16 mai, 2011

Russie : un codétenu de Khodorkovski dit avoir été chargé de le discréditer

MOSCOU - Un ex-codétenu de Mikhaïl Khodorkovski, qui l'avait agressé en prison en 2006, puis l'avait accusé en 2009 de harcèlement homosexuel, affirme avoir agi sur ordre pour déstabiliser et discréditer l'ex-magnat russe et contradicteur du Kremlin, dans un entretien publié lundi.

Je peux dire franchement que je n'ai pas agressé au couteau Khodorkovski de mon propre chef. Et je peux dire que je n'ai pas porté plainte contre lui, dit cet ancien détenu, Alexandre Koutchma, dans un entretien mis en ligne par le site gazeta.ru, accompagné d'une vidéo.

On m'a battu, torturé. On m'a brisé la main. On a fait pression sur moi. On m'a forcé à faire n'importe quoi, assure-t-il.

Alexandre Koutchma, emprisonné pour vol à main armée et qui partageait la cellule de M. Khodorkovski dans un camp de détention de Sibérie, avait donné dans la nuit du 13 au 14 avril 2006 à son codétenu un coup de couteau au visage, qui avait requis plusieurs points de suture au nez.

En janvier 2009, quand se préparait le deuxième procès controversé de l'ex-patron de la compagnie pétrolière Ioukos, emprisonné depuis 2003, la justice russe avait cette fois fait état d'une plainte dans laquelle Alexandre Koutchma accusait Mikhaïl Khodorkovski de harcèlement homosexuel.

Dans cet entretien, dans lequel il avoue avoir toujours peur, Alexandre Koutchma refuse de dire qui lui a ordonné d'agresser Mikhaïl Khodorkovski, mais il évoque les pressions croisées et les coups du personnel pénitencier et des caïds, selon lui de mèche avec les matons.

Tout ce qui a été écrit (dans la presse russe, ndlr) sur cette histoire avec Khodorkovski, je ne dirais pour rien au monde que c'est la vérité, dit-il.

La plainte pour harcèlement homosexuel est une pure falsification, ajoute M. Koutchma.

Je peux imaginer qu'on voulait simplement le couvrir de boue. C'était comme ça : on l'a amené à Moscou pour le deuxième procès, et le lendemain on examinait ma plainte pour harcèlement. Pour que l'opinion publique ait cette idée de lui, déclare-t--il.

Le Premier ministre russe et ancien président Vladimir Poutine, auquel la presse russe a attribué un conflit personnel avec Mikhaïl Khodorkovski, a de son côté insinué à plusieurs reprises que l'ex-homme d'affaires était impliqué dans des meurtres, des accusations jamais formulées par la justice russe.

En 2008, un autre ancien codétenu avait lui aussi avoué dans la presse avoir produit sous la contrainte de la direction de la prison un faux témoignage selon lequel M. Khodorkovski avait effectué sa promenade sans mettre les mains derrière le dos.

Une infraction au régime pénitencier qui avait été utilisée, avec d'autres motifs du même ordre, pour refuser une libération conditionnelle à l'ex-patron de Ioukos.

Mikhaïl Khodorkovski et son ex-associé Platon Lebedev, en prison depuis 2003, ont vu leur peine prolongée jusqu'en 2017, en décembre à l'issue d'un deuxième procès controversé pour vol et blanchiment.

Une assistante du juge a affirmé dans la presse en janvier que le jugement avait été dicté au tribunal par les autorités.

La justice russe doit examiner mardi l'appel interjeté par les avocats de Mikhaïl Khodorkovski et de Platon Lebedev contre cette nouvelle condamnation.


(©AFP /

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