23 novembre, 2011

Candidature de Wade en 2012 : A chacun ses constitutionnalistes

L’opposition agrégée dans Bennoo Siggil Sénégaal s’en était déjà allée quérir l’avis d’éminents juristes de par le monde sur la recevabilité de la candidature d’Abdoulaye Wade ?
Qu’à cela ne tienne ! Wade de son côté a réuni les siens en séminaire le 21 novembre dernier à Dakar sur le même sujet.


Leur verdict ? Eh bien sur les 14 sommités, 13, à l’exception du Sénégalais Madani Sy, ont émis le même avis: la candidature de “Gorgui” est bel et bien recevable pour la présidentielle du 26 février 2012.
Certes on n’a aucune raison de mettre en doute l’intégrité et la probité intellectuelle de ces hommes de loi de très haute facture, même s’ils se sont réunis au Sénégal et dans les meilleures conditions on le suppose, on pense qu’il s’agit de spécialistes pétris d’expériences sachant bien, même s’ils ont été invités aux frais de la princesse, conserver leur devoir d’ingratitude.
Il est vrai qu’on en a vu d’autres, tels les Roland Dumas et Jacques Vergès réputés au-dessus de tout soupçon, s’échiner à valider le coup de force constituttionnel d’un Laurent Gbagbo. Gageons que ce n’est pas de ceux-là qu’il s’agit ici.


Selon donc cette brochette d’hommes de loi, la Constitution du 22 janvier 2001, qui stipule effectivement que le mandat présidentiel est limité à 2, ne s’applique pas à Wade, car il ne concerne pas le premier septennat, acquis sous “l’empire” de la Constitution du 7 mars 1963.


Exit selon eux aussi, la révision de 2008, qui n’a pas prise sur le mandat en cours.
Voilà donc une dizaine de constitutionnalises émérites qui apportent leur blanc-seing à la recevabilité de la candidature du Pape du Sopi. Encore que ce ne soit qu’un avis dont peut théoriquement ne pas tenir compte le juge constitutionnel sénégalais, une attitude quasi improbable sous nos cieux tropicaux, même au Sénégal, vu que ces gardiens du temple, qui sont nommés par qui on sait, aiment souvent renvoyer l’ascenseur.
En vérité recevabilité ou pas recevabilité, tout le monde sait que le problème qui agite le landernau politique sénégalais relève moins du droit que de l’opportunité et de l’éthique politique : il y a, d’abord, le parjure retentissant du capitaine (“J’ai dit et je me dédis”) ; ensuite, il y a son âge : à 85 ans “hors TVA”, raillent ses adversaires, “Ablaye” Wade peut-il valablement diriger le Sénégal jusqu’en 2017 ?

Or, il garde toutes ses chances de rempiler.
Car de plus en plus, et ce, malgré la déculottée des municipales du 22 mars 2010 infligée au PDS, on a l’impression que si le mouvement social Keur Gui (y en a marre) rejette la candidature de Wade, pour des raisons de conditions de vie, son pendant politique, Benoo Siggil Senegaal, cache mal sa peur de perdre face au vieux chef. Un sondage effectué entre les 15 et 30 septembre (échantillon : 6 000) par la société BDA, établie au Sénégal, ne donne-t-il pas Wade vainqueur au 1er tour (53%) suivi de Macky Sall (11%) et d’Idrissa Seck (9%) ?


Même si ce n’est qu’un sondage, on se demande si ce ramdam autour de la candidature de Wade n’avait pour seul but que de sublimer un éventuel échec des adversaires du président sortant.
Un argument de l’opposition mérite tout de même d’être pris en considération : même si on vit centenaire chez les Wade et que le Wade sortant est un cas pathologique de bonne santé, l’opportunité de la candidature du nonagénaire qu’il est pose tout de même problème.

Par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

observateur.bf/

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