Des ossements humains, enveloppés
dans un panier et des sachets plastiques, sont posés sur le bord de la
RN4, à Bendogo dans l’ex-secteur 29 de Ouagadougou, à quelques 200
mètres du marché de Bendogo. Ce serait des ossements de nain,
transportés là pour, dit-on, conjurer un mauvais sort.
Spectacle inattendu et insolite que ce
panier posé au bord de la route Ouaga-Koupèla, à la sortie Est de
Ouagadougou, ce jeudi 27 juin 2013 aux environs de 8h. Les badauds,
hommes, femmes et enfants de tous âges, s’arrêtent pour y jeter un coup
d’œil, prendre quelques clichés et continuer leur route après avoir
lâché quelques commentaires.
Dans ce panier, dans un entrelacs de
sachets plastiques noirs, de tissus et de feuilles de plantes séchées,
est posé un crâne humain. C’est l’élément le plus visible des ossements
cachés dans l’enchevêtrement.
« On n’enterre pas un nain facilement »
« Ce sont les ossements d’un nain », disent les premiers sur les lieux à ceux qui viennent d’arriver, avides d’information. « Il a été transporté ici hier nuit (dans
la nuit du mercredi au jeudi) », confie à Burkina 24 une dame,
commerçante au marché de Bendogo, situé à quelques jets de pierre du
panier insolite. « Il était à Nioko la veille », continue-t-elle. « Ce sont eux qui l’ont amené ici ».
La question logique qui se pose est de
savoir pourquoi des reliques humaines sont ainsi exposées à l’air libre
sans que les autorités policières ou même les populations s’en émeuvent.
La réponse est donnée sur place. « C’est sacré », confie la commerçante. « Quand un nain meurt, on ne l’enterre pas facilement. Il passe de localité en localité », débite-t-elle.
« Il a dû venir de plus loin qu’ici, puisqu’il ne reste plus que des ossements », appuie un autre curieux, plus âgé. « Chaque
chef se débrouille pour qu’il ne reste pas sur son territoire. Et s’il
saute un chef, ce chef mourra ! Il doit être déplacé ainsi de suite
jusqu’à la Cour du Mogho Naaba, lui pourra faire des rites pour qu’il
soit enterré », ajoute un autre badaud, qui semble être sûr de son fait.
Il ne pleuvrait pas … à cause de « lui »
Mais il y a autre chose et qui pourrait expliquer ce début de saison pluvieuse difficile à Ouaga. « Vous le voyez comme ça là, l’eau ne le touche pas », dit la commerçante. « Tant qu’il est dans une localité, il ne pleut pas », affirme
un autre curieux. Chose à souligner, la plupart des personnes qui
jetaient un coup d’œil aux reliques ne sont pas surprises et semblent
être au courant du fait.
« Ce sont des histoires ! »
Abdoulaye Nikiéma n’est pourtant pas de leur avis. « Ce sont des histoires ! Il y a des choses pires que ça mais cela n’a pas empêché la pluie de tomber », dit-il, chapelet autour du cou. « Si Dieu a dit qu’il va pleuvoir, ce n’est pas lui qui peut l’empêcher de pleuvoir ! », ajoute-t-il.
Selon les badauds, ces ossements ne doivent pas rester à Bendogo.
Le chef traditionnel de Bendogo, rejoint par Burkina 24 à son domicile, confirme. « Nous allons réunir les vieux pour voir ce qu’on va en faire », dit-il. Mais il n’a pas souhaité s’épancher sur le sujet. Il a juste confirmé que ces ossements « viennent de loin »
et qu’il n’était pas bon qu’ils restent dans le quartier. A la question
de savoir si c’est « lui » qui empêche la pluie de tomber, le chef
répondit en riant : « Ah, nous ne savons pas ! Peut-être ! ».
Quoi qu’il en soit, à 12h30, ce même
jeudi 27 juin 2013, le ciel s’est obscurci de gros nuages et une fine
pluie s’est abattue pleuvait sur Ouagadougou.
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