05 avril, 2011

Washington redoute qu’el-Qaëda profite du chaos au Yémen

Un Yéménite manifestant contre le régime tout en mâchant du khat. Khaled Abdullah/Reuters
Un Yéménite manifestant contre le régime tout en mâchant du khat. Khaled Abdullah/Reuters
Troubles Dix-sept manifestants hostiles au président Ali Abdallah Saleh ont été tués par balles hier à Taëz, au Yémen, où la Maison-Blanche craint qu'el-Qaëda ne profite d'un « vide politique ».


Dix-sept manifestants ont été tués par balle hier à Taëz, au sud de Sanaa, dans une poussée de violence ajoutant aux difficultés du président yéménite Ali Abdallah Saleh qui semble avoir perdu le soutien d'un allié de poids, les États-Unis. Outre les 17 tués, au moins 86 personnes ont été blessées, ont indiqué Sadok Choujaa, un médecin qui dirige un hôpital de campagne soignant les protestataires, et des sources médicales.
L'incident s'est produit alors que les manifestants effectuaient une marche sur le siège du gouverneur de province. Ils ont pu atteindre le siège et entrer dans la cour du bâtiment. Mais ils ont été accueillis par des salves de tirs des forces de l'ordre et d'hommes armés dont certains étaient postés sur des toits, ce qui a alourdi le bilan des victimes, selon les protestataires. Des blindés ont ensuite été déployés autour du siège du gouverneur, et le calme a été rétabli à Taëz avec le retour des manifestants sur leur lieu de sit-in.
Le gouverneur, Hammoud al-Soufi, a fait état d'un bilan de 3 morts et 8 blessés, affirmant sur la télévision d'État que des hommes armés se trouvaient parmi les manifestants. Une enquête sera ouverte sur les incidents, a-t-il dit.
À Sanaa, des militaires ralliés à l'opposition ont empêché sans violence quelque 200 policiers de s'approcher de la place du Changement, près de l'université, où campent les contestataires depuis le 21 février. En début de soirée, des dizaines de personnes ont convergé de différents quartiers de Sanaa vers la place du Changement, pour exprimer leur solidarité avec les protestataires à Taëz et Hodeida, sur la mer Rouge, selon des témoins.
À Hodeida, des manifestants ont observé hier soir un sit-in devant le siège du gouvernorat après des accrochages avec les forces de sécurité, qui ont fait quelque 300 blessés, dont 4 par balles et 26 par des jets de pierres, les autres ayant été indisposés par du gaz lacrymogène, selon des protestataires. Les heurts avaient débuté dimanche lorsque des dizaines de milliers de manifestants avaient commencé à marcher sur le palais républicain de cette ville de 400 000 habitants, aux cris de « À bas le régime », selon des témoins.
Ce regain de violences intervient après des indications sur un changement de position de l'administration américaine à l'égard du chef de l'État yéménite qui était considéré comme un allié dans la lutte contre le réseau el-Qaëda. Le New York Times, citant des responsables américains et yéménites, a écrit dimanche que des responsables américains ont indiqué à leurs alliés yéménites que la position de M. Saleh était intenable, compte tenu de l'important mouvement de contestation et qu'il devrait quitter son poste. Des négociations portant sur le départ du président yéménites ont débuté il y a plus d'une semaine, rapporte le quotidien. Il s'agirait de proposer à M. Saleh de remettre le pouvoir à un gouvernement provisoire jusqu'à la tenue de nouvelles élections. Ce principe en soi « n'est pas l'objet de contestation », a déclaré au journal un responsable yéménite. Cela ne remet pas en cause la position de Washington concernant les opérations américaines de contre-terrorisme au Yémen, relève le New York Times.
Hier, la Maison-Blanche a dit son inquiétude de voir el-Qaëda profiter d'un « vide politique » au Yémen et a exhorté les Yéménites au dialogue pour assurer une transition pacifique du pouvoir.
Dans ce contexte, les monarchies arabes du Golfe ont proposé leur médiation entre l'opposition et le pouvoir au Yémen, tout en restant vagues sur le sort du président yéménite, à l'occasion d'une réunion de leurs chefs de diplomatie.
(Source : AFP)

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