle
cumulée a augmenté de 1% par rapport aux trois mois précédents et de
0,6% dans le seul secteur manufacturier, c'est-à-dire sans prendre en
compte l'énergie et le secteur minier. "Le rythme des entrées des
commandes augmente du fait d'un renforcement de la demande étrangère",
note ainsi la Banque de France.
Si la
production a diminué de 0,4%
en mai, elle avait bondi de 2,2% en avril. L'industrie française suit
une évolution semblable à celle de son homologue allemande, dont la
production a reculé de 1% en mai après un bond de 2% en avril. Cela est
"de bon augure" pour l'économie française, qui devrait donc avoir renoué
avec la croissance au deuxième trimestre après une brève récession,
avaient indiqué mercredi des économistes. De fait, les chefs
d'entreprise interrogés par la banque de France prévoient une poursuite
de la hausse de l'activité en juillet.
Un rebond plus qu'une reprise
Le
ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, a déclaré la semaine dernière s'attendre à une
croissance de 0,2% au printemps. Il s'aligne sur les
prévisions de l'Insee et de la
Banque de France.
L'Institut national de la statistique prévoit en effet un petit rebond
de 0,2% du produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre après
avoir confirmé une
période de récession marquée par un recul de 0,2% de l'activité économique sur chacun des deux trimestres précédents.
Mais sur l'ensemble de l'année 2013, l'Insee,
le FMI et la
Commission européenne
voient la France en récession, avec une contraction du PIB de 0,1%. Car
ce timide rebond de la production industrielle et du PIB est davantage
un rebond technique, une correction par rapport à la forte contraction
enregistrée fin 2012 et début 2013, qu'une tendance de fond.
La
conjoncture reste encore largement dégradée: les indicateurs sont en-dessous de leur moyenne de long terme. La
production industrielle est inférieure de 1,9%
à son niveau atteint l'an passé. La consommation des ménages, moteur
traditionnel de la croissance en France, est erratique (+0,5% en mai
après -0,3% en avril et +1,3% en mars). Selon l'OCDE, la croissance se
consolide aux Etats-Unis et au Japon, elle
gagne en vigueur en zone euro... sauf en France.
La
reprise dans les autres pays constitue d'ailleurs le meilleur espoir de
reprise pour l'hexagone, mais même celle-ci doit être relativisée. Car
les locomotives des pays émergents,
à commencer par la Chine, mais également, le Brésil, l'Inde et la Russie, donnent des signes d'essoufflement. Le
FMI vient d'ailleurs de revoir en baisse ses prévisions de croissance mondiale.
Le
commerce extérieur ne constitue d'ailleurs pas un moteur suffisamment
fiable pour la France. S'il a enregistré quelques bonnes performances
depuis 18 mois, les exportations sont encore trop tributaires des
livraisons d'Airbus et de trains. La
rechute du déficit commercial au delà de 6 milliards en juin est là pour le rappeler...
Une
reprise franche n'est donc pas à attendre avant l'an prochain. Selon
BNP Paribas, la croissance sera encore nulle au premier trimestre 2014,
pour ensuite repartir timidement (+0,2% au deuxième trimestre et +0,3%
au troisième et quatrième), soit une hausse globale du PIB sur
l'ensemble de l'année de seulement 0,5%. Une performance qui est bien
loin de la croissance potentielle de la France, estimée par l'Insee
entre 1,2% et 1,9% par an.
Des hausses d'impôts pour combattre le pessimisme?
François Hollande a déclaré dimanche
vouloir combattre "le pessimisme" qui caractérise la France. Le chef de l'Etat a du pain sur la planche. Les Français ont le moral dans les chaussettes.
Leur moral est tombé à un nouveau plus bas historique en juin,
sous l'effet notamment des craintes de hausse du chômage, selon
l'Insee. La hausse du nombre de demandeurs d'emplois s'est interrompue
en mai, après deux ans de flambée. Il ne s'agit pour autant pas de
l'inversion tant espérée par le chef de l'Etat de la courbe du chômage.
L'Insee anticipe en effet un regain de destructions d'emplois
en 2013 (113.000 après 92.000 en 2012), que la montée en charge des
emplois aidés, pourtant importante au second semestre, ne suffira pas à
compenser.
En l'absence de croissance et compte tenu de l'augmentation toujours dynamique en France de la population active, le taux de chômage atteindrait
11,1% fin 2013, très proche du record historique enregistré en 1994 et 1997 (11,2%).
Autre mauvaise nouvelle: François Hollande a laissé dimanche la porte ouverte à de
nouvelles hausses d'impôts l'an prochain. Ce n'est pas une surprise: six milliards d'euros de hausse d'impôts sont déjà inscrits dans le
budget 2014. Mais le pire reste peut-être à venir.
Pierre Moscovici n'écarte pas totalement de nouvelles hausses en 2015.
Selon le ministre de l'Economie, la possibilité que 2014 soit la
dernière année d'augmentation de la pression fiscale dépendra "de l'état
de l'économie française".
"Vous croyez que c'est agréable, quand
on arrive au pouvoir" d'augmenter les impôts?, a déclaré François
Hollande ce dimanche. "Je ne ferai d'augmentation d'impôts que si elles
sont indispensables", a justifié le chef de l'Etat, ajoutant: "dans
l'idéal, le moins possible". Les Français lui en sauront gré.
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