12 juin, 2011

Soudan: deux avions de l'armée nordiste abattus

KHARTOUM - L'armée sudiste a annoncé dimanche avoir abattu deux avions des forces gouvernementales soudanaises au Kordofan-Sud soulignant que le conflit dans le centre du Soudan avait entraîné jusque-là le déplacement de 75.000 personnes.

Vendredi, nos troupes ont abattu deux avions des Forces armées du Soudan (SAF). Un bombardier Antonov à Kalkoul et un MiG-3 à Kauda au Kordofan-Sud, a déclaré Gamar Delman, conseiller de l'ex-vice-gouverneur Abdelaziz al-Hilou, membre influent de la branche nordiste du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), au pouvoir au Sud-Soudan qui doit faire sécession le 9 juillet.

Cette semaine, les frappes aériennes ont entraîné la fuite de 75.000 civils de neuf régions du Kordofan-Sud, seul Etat pétrolier du Nord, et elles ont continué jusqu'à hier (samedi), a-t-il dit à l'AFP.

L'armée soudanaise du président Omar el-Béchir a formellement démenti ces informations.

L'information sur des avions des SAF qui se seraient écrasés au Kordofan-Sud est totalement fausse, a déclaré à Khartoum le porte-parole de l'armée Sawarmi Khaled Saad.

Il a également dénoncé des rapports imprécis de la Minus (mission de l'ONU au Soudan) sur les bombardements et son silence face aux attaques menées contre les civils et le déplacement de plusieurs milliers d'entre eux.

Des affrontements opposent depuis le 5 juin l'armée de M. Béchir (SAF) aux forces sudistes au Kordofan-Sud, qui a été un champ de bataille pendant la guerre civile entre le Nord et le Sud (1983-2005).

Ces violences ont mis à mal les négociations Nord-Sud en cours depuis des mois en Ethiopie et reprises dimanche lors de la rencontre entre le président soudanais Omar el-Béchir et son premier vice-président, le Sud-Soudanais Salva Kiir à Addis Abeba.

Malik Agar, chef de la branche nordiste de la SPLM affirme vouloir trouver une solution aux grands problèmes à travers ces pourparlers.

Nous sommes là pour des discussions censées résoudre des affaires sérieuses, a-t-il précisé à l'AFP depuis Adis Abeba.

Dans le même temps, les organisations de défense des droits de l'Homme font état d'informations inquiétantes sur la gravité des affrontements.

Nous recevons de plus en plus d'informations inquiétantes sur des crimes à caractère ethnique, des démolitions de maisons et des attaques au Kordofan-Sud, a indiqué un travailleur humanitaire international basé au Soudan et en contact avec plusieurs ONG.

Selon cette même source, la majorité des victimes n'étant pas transportées aux hôpitaux, le bilan réel (des violences) pourrait être bien plus élevé. La Minus et les ONG ne sont toujours pas en mesure de vérifier le nombre exact de morts, a-t-il souligné.

Par ailleurs, la tension est monté d'un cran dans les Monts Nuba, qui occupent une grande partie du Kordofan-Sud, alors que les craintes de nouveaux raids aériens ont augmenté.

La tension monte de jour en jour, c'est le calme avant la tempête. Tout le monde s'attend au pire, a affirmé un travailleur humanitaire de la région, sous couvert de l'anonymat.

De nombreuses personnes se sont d'ores et déjà réfugiées auprès des rivières et derrière les collines par peur de nouveaux bombardements, a-t-il ajouté.

Selon plusieurs sources, les forces gouvernementales traquent les partisans de la l'armée populaire de libération du Soudan (SPLA, armée sudiste).

Il ne s'agit pas uniquement d'arrestations de membres de la SPLA, mais toute personne peut être considérée comme suspecte, de par son affiliation politique ou son groupe ethnique, souligne le travailleur humanitaire.

Il a fait état d'exécutions extrajudiciaires par des milices proches du gouvernement, alors que le sort des personnes arrêtées restait inconnu.

Selon d'autres informations, des membres de la SPLA ont assassiné un petit nombre de responsables du parti au pouvoir à Khartoum. Les informations font étét également de pillages d'églises et de bureaux d'agences humanitaires.


(©AFP /

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