10 août, 2011

Des combattants mauritaniens apparaissent dans une vidéo d'al-Qaida

Al-Qaida tente de profiter du Ramadan pour recruter de nouveaux membres et montrer qu'elle reste encore une force présente dans la région.

Par Bakari Guèye pour Magharebia à Nouakchott

[File] Les Mauritaniens sont très présents dans la dernière vidéo d'AQMI, ainsi que des combattants d'Algérie et du Mali.

[File] Les Mauritaniens sont très présents dans la dernière vidéo d'AQMI, ainsi que des combattants d'Algérie et du Mali.

Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) vient de publier une nouvelle vidéo à l'occasion du début du Ramadan. Ce documentaire de 100 minutes montre essentiellement des combattants originaires du Mali et de Mauritanie, et réaffirme la loyauté du groupe envers le leader d'al-Qaida Ayman al-Zawahiri.

"Le contenu du film est révélateur", explique Sidi El Kheir, un spécialiste du terrorisme. "On y trouve des séquences de certaines révolutions arabes, en Egypte, au Yémen, en Syrie et en Libye. L’accent est mis sur la répression des forces de l’ordre contre les manifestants."

Il ajoute que cette vidéo "met aussi en valeur les chefs de l’organisation, à commencer par Oussama ben Laden et son successeur, Ayman al-Zawahiri."

"On y voit aussi les Libyens Abou Yahya and Abou Leith, Sheikh Ali Belhadj et de nombreux autres émirs", ajoute El Kheir. Il souligne également la présence de membres d'AQMI originaires du nord du Mali, ainsi que des images d'affrontements avec l'armée malienne, notamment la bataille d'El Wousra en 2009.

"Dans ce film, les éléments mauritaniens d’AQMI sont très présents. On y voit ainsi Abou Aymen Echarghi haranguer les troupes. Il a été tué en 2008 à Ouargla au cours d’un accrochage avec l’arméee algérienne", explique-t-il.

La forte présence de jeunes Mauritaniens au coeur d'AQMI peut s'expliquer par le fanatisme, l'imitation, la pauvreté et le manque d'éducation, explique l'analyste Gnokane Adam à Magharebia. Ces facteurs peuvent inciter les jeunes à rejoindre les groupes terroristes.

"Ces jeunes sont victimes de la traite des esprits ou du gavage spirituel. On leur promet le Paradis en cas de martyr", ajoute-t-il.

En mars dernier, le ministère de l'Orientation islamique avait organisé une conférence à Nouakchott consacrée à l'Islam modéré. Le ministre de la Communication Hamdi Ould Mahjoub y avait déclaré que l'objectif était de "transmettre un message de non-violence et de rappeler que les Musulmans ont un devoir de protection des étrangers".

"Les jeunes Mauritaniens sont tentés par le terrorisme à cause du manque d’opportunités", explique Moktar, un jeune étudiant de l'université de Nouakchott. "Le plus souvent, ils n’ont d’autre alternative que le chômage."

Mais Izid Bih, un ancien membre d'AQMI, ajoute : "J’ai choisi de revenir dans mon pays et de rejeter la culture de la violence et mes adeptes, car je n’y voyais plus ni mon avenir, ni d’objectifs nobles."

Les autorités mauritaniennes ont eu des difficultés pour tenter de contenir ces vidéos terroristes, que l'on peut facilement consulter n'importe où grâce à l'internet. Ely Ould Maghlah, un ancien officier militaire, a expliqué à Magharebia que "la loi interdit toute diffusion de produit de propagande terroriste, mais cela reste encore difficile à mettre en application, notamment au regard des textes consacrant les libertés individuelles et publiques."

Brahim, étudiant à l'université de Nouakchott, explique que certains de ses camarades de classe applaudissent les combattants d'AQMI qui apparaissent dans ces vidéos. "Personnellement, ce genre de films ne m’intéresse pas parce que je suis contre le terrorisme. Ce n’est pas bon de tuer des gens et de prendre les armes contre son pays", explique-t-il.

Cheikh, un autre étudiant qui a pu voir ce documentaire, affirme : "Pour moi, ces gens sont dangereux. Ce sont des malades."

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