18 juin, 2013

L’Ethiopie met en danger la sécurité nationale de l’Egypte

LE CAIRE (© 2013 Afriquinfos) – Les tensions autour du partage de l’exploitation du bassin du Nil ne sont pas nouvelles dans la région de l’Afrique de l’Est mais elles s’intensifient ces dernières semaines avec le démarrage de la construction de « Grande Renaissance », le barrage sur le Nil Bleu en Ethiopie près de la frontière du Soudan.
L’Ethiopie met en danger la sécurité nationale de l’Egypte
CC by Heinz Albers. Photo d'une des rives du Nil près d'Algikia, en Egypte.
Il faut savoir que le Nil Bleu rejoint le Nil Blanc à Khartoum pour former le Nil, soit 85% des eaux qui traversent le Soudan puis l’Egypte avant de se jeter dans la Méditerranée.
La construction du barrage à commencer le 28 mai par simple décision de l’Ethiopie et sera très certainement inauguré en 2016 si les travaux avancent comme prévu.
Ce barrage hydro-électrique qui devrait coûter 3,2 milliards d’euros à l’Ethiopie lui permettrait de produire une quantité d’électricité équivalente à au moins cinq réacteurs nucléaires, ce qui en ferait le barrage le plus puissant d’Afrique et l’Ethiopie le premier producteur d’électricité.
Il est prévu que le barrage dévie le Nil Bleu sur 500 mètres et qu’il s’étende sur 1 780 mètres.
En avril 2011, l’Egypte semblait être conciliante sur le projet éthiopien, mais depuis la fuite d’« un rapport secret » dénonçant un « déficit d’eau de 44,7 milliards de mètres cubes en quatre ans » et la rumeur selon laquelle l’Ethiopie demanderait à Israël de financer le projet, Morsi décide de s’opposer à l’avancée des travaux portant atteinte à la « sécurité nationale » du pays.
Le gouvernement se réunit alors le 29 mai pour rappeler qu’il s’était opposé « à tout projet qui pourrait affecter le débit du fleuve ».
En effet, l’autosuffisance alimentaire de l’Egypte dépend de l’approvisionnement du fleuve en eau douce pour l’irrigation des cultures. Les conséquences révélées au grand jour par les médias privés sont les suivantes : une sécheresse de 1,2 million de feddans (ou demi-hectare) et la perte de 6 millions d’emplois dans l’agriculture. La production de l’électricité baisserait également de 20 à 40% selon des spécialistes de l’université au Caire.
L’Egypte revendique ses droits historiques de 1929 et 1959 avec le Soudan, lors de la colonisation britannique, qui leur accordait 87% du débit du fleuve, et un droit de véto pour le Caire s’il jugeait un projet contraire à ses intérêts.
Or le 13 juin, l’Ethiopie a ratifié l’accord sur l’Initiative pour le Bassin du Nil (IBN) datant de 1999 et signé en 2011 avec dix autres pays de la région. L’IBN remet en cause notamment le traité de 1959 pour un partage équitable des eaux du Nil.
L’Ethiopie continue d’affirmer qu’il n’y aura pas d’effets néfastes pour l’Egypte : « Le but est de détourner le fleuve de quelques mètres, puis de le laisser reprendre son cours normal », selon Mihret Debebe, directeur général de la compagnie publique d’électricité.
Cependant l’Egypte devrait peut-être renoncer à son auto-suffisance pour le bien de la région.
L’Egypte, qui n’a pas été consulté pour ce dernier accord et dont le président subit les pressions populaires, veut désormais s’acharner à bloquer le projet, quitte à intervenir militairement en Ethiopie : « Toutes les options sont ouvertes et de pressions, y compris militaires, sur Addis-Abeba sont possibles », déclare le ministre de la défense, le maréchal Sissi.
Le ministre égyptien des Affaires Etrangères devrait se rendre prochainement en Ethiopie pour exposer le point de vue de l’Egypte sur la question et pour apaiser les tensions.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire