19 mai, 2013

Tunisie: affrontements de salafistes avec la police à Tunis et Kairouan


Des affrontements ont éclaté dimanche entre policiers et salafistes dans la banlieue ouest de Tunis ainsi qu‘à Kairouan, après que les autorités ont refusé la tenue du congrès du mouvement salafiste jihadiste Ansar Ashriaa dans cette ville.
Faute d’avoir pu tenir son congrès à Kairouan (150 km de Tunis), ville bouclée par un impressionnant dispositif de sécurité, Ansar Ashriaa avait appelé ses partisans à se rassembler dans la Cité Ettadhamen, un bastion salafiste à 15 km à l’ouest de la capitale.
En milieu de journée, des heurts ont éclaté entre policiers et salafistes dans les rues de ce quartier, où des centaines de salafistes ont érigé des barricades à l’aide de pneus en feu.
Les salafistes jetaient des pierres sur les policiers qui répondaient par des gaz lacrymogènes et des tirs de sommation.
Des blindés de la garde nationale sont arrivés en renfort ainsi que des camions de l’armée pour tenter de disperser les militants.
Dans le même temps, des affrontements opposaient des salafistes et forces de l’ordre à Kairouan.
Les militants, barricadés derrière le mur d’enceinte d’une mosquée du quartier Bab Achouhada du centre-ville, jetaient des pierres sur la police qui répliquait là aussi avec des gaz lacrymogènes.
“Nous appelons tous nos frères à être présents en grand nombre à la cité Ettadhamen, dans la capitale”, avait annoncé dimanche Ansar Ashariaa sur sa page officielle Facebook.
Un représentant du mouvement, Sami Essid, a ensuite assuré à l’AFP que le congrès du mouvement était en cours dans cette banlieue.
Selon une habitante d’Ettadhamen, un quartier populaire, un grand nombre de militants d’Ansar Ashariaa y circulaient en groupes.
Certains étaient armés de bâtons, d’autres d’armes blanches et brandissaient la bannière noire de leur mouvement. Sur la place du marché, ils scandaient “nous allons à Ettadhamen”, a relaté cette femme.
Ce quartier avait déjà été la semaine dernière le théâtre d’affrontements entre salafistes jihadistes et la police qui les empêchaient de planter des tentes de prédication.
Interpellations
Après la décision d’interdire le rassemblement d’Ansar Ashariaa, prévu à partir de 15H00 GMT face à la mosquée Oqba ibn Nafaa de Kairouan, un vaste dispositif de sécurité a été mis en place, les forces de l’ordre bouclant les entrées de la cité et déployant des centaines d’hommes à travers la ville.
Les véhicules étaient presque systématiquement fouillés et les barrages de la police sur le périphérique empêchaient depuis samedi les hommes barbus, un attribut salafiste, d’entrer dans la ville.
Une journaliste de l’AFP et des médias tunisiens ont fait état d’interpellations de militants salafistes à Kairouan et dans d’autres villes.
Le porte-parole d’Ansar Ashariaa, Seifeddine Raïs, a notamment été arrêté à Kairouan, une information annoncée par l’organisation salafiste puis confirmée par une source sécuritaire.
“Il a été interpellé à l’aube alors qu’il faisait un footing devant les policiers”, a déclaré la source policière à l’AFP, qui a qualifié le comportement de M. Raïs de “provocation”.
Le gouvernement tunisien dirigé par le parti islamiste Ennahda, qui a reconnu début mai la présence de groupes armés d’Al-Qaïda sur son territoire, a interdit le rassemblement annuel d’Ansar Ashariaa, en le qualifiant de “menace pour la sécurité” du pays.
Ennahda a longtemps été accusé de laxisme pour avoir toléré les groupuscules salafistes. Il a cependant considérablement durci sa position après que seize militaires et gendarmes ont été blessés fin avril et début mai par des mines posées par des groupes armés traqués à la frontière avec l’Algérie.
Ansar Ashariaa accuse de son côté Ennahda de mener une politique anti-islamique et a menacé de “guerre” le gouvernement.
La Tunisie a vu depuis la révolution de 2011 se multiplier les violences orchestrées par la mouvance salafiste. Le pays est aussi déstabilisé par une profonde crise politique et le développement des conflits sociaux face à la misère.
Le chef d’Ansar Ashariaa , Saif Allah Bin Hussein dit Abou Iyadh, est un vétéran d’Afghanistan ayant combattu avec Al-Qaïda. Il est en fuite depuis l’attaque de l’ambassade des Etats-Unis, les autorités le considérant comme l’organisateur de cette manifestation qui avait dégénéré en affrontements (quatre morts parmi les assaillants).
L‘état d’urgence, qui donne des pouvoirs accrus à l’armée et aux forces de l’ordre, est en vigueur en Tunisie depuis janvier 2011 et la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali.
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