04 juin, 2011

Syrie: plus de 50 morts dans la répression des manifestations vendredi

Capture d'écran d'images YouTube montrant une manifestation à Kafr nabl, en Syrie, le 3 juin 2011 (AFP/YouTube)

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DAMAS — Plus de 50 civils ont été tués vendredi par les forces de sécurité en Syrie lors des plus importantes manifestations contre le régime depuis la mi-mars, une répression qualifiée d'"impitoyable" par Londres qui condamnait "l'odieux mépris" de Damas pour la vie humaine.

"Nous savons avec certitude que 48 civils ont été tués vendredi à Hama (nord) par les tirs de la sécurité", a indiqué samedi le chef de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme Rami Abdel-Rahmane, qui avait fait état la veille de 50.000 manifestants dans cette ville.

Un habitant de Hama a parlé d'un "véritable massacre".

Dans la région de Homs (centre), deux civils ont été tués à Rastan, et deux autres à Homs. Une personne a également péri à Idleb (nord-ouest), a affirmé Rami Abdel-Rahmane.

Les manifestations de vendredi, réunissant des dizaines de milliers de personnes à travers le pays, étaient les plus importantes depuis le début du mouvement de contestation du régime du président Bachar al-Assad, le 15 mars.

Il s'agit des plus "plus importants" rassemblements depuis le début du mouvement "et, ce, en dépit de l'amnistie" générale pour les prisonniers politiques proclamée mardi par le président Bachar al-Assad, a estimé M. Abdel-Rahmane. "Cela montre que les gens ne font plus confiance au régime".

Les journaux officiels syriens ont fait état samedi de "20 personnes tuées vendredi en Syrie, des policiers, des agents de sécurité et des civils, par des tirs de groupes armés".

Les manifestations était dédiées aux "enfants de la liberté". Selon l'Unicef, au moins 30 enfants ont été tués par balle dans la répression depuis le 15 mars.

La révolte avait éclaté après l'arrestation et la torture de 15 enfants et adolescents accusés d'être les auteurs de graffitis anti-régime à Deraa (sud).

Récemment, un garçon de 13 ans, Hamzeh al-Khatib, "torturé et tué" d'après les militants pro-démocratie, est devenu l'une des figures de la résistance à la brutalité du régime.

Londres a condamné vendredi "l'odieux mépris" du gouvernement syrien pour la vie humaine et dénoncé la répression "brutale et impitoyable de manifestants innocents".

"Une fois encore, le gouvernement syrien a fait preuve d'un odieux mépris pour la vie humaine, alors que des Syriens ordinaires sont descendus dans la rue (...) en hommage aux enfants innocents tués pendant les troubles", a estimé le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Alistair Burt, dans un communiqué.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit "alarmé" par l'escalade de la violence exercée par le gouvernement, évoquant un bilan de plus de 1.000 morts depuis le lancement de la contestation.

Des milliers de personnes ont été également arrêtés dans le pays, selon des groupes de défense des droits de l'Homme.

Des centaines de prisonniers politiques et de conscience ont été libérés mercredi, au lendemain de l'annonce de l'amnistie générale.

L'opposant et écrivain Ali Abdallah, 61 ans, a été libéré samedi dans ce cadre, a indiqué M. Abdel-Rahmane.

L'écrivain, qui avait purgé une peine de deux ans et demi de prison pour avoir appelé à la démocratie, devait être libéré en juin 2010 mais avait été maintenu en détention.

L'avocat Mouhannad al-Hasni, président d'une organisation de défense des droits de l'Homme non autorisée, et l'opposant Mechaal al-Tamo, chef d'un parti kurde interdit, ont été relâchés mardi soir, également dans le cadre de l'amnistie, selon l'OSDH.

Par ailleurs, Internet a repris samedi matin dans le pays après une coupure de plus de 24 heures, ont indiqué des habitants.

Le réseau n'avait pas fonctionné vendredi dans la plupart des régions syriennes, notamment dans la capitale et à Lattaquié (nord-ouest).

Les deux tiers du réseau internet syrien ont été mis hors d'usage vendredi pendant une demie-heure, avait indiqué pour sa part le site américain Renesys spécialisé dans la surveillance du web.

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