19 mai, 2013

L’armée nigériane ratisse des quartiers islamistes de Maiduguri


L’armée nigériane ratissait dimanche des quartiers de Maiduguri, berceau historique du groupe Boko Haram dans l’Etat de Borno (nord-est), et imposait un blocus pour empêcher le ravitaillement de zones tenues par des islamistes, ont rapporté des habitants.
Le Nigeria mène depuis mercredi une offensive d’envergure contre le groupe islamiste, déployant plusieurs milliers de soldats dans les Etats de Borno, Yobe et Adamawa, dans le Nord-Est, où l‘état d’urgence a été décrété pour reconquérir des zones passées sous contrôle des insurgés.
Si jusqu’ici les frappes aériennes et les attaques terrestres étaient concentrées sur des zones faiblement peuplées, l’assaut mené sur Maiduguri marque un tournant dans l’opération de l’armée nigériane, considérée comme l’une des plus puissantes d’Afrique.
“Il y a une énorme file de camions remplis de produits de première nécessité (...) le long de Baga road, en direction du nord,” a déclaré Ibrahim Yahaya, un habitant de Maiduguri. “Il y en a au moins 30 (...) et des chauffeurs disent avoir été empêchés de partir vers le Nord, craignant que certains des produits n’atterrissent dans les mains de Boko Haram”, a-t-il ajouté.
L’armée a également demandé aux habitants de dénoncer “tout groupe de personnes errant dans les communautés locales avec une grande quantité de bidons, à la recherche de carburant”, dans un communiqué publié samedi.
Les pénuries ont commencé à toucher la ville nigériane de Gomburu Ngala, à la frontière du Cameroun, où des déplacés, redoutant des raids aériens, continuaient d’affluer dimanche.
“Les camions de marchandises ont cessé d’arriver de Maiduguri depuis la semaine dernière”, a rapporté Grema Babagoni, un habitant joint par l’AFP par téléphone via une ligne téléphonique camerounaise, les liaisons téléphoniques locales nigérianes étant suspendues depuis le lancement de l’offensive militaire.
Des quartiers de Maiduguri passés au peigne fin
Les pénuries, selon cet habitant, ont déjà fait grimper les prix de 25% “et si le blocus continue, on pourrait venir à bout des réserves”, s’est-il inquiété.
Gomburu Ngala accueille un flux incessant d’habitants du district de Marte, une des localités tombées au mains de Boko Haram avant le début de l’offensive.
Marte fait partie des zones touchées par les frappes aériennes, selon les témoignages recueillis auprès d’habitants.
A Maiduguri, un couvre-feu permanent a été instauré dans douze quartiers de la ville considérés comme des fiefs du groupe islamiste en vue d’“opérations spéciales” de l’armée.
Dans un communiqué, samedi, l’armée a annoncé la mort de “dix terroristes présumés” dans un quartier de Maiduguri “passé au peigne fin” pour en extirper “tous les insurgés encore en vie”, et l’arrestation de 65 autres qui tentaient d’infiltrer la ville.
L’armée avait pilonné plusieurs quartiers de la ville à l’aide d’armes automatiques et d’obus de mortier lors d’une vaste opération contre les islamistes qui avait fait plus de 800 morts en 2009.
Le chef charismatique de Boko Haram à l‘époque, Mohamed Yusuf, avait été tué au cours de cette offensive, et le groupe avait cessé toute activité pendant près d’une année.
Depuis sa réapparition en 2010, le groupe islamiste a mené de nombreux attentats contre les forces de l’ordre, des symboles de l’Etat, des églises et contre le siège des Nations unies à Abuja.
De nombreux experts craignent que cette nouvelle offensive armée ne parvienne pas à venir à bout de Boko Haram, qui risquerait alors de s’enfoncer d’autant plus dans la clandestinité.
Des voix se sont élevées pour demander aux dirigeants de résoudre les problèmes sociaux qui alimentent l’insurrection, notamment la pauvreté et la corruption des élites.
Le Nigeria est le premier producteur de pétrole d’Afrique mais la majorité de ses 160 millions d’habitants vit avec moins de deux dollars par jour, ce qui, selon certains experts, nourrit les frustrations d’une jeunesse qui s’est radicalisée au point de rejoindre les insurgés islamistes.
L’insurrection et sa répression par les forces de sécurité ont fait quelque 3.600 morts depuis 2009, selon l’ONG Human Rights Watch.
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