07 juillet, 2011

Sénégal : Robert Bourgi prend ses distances avec Karim Wade

Karim Wade, en octobre 2008
Karim Wade, en octobre 2008
AFP PHOTO / GEORGES GOBET
Par RFI

Le fils du président sénégalais, Karim Wade, a-t-il cédé à la panique, le soir des émeutes de l’électricité qui ont soulevé Dakar et sa banlieue, dans la nuit du 27 juin 2011 ? Les dernières déclarations du conseiller officieux du président Sarkozy confirment les informations de l’Express et la lettre du continent selon lesquelles Karim Wade aurait appelé cette nuit là Robert Bourgi pour lui demander une intervention militaire de la France. La présidence sénégalaise a démenti ce mercredi 6 juillet 2011 dans la matinée qu’un tel entretien téléphonique ait eu lieu. Puis dans la soirée, coup de théâtre : Robert Bourgi lui-même s’est exprimé sur les ondes d’une radio sénégalaise. Il a confirmé l’appel et l’a raconté dans le détail. Cette interview arrive juste après des commentaires sévères du ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, sur le projet de réforme constitutionnelle au Sénégal.

Les images de Nicolas Sarkozy présentant Karim Wade à Barack Obama lors du sommet du G8 de Deauville avaient suscité la polémique et les interrogations au Sénégal. Coup sur coup, deux personnalités françaises influentes viennent, cette fois-ci, de se démarquer de la présidence sénégalaise.

Robert Bourgi, le conseiller officieux de Nicolas Sarkozy pour les affaires africaines a accordé mercredi 6 juillet 2011 une interview à l’une des radios les plus écoutées de Dakar, la RFM (Radio Futur Médias). En opposition complète avec la version de la présidence sénégalaise, il y a raconté, dans le détail, comment Karim Wade a sollicité son appui dans la nuit du 27 juin, pour obtenir une intervention de l’armée française lors des émeutes de l’électricité.

Robert Bourgi rapporte sa conversation avec Karim Wade au micro de Radio Futur Média
07/07/2011

« Je suis sorti de mes gonds parce que Karim a démenti ce qui était fondamentalement vrai… et parce que lui et son père m’ont demandé de démentir » a expliqué à RFI Robert Bourgi pour justifier cette interview. Dans un univers où le silence est la règle, ces déclarations (et les fuites dans la presse qui les ont précédées) ont très certainement, également, un sens politique. Robert Bourgi, en brisant le secret, en décrivant Karim Wade comme un homme « paniqué » a manifestement voulu faire comprendre qu’il mettait de la distance avec lui.

Ce message de la « diplomatie parallèle » est lancé alors que la diplomatie officielle a elle-même envoyé des signaux à la présidence sénégalaise. Interpellé mardi 5 juillet par une commission de l’Assemblée nationale française sur les manifestations qui ont eu lieu au Sénégal, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a évoqué, en présence des médias, les risques d’un maintien au pouvoir par tous les moyens.

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