03 novembre, 2011

Pourquoi le G20 triomphal de Sarkozy n'aura pas lieu

Il y a un an le chef de l'Etat nourrissait de grands projets pour le G20 de Cannes, espérant ainsi légitimer sa place de leader international et de candidat à la présidentielle. Mais à la veille du sommet, Nicolas Sarkozy voit ses espoirs réduits à néant.

Le Président du Conseil européen Herman Von Rompuy, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel à Bruxelles.
Le Président du Conseil européen Herman Von Rompuy, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel à Bruxelles.
REUTERS/Thierry Roge

Ce devait être un grand moment pour la France. Et surtout pour Nicolas Sarkozy. En arrivant à obtenir la présidence du G20 et du G8 de 2011, grâce à l'aide de son ami Gordon Brown, le chef de l'Etat espérait faire d'une pierre deux coups : devenir le grand président à l'International qu'il a toujours rêvé d'être, et crédibiliser sa candidature aux élections de 2012. "D'une certaine façon, on est servi par la crise" déclarait-il en novembre 2010, ne cachant alors pas ses ambitions. A l'époque le Président français nourrissait des projets grandioses pour l'économie mondiale : réformer le système monétaire international (régler le double problème du dollar et du yuan), limiter la volatilité des cours des matières premières et agricoles, ou encore moderniser la gouvernance mondiale. Il n'en sera rien, ou pas grand chose. Déjà parce que les ambitions de Nicolas Sarkozy étaient trop ambitieuses... Mais aussi parce que depuis novembre 2010, les choses ont bien changé pour la France et son Président.

L'Europe n'inspire plus confiance

Il paraît loin le temps où l'Allemagne et la France débarquaient au G20 avec le dessein, un brin péremptoire, de moraliser la Planète finance. A l'époque - lors du G20 de Londres notamment - les déboires des marchés apparaissaient comme la cause de tous les maux de l'économie mondiale. Aujourd'hui, au bord de la noyade, l'Europe a endossé le costume de la responsabilité de la crise, dilapidant en moins de temps qu'il ne faut pour le dire son capital crédibilité.

Et il est probable que le G20 soit l'occasion rêvée pour les autres Etats de le lui rappeler. Tous les protagonistes ont beau se dire soucieux de "soutenir et rééquilibrer l'économie mondiale face aux risques importants de détérioration ", pour la plupart, rien ne peut-être fait avant que l'Europe ne soigne ses propres maux. C'est d'ailleurs pour cette raison que les Européens, Nicolas Sarkozy en tête, se sont tant hâtés à trouver une solution pour la Grèce. Las, les grandes promesses de l'Union européenne ne seront pas au rendez-vous.

Mardi, à la surprise générale, le Premier ministre grec, Georges Papandréou, a décidé de soumettre l'accord européen sur la Grèce au referendum populaire traçant ainsi un grand point d'interrogation sur l'avenir de la zone euro. De quoi bouleverser en profondeur l'agenda des leaders mondiaux. Et contrarier Nicolas Sarkozy qui pensait pouvoir accueillir les grands ce monde à Cannes avec la solution de la crise de la zone euro.

Les rapports de force ont changé

Comme les Européens, les Américains aussi auront du mal à prendre le leadership de ces assises. Désavoué dans les sondages et paralysé par les Républicains, Barack Obama ne peut que se faire discret, tandis que la Chine et les pays émergents dans leur ensemble devraient être à l'honneur. Outre leur place grandissante dans l'économie mondiale, la récente initiative de la Chine, du Brésil, et de la Russie pour prêter de l'argent aux pays européens en difficulté est symbolique de leur nouveau rôle à l'échelle mondiale. Pékin surtout, qui dit détenir 500 milliards de dollars de dette européenne, et qui a évoqué une participation dans le FESF, sera en position de force.

Pourquoi le G20 triomphal de Sarkozy n'aura pas lieu

Le président chinois Hu Jintao (ici à Pékin le 9 octobre 2011).

REUTERS/Minoru Iwasaki/Pool

Elle devrait ainsi échapper plus facilement au délicat sujet de son taux de change. Reste toutefois à savoir ce qui sera négocié en coulisse. Si la Chine reste discrète sur ses intentions, le Brésil ne cache pas sa volonté d'accroitre sa part des droits de vote au FMI en augmentant sa contribution permanente. Comme le souligne le chroniqueur du Point, Michel Colomès, " Il va falloir beaucoup d'habileté à Nicolas Sarkozy pour empêcher que le sommet de Cannes soit seulement une consécration de la position stratégique privilégiée de la Chine ".

Le G20 lui-même a perdu en crédibilité

En 2008, un vent d'enthousiasme planait sur le G20 : l'instance se substituait au vieillissant G8, et apparaissait comme la seule organisation capable de mettre un terme aux dérives du capitalisme sans foi ni loi. Mais de déceptions en déceptions il a bien fallu se rendre à l'évidence. Sur l'encadrement des bonus, la disparition des paradis fiscaux, ou encore la règlementation bancaire... les avancées ont été plus que limitées. De quoi faire planer un vent de scepticisme sur l'incontournable lieu de décisions des grandes instances internationales.

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