27 juin, 2013

La Lituanie veut une présidence de l’UE tournée vers l’Est


. © Petras Malukas La Lituanie veut placer sa présidence semestrielle de l’Union européenne à partir du 1er juillet sous le signe d’un rapprochement avec les ex-républiques soviétiques de l’est, une initiative perçue par Moscou comme une ingérence dans sa zone d’influence.
“L’Europe doit comprendre que le moment est crucial pour que ses partenaires de l’est se rapprochent de l’Union européenne. Nous voulons aider ces pays”, déclare la présidente lituanienne Dalia Grybauskaite dans une interview à l’AFP.
La Lituanie qui succède à l’Irlande va accueillir en novembre un sommet entre l’UE et les six Etats du Partenariat oriental -Ukraine, Moldavie, Bélarus, Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie.
L’UE doit les impliquer dans “un processus d’intégration plus rapide et plus profond”, évitant d’appliquer “deux poids, deux mesures” à l‘égard de ces pays et de leur ancien maître russe sur des sujets comme la libéralisation des visas, affirme Mme Grybauskaite.
Lors du sommet du Partenariat oriental, l’Ukraine pourrait signer un accord commercial d’association avec l’UE, en discussions depuis longtemps.
Mais l’UE a indiqué à maintes reprises qu’elle souhaitait d’abord régler avec Kiev plusieurs questions concernant les droits de l’Homme et en particulier la détention de l’ex-Premier ministre Ioulia Timochenko.
“L’affaire Timochenko est devenue un symbole et ils doivent le comprendre, ils doivent faire quelque chose”, estime Mme Grybauskaite, ajoutant que l’Europe “n’allait pas dicter exactement” ce que Kiev devrait faire pour permettre la conclusion d’un accord.
La Russie inquiète
Moscou, qui de son côté presse l’Ukraine de rejoindre l’Union douanière russe, s’inquiète de la concurrence de ce Partenariat oriental.
“Nous sommes quelque peu préoccupés par les appels lancés par certains responsables politiques pour dicter aux pays du Partenariat oriental leur choix d’une association ou d’une autre”, a commenté jeudi l’ambassadeur de Russie en Lituanie Vladimir Chkhikvadze dans le quotidien Vilniaus Diena.
Le Kremlin a vu dans le Partenariat oriental lancé en 2009 par la Pologne et la Suède, “le signe d’une compétition géopolitique”, explique Vytis Jurkonis, analyste à l’Université de Vilnius.
Pour lui, le Partenariat oriental devrait permettre “d’orienter le radar de la politique étrangère de l’UE vers l’Est autant que vers le Sud” après le printemps arabe et les évènements du Proche-Orient.
Au moyen-âge, le Grand Duché de Lituanie était une puissance européenne majeure qui s‘étendait de la Baltique à la Mer Noire, rappelle Antanas Kulakauskas, professeur d’histoire à l’Université Vytautas Magnus de Kaunas (centre).
“Mais les aspects géopolitiques et économiques ne sont pas moins importants. La frontière orientale de l’UE est à 30 kilomètres de Vilnius et la Lituanie n’en tire pas d’intérêt économique”, souligne-t-il.
Première république soviétique à se séparer de l’URSS en mars 1990, la Lituanie est aujourd’hui ancrée à l’Ouest, membre de l’UE et de l’Otan depuis 2004, et prévoit d’entrer dans la zone euro en 2015.
Lors de la crise mondiale, son économie a plongé de 14,8% en 2009 et Vilnius a du prendre des mesures d’austérité drastiques pour retrouver le chemin de la croissance (+3% attendus cette année, selon le ministère des Finances).
“La Lituanie pourrait se présenter comme un modèle de pays flexible ayant réussi à maîtriser la crise rapidement”, commente Nerijus Maciulis, chef économiste de la Swedbank à Vilnius.
Après l’accord politique conclu jeudi à Bruxelles sur le budget de l’UE pour la période 2014-2020, la présidence lituanienne va devoir négocier les détails de ce programme de 960 milliards d’euros.
“Il y a environ 70 actes juridiques que nous allons devoir négocier avec le Parlement européen”, souligne Mme Grybauskaite.
Parfois surnommée “la dame de fer” pour ses exigences de discipline budgétaire, Mme Grybauskaite, une ancienne commissaire européenne au Budget, avait déjà planché sur le budget de l’UE 2007-2013.
L’accord sur le budget doit encore être approuvé par une majorité qualifiée des 754 députés du Parlement européen qui se réunit en session plénière à partir de lundi prochain.
Après la Lituanie, c’est la Grèce qui prendra la présidence de l’UE le 1er janvier 2014.
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