29 mai, 2011

AU CANADA La maîtrise du langage est moins rapide chez les enfants adoptés

Enfant dans un orphelinat chinois

Photo: AFP/AFP

Enfant dans un orphelinat chinois

Les enfants adoptés à l'étranger pourraient ne pas maîtriser le langage aussi rapidement que ceux nés au Canada, laisse entendre une nouvelle étude menée par une équipe de l'Université McGill.

La recherche a permis d'apprendre que des bébés nés en Chine accusent un certain retard dans l'acquisition du langage par rapport à des enfants canadiens issus d'un environnement familial semblable.

Une série de tests a démontré que lorsqu'ils étaient comparés à des bébés canadiens, entre le tiers et la moitié des enfants adoptés avaient un peu plus de difficulté à s'exprimer, et qu'environ un quart d'entre eux avaient un peu de mal à comprendre la langue.

Le directeur de l'étude, le professeur du département de psychologie Fred Genesee, a mentionné que les différences n'étaient pas énormes, mais qu'elles étaient statistiquement fiables. Les résultats trouvés par le professeur et son étudiante au doctorat Karine Gauthier sont publiés dans l'édition de ce mois-ci de la revue Child Development.

Ils ont comparé les compétences en français de deux groupes d'enfants: celles de bébés chinois adoptés par des parents québécois et celles de bébés nés au Québec, issus du même milieu socio-économique.

M. Genesee a souligné l'importance de comparer des enfants provenant du même milieu, puisque les bébés adoptés à l'international le sont généralement par des familles où le niveau d'apprentissage de la langue devrait être supérieur à la moyenne.

Les parents adoptifs sont pour la plupart plus fortunés, plus âgés et n'ont pas d'autres enfants, a-t-il expliqué.

Des études ont démontré que ces facteurs favorisaient l'apprentissage d'une langue, et ce, même chez les enfants biologiques, a rappelé M. Genesee.

Les recherches précédentes étaient habituellement effectuées auprès d'enfants issus de différents milieux, menant ainsi à la conclusion que les bébés nés en Chine avaient développé des compétences conformes à la moyenne en matière de langue.

La nouvelle méthodologie du professeur Genesee a toutefois permis de rectifier le tir et de détecter une légère différence. La trouvaille est d'autant plus étonnante que ces enfants adoptés évoluent dans un milieu qui devrait être plus favorable à leur apprentissage.

Les enfants chinois ciblés par l'étude de M. Genesee étaient âgés entre sept mois et deux ans lorsqu'ils ont été adoptés.Les aptitudes des bambins ont été testées pour une première fois entre un an et demi à quatre ans après l'adoption, pour ensuite être testées à nouveau environ 16 mois plus tard.

Selon M. Genesee, l'écart de langage entre les enfants nés en Chine et au Canada serait attribuable au fait d'avoir été exposé au mandarin dans les premiers mois de l'existence pour ensuite n'entendre que du français.

Ils n'ont pas pu établir de bases pour apprendre le français dès la naissance: un écart d'un an peut donc avoir une influence sur le développement à plus long terme.

— Fred Genesee

Il a ajouté qu'à son avis, les expériences précédant l'adoption ne sont pas déterminantes dans les compétences langagières d'un bébé chinois. Contrairement à d'autres pays, les enfants chinois ne sont pas envoyés dans un orphelinat de façon générale. La grande majorité des bébés adoptés en Chine sont des filles, habituellement en bonne santé. Elles sont souvent données en adoption en raison de la politique de l'enfant unique qui prévaut au pays.

Le professeur Genesee recommande aux parents de tenir compte de l'unicité de leur enfant, tout en suivant de près leur apprentissage de la langue.

Presse Canadienne

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