07 juillet, 2011

A la Une : la crise libyenne et ses conséquences dans la région

La presse reste assez prudente pour l'instant sur la portée de l’offensive des rebelles libyens sur Tripoli. Finalement, « des rebelles qui gagnent des mottes de terres sur les troupes de Kadhafi pour après reculer de plusieurs kilomètres derrière la ligne de front. C’est du déjà vu », pense Liberté au Togo. Ce qui intéresse davantage la presse, notamment El Watan, à Alger, c'est la réplique de Tripoli. A savoir la poursuite en justice de 21 membres du Conseil national de transition, l'organe politique de la rébellion. Ils sont accusés, entre autres, d'«encouragement de la population à s’entretuer». Ce n'est pas rien. Mais Tripoli assure que les accusés auront « toutes les garanties d'un procès transparent ».

Adieu à la solution politique ?

Cette annonce « porte à sourire », commente El Watan, mais « elle révèle que les négociations entre Tripoli et Benghazi sont bloquées et que le dialogue entre les deux parties est devenu difficile, voire impossible. (...) En mettant à exécution leur menace de lancer une offensive sur Tripoli et en refusant une solution politique à l’image de celle préconisée par l’Union africaine, les rebelles libyens confirment qu’ils sont engagés dans une “politique du tout ou rien” et qu’ils se sont donnés les moyens d’y parvenir ».

Faute à qui ? Peut-être en partie à Paris, pense GuinéeConakry.info : « Les armes parachutées par Paris semblent avoir gonflé les rebelles ». Le journal, qui se montre prudent quant à leur éventuel succès, car « depuis le début de la crise, note-il, les insurgés n’ont pas péché que par la précarité de leurs armements ».

Toute la région pâtit de la crise

La Libye, qui est devenue un enjeu sécuritaire régional, s'inquiète la presse.« Vite, une solution ! », s’exclame L'Expression à Alger. Car pour le journal, la crise en Libye tourne « à la catastrophe » pour le Niger, confronté à la menace d'Al-Qaïda au Maghreb islamique. Car l'organisation terroriste « profite, peut-on lire, de la dispersion des armes de guerre libyennes ». « L'interception à la mi-juin d'une importante cargaison d'explosifs et d'armes en provenance de Libye et destinées à Aqmi, a créé un choc », rappelle L'Expression. Selon le journal, « les fusils d'assaut AK-47 se vendent [désormais] par milliers à la douzaine. Les offensives de l'opposition et de l'Otan sur l'ouest de la Libye ne sont pas faites pour enrayer ce trafic ». « Le Sahel se refragilise après avoir donné ces mois-ci des signes encourageants », regrette Le Républicain au Mali.

Et au delà du terrorisme, L'Expression à Alger craint de voir le grand banditisme ressurgir. « Plusieurs pays africains ont vu la délinquance se développer à cause d’un conflit armé chez leurs voisins », renchérit le journal burkinabé Le Pays.

Niger, Mali, Mauritanie, Algérie... C'est finalement toute la région qui risque de pâtir du bourbier libyen. Un conflit qui « entrave sérieusement la lutte contre les djihadistes et le chômage », note L'Expression. Le journal ajoute que l'Algérie est particulièrement visée car il n'est pas exclu « que des ressortissants [algériens] soient des instigateurs ou des complices dans les troubles au Mali et au Niger ».

Aqmi : nouvelle carte de Mouammar Kadhafi ?

Le journal Le Pays soutient aussi que le colonel libyen pourrait encourager ces livraisons d'armes à Aqmi.Mouammar Kadhafi qui trouverait là, selon le quotidien, l’occasion de « punir la Mauritanie qui a reconnu le Conseil national de transition » des insurgés. Mais aussi et surtout, punir les Occidentaux. « Si Kadhafi résiste tant bien que mal devant les frappes quotidiennes de la coalition, quoi de plus normal qu’il apporte tout son soutien logistique à Aqmi avec pour mission de mettre en danger les intérêts des pays occidentaux dans la zone », écrit Le Pays. « Une Aqmi plus forte et plus entreprenante permettrait à Kadhafi de mettre à exécution sa menace : celle de troubler la quiétude des Occidentaux dont Aqmi est la bête noire »

Le culot d’Aqmi

Il est beaucoup question d’Aqmi aujourd'hui dans la presse africaine. Elle revient aussi sur ces nouveaux combats entre l'organisation et l'armée mauritanienne. « Aqmi est décidément gonflé », titre GuinéeConakry.info. Le Pays au Burkina Faso note aussi « le culot d'Aqmi ». « D’ordinaire poursuivis par les forces républicaines des pays, dans les “no man’s land” dont ils réclament le contrôle, les fous d’Al-Qaïda au Maghreb islamique ont eu cette fois l’audace d’attaquer une base militaire ». « Un apparent excès de confiance [qui] semble avoir joué aux djihadistes un vilain tour », écrit GuinéeConakry.info. Le bilan humain serait lourd, en effet, pour Aqmi.

Si L'Observateur, au Burkina Faso salue la Mauritanie, qui « semble avoir opté de rendre coup pour coup », il critique fermement aujourd'hui la « position attentiste du Mali [qui] détonne et dérange. (...) Prêter son territoire pour que d’autres États pourchassent les [terroristes] est déjà généreux, il faut le concéder, mais ce ne sera pas vraiment suffisant ». « Il serait illusoire de penser qu’un seul Etat sera en mesure de mener à bien la tâche d’éradication d’une pieuvre aussi dangereuse qu'Aqmi, ajoute le quotidien burkinabé. (...) Cette lutte sans merci sera collective ou ne sera pas. (...) Tout comme les Occidentaux seraient bien inspirés, eux aussi, de s’y impliquer ».

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