18 mai, 2011

Hollande, un homme "normal" pour présider la France ?

FRANÇOIS HOLLANDE EN PRÉSIDENT ORDINAIRE POUR 2012

PARIS (Reuters) - Propulsé favori de la primaire socialiste après la brutale disparition de Dominique Strauss-Kahn de la scène politique, François Hollande peaufine son image d'"homme ordinaire qui veut devenir président".

A un an de l'élection présidentielle, le député de Corrèze revêt le costume à la fois fragile, dans la mesure où tous les candidats socialistes ne se sont pas encore déclarés, et pesant de dépositaire des espoirs de la gauche pour 2012.

A 56 ans, celui qui a été pendant dix ans (1997-2008) premier secrétaire du Parti socialiste mais jamais ministre aborde avec une légitimité nouvelle un double scrutin, interne et national, préparé de longue date.

A l'image de la tortue de la fable de La Fontaine, pour qui "rien ne sert de courir, il faut partir à point", François Hollande a soigné aussi bien le fond - une stratégie, un programme - que la forme - un régime et un discours posé, délesté de l'humour ravageur dont il était naguère coutumier.

"Je me suis préparé politiquement, psychologiquement et physiquement. Et donc voilà, je suis prêt. Ne vous en faites pas, compte tenu de mes penchants naturels, je vais reprendre un peu de poids", répond-il à ceux qui s'inquiètent de sa silhouette amaigrie.

Elaboré autour de l'idée du "rêve français", son programme distillé depuis plusieurs semaines prévoit une réforme de la fiscalité et donne priorité aux jeunes.

Sa campagne suit son cours. Dans son agenda figure une visite à Dijon (Côte d'Or) chez son ami François Rebsamen, vendredi, et un meeting à Périgueux (Dordogne) fin mai.

"GRÂCE À FRANÇOIS MITTERRAND"

La semaine prochaine, il sera en Tunisie. L'occasion de soigner une crédibilité sur la scène internationale pour cet homme de terroir associé à la Corrèze, département rural dont il a été réélu fin mars président du conseil général.

Né le 12 août 1954 à Rouen d'un père médecin et d'une mère assistante sociale, François Hollande fait ses classes au lycée Pasteur de Neuilly, puis à l'Institut d'études politiques de Paris. Il milite au syndicat étudiant Unef, avant de faire campagne pour le candidat socialiste à l'élection présidentielle de 1974, François Mitterrand.

En 1978, il entre à l'Ecole nationale d'administration (Ena) où il rencontre sa compagne, Ségolène Royal, avec qui il aura quatre enfants. Dans cette promotion "Voltaire", il côtoie le futur Premier ministre Dominique de Villepin.

"Je suis né à la politique grâce à François Mitterrand", a confié François Hollande, qui a rendu hommage à son mentor à l'occasion des 30 ans de sa victoire à l'Elysée le 10 mai dernier sur ses terres de Château-Chinon, dans la Nièvre.

De retour à Paris, il prit le temps de signer des autographes au siège du PS, rue de Solférino, avant d'assister au concert place de la Bastille au bras de sa compagne, la journaliste politique Valérie Tierweiler, qu'il présente comme "la femme de (sa) vie, aujourd'hui".

Militant socialiste depuis 1979, François Hollande a livré sa première bataille électorale à 26 ans face à Jacques Chirac dans son fief corrézien d'Ussel, en 1981. Sept ans plus tard, en 1988, il est élu député de Corrèze, mais à Tulle, dont il est toujours le représentant à l'Assemblée.

"ANTI BLING-BLING"

Affable et diplomate, François Hollande a gardé des liens de bon voisinage avec le couple Chirac.

"C'est un homme très sympathique, très courtois, qui a le sens du service public, qui est à l'écoute. C'est une qualité essentielle chez un homme politique", dit de lui Bernadette Chirac, élue de Corrèze comme lui.

Devenu à 43 ans le plus jeune premier secrétaire du Parti socialiste lors du congrès de Brest en 1997, François Hollande avait dû s'effacer face à son ex-compagne Ségolène Royal lors de la présidentielle 2007.

S'il n'a jamais fait partie d'aucun gouvernement, François Hollande a su garder de solides soutiens au Parti socialiste, dont il connaît tous les rouages, et peut se targuer d'une expérience gouvernementale en coulisses entamée en 1983-84 comme directeur de cabinet de Max Gallo.

Face à un animal politique comme Nicolas Sarkozy, son principal atout est de "ne pas apparaître comme l'homme providentiel, parce que l'homme providentiel a déçu et que l'époque n'est pas à la providence", souligne un responsable PS.

Le politologue Stéphane Rozès le présente comme l'antithèse de Dominique Strauss-Kahn et Nicolas Sarkozy.

"Si Dominique Strauss-Kahn est condamné, les Francais vont tourner la page d'un certain type de présidents associés au 'bling-bling', qui côtoient les puissants et ne se maîtrisent plus eux-mêmes", a-t-il dit à Reuters. "Ils vont vouloir aller vers des candidats qui semblent simples, qui maîtrisent leurs actes et leurs paroles."

Dans une enquête de personnalité politique Viavoice pour Le Nouvel Observateur de cette semaine, 72% des sondés considèrent François Hollande comme quelqu'un qui "trace son chemin dans la durée". Ils le jugent aussi "attentif aux autres" et "humble".

"François a pour lui une constance, une intelligence, il doit montrer que même à l'international, on peut avoir des relations de sincérité. Dans le monde tel qu'il est, on a besoin de sincérité avec les gens, y compris les grands chefs d'Etat", dit son bras droit, Stéphane Le Foll.

Avec Jon Boyle, édité par Patrick Vignal

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