10 avril, 2011

Borloo s'isole, Yade recadrée, un week-end politique de castagne...

Le Parti socialiste se frotte les mains d'une éventuelle désunion à droite, Rama Yade se voit reprocher ses propos sur l'UMP, les mises en garde du parti majoritaire à Jean-Louis Borloo... Le week-end n'a pas été de tout repos pour tout le monde.

Rama Yade doit "se taire ou quitter son poste", selon Gérard Larcher
Rama Yade doit "se taire ou quitter son poste", selon Gérard Larcher SIPA

« Guéant, devenu ministre du FN »

Cela cogne sec ce week-end. À droite comme à gauche, l'atmosphère était à la bataille. Remontés par leur unité d'un jour autour de leur programme, les socialistes ont fait feu de tout bois contre le gouvernement. « Pendant que sous nos yeux, la droite implose, la gauche propose », a raillé samedi Harlem Désir, le numéro 2 du PS. Un exécutif morcelé et qui divise, tel était le cri de guerre socialiste en cette fin de semaine.

Jean-Marc Ayrault, un des futurs porte-parole du projet socialiste, a de nouveau accusé la majorité présidentielle d'extrême-droitisation. « Entre M. Sarkozy qui reprend tous les thèmes lepénistes et son ministre de l'Intérieur qui est devenu le ministre du FN, on est de moins en moins dans la République », a tonné le député-maire de Nantes dans une interview au JDD. Une offensive en règle contre Claude Guéant, le locataire de la place Beauvau, poursuivi par ses propos de mars sur « l'immigration incontrôlée » et « l'accroissement du nombre de musulmans ».

Rama Yade doit « se taire ou quitter son poste »

L'UMP, déstabilisée par la désolidarisation annoncée de Jean-Louis Borloo et le spectre d'une candidature centriste en 2012, n'a pas même le temps de répliquer. Il y a suffisamment à faire à droite. À commencer par Rama Yade, qui a emboîté le pas au président du Parti radical. Avec des accents centristes, l'ex-secrétaire d'Etat aux sports a expliqué dimanche au JT de France 2 ses raisons de quitter l'UMP. « Moi, je suis né à l'étranger, d'un pays musulman, j'allais à l'école catholique, en même temps à l'école coranique (…) Donc, vous voyez, c'est ça la France, à côte des genêts de Bretagne et des bruyères d'Ardèche ». Une pique acérée contre ceux « à la droite de la droite » qui prennent selon elle de plus en plus de place au sein du parti majoritaire.

La contre-attaque ne s'est pas fait attendre à l'UMP. L'affable Gérard Larcher, président du Sénat, a invité l'ex-ministre à baisser d'un ton. Ses prises de positions seraient incompatibles avec sa fonction d'ambassadrice de la France à l'Unesco, où elle représenterait « toute la France ». Interrogé pour savoir si l'intéressée devait « se taire ou quitter son poste », Gérard Larcher a lâché un solide « bien sûr ! ». Pas sûr que l'avertissement remette en cause l'allégeance de Yade à Jean-Louis Borloo.

« L'un d'entre nous s'isole »

Face au « cas » Borloo, les ténors de l'UMP ont pour l'instant louvoyé entre aigreur et prudentes mises en garde. « J'ai peur qu'on ne reparte vingt ans en arrière », a confié Alain Juppé au micro d'Europe 1 le soir de l'annonce de l'ex-maire de Valenciennes. Le Premier ministre François Fillon a rappelé à Borloo qu'il se reconnaissait « dans les valeurs qu'il défend ». Manière de dire que le nouvel émancipé n'a pas le monopole des principes « sociaux et humanistes ».

Valérie Pécresse, sa ministre de l'Enseignement supérieur, a jugé vendredi sur LCP qu'avec le départ de Borloo, c'est « l'un d'entre nous qui s'isole ». Plus offensif, le député Philippe Meunier, membre de l'aile droite de l'UMP (du collectif la Droite populaire) a considéré « qu'on ne peut tout de même pas avoir été numéro 2 du gouvernement pendant quatre ans, puis devenir soudain un opposant ».

Par G. F. V.

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