19 mars, 2011

La coalition internationale bombarde par air et mer des objectifs en Libye

AFP

Le pilote de l'avion abattu s'éjecte le 19 mars 2011 au dessus de Benghazi

La coalition internationale est passée à l'action samedi, bombardant par air et par mer des objectifs en Libye afin de stopper la répression sanglante de la révolte lancée depuis plus d'un mois par le régime autoritaire de Mouammar Kadhafi.

Après des semaines d'hésitations, un mandat de l'ONU et un appui arabe, une réunion extraordinaire à Paris entre l'Europe, les Etats-Unis, l'ONU et des pays arabes a abouti à cette intervention militaire souhaitée par l'opposition libyenne après les vains appels au départ de M. Kadhafi.

La première frappe aérienne française a visé à 16H45 GMT un véhicule militaire des forces du régime dans un lieu indéterminé, le premier tir après le feu vert jeudi de l'ONU au recours à la force pour protéger la population civile dans le pays.

AFP

Des insurgés libyens à Benghazi, le 19 mars 2011

En soirée, les Etats-Unis ont commencé à tirer des missiles de croisière Tomahawk sur des sites antiaériens afin de faciliter l'application de la zone d'exclusion aérienne. Ces frappes doivent se dérouler essentiellement aux abords de Tripoli et de Misrata, à 200 km plus à l'est, selon un responsable américain.

A Londres, le Premier ministre David Cameron a annoncé que les forces britanniques étaient également entrées en action.

Au total, une vingtaine d'avions français Rafale et Mirage ont survolé le territoire, procédant au total à quatre frappes, alors que les troupes fidèles à M. Kadhafi avaient bombardé dès l'aube Benghazi (est), l'un des derniers bastions de l'opposition qui tentait de repousser leur avancée.

De fortes explosions ont en outre retenti à l'est de Tripoli, où des boules de feu ont été vues à l'horizon, ont dit des témoins sans être en mesure de préciser leur origine. Les médias officiels libyens ont annoncé que des "objectifs civils" avaient été touchés et qu'il y avait des "blessés".

Des bombardements "ennemis" ont aussi touché des réservoirs de carburant alimentant Misrata et sa région, a annoncé un porte-parole des forces armées libyennes cité par la télévision d'Etat.

ECPAD/AFP

Photo transmise par l'ECPAD montrant des militaires français armant un avion avant son décollage de Saint-Dizier vers la Libye, le 19 mars 2011

Le lancement de l'opération militaire a été salué par des tirs de joie et des coups de klaxon à Al-Marj, à une centaine de kilomètres au nord-est de Benghazi, où se sont arrêtés certains des civils ayant fui les bombardements de Benghazi.

Le porte-avions français à propulsion nucléaire Charles de Gaulle devait appareiller dimanche de Toulon (sud) en direction de la Libye.

"Le peuple libyen doit être protégé", avait affirmé le président américain Barack Obama. "Kadhafi continue de défier le monde (...), tout retard supplémentaire mettrait encore davantage de civils en danger", avait estimé sa secrétaire d'Etat, Hillary Clinton.

La Russie, qui s'était abstenue lors du vote de jeudi à l'ONU, a cependant regretté l'intervention armée.

Le comité de l'Union africaine sur la Libye, attendu dimanche à Tripoli, a lui aussi rejeté "toute intervention militaire".

Au pouvoir depuis plus de 40 ans, M. Kadhafi, qui a juré d'écraser la révolte, a prévenu samedi prévenu Paris, Londres et l'ONU qu'ils "regretteraient" toute ingérence dans son pays.

La résolution de l'ONU impose une zone d'exclusion aérienne en Libye et permet des frappes aériennes contre les troupes pro-Kadhafi pour les contraindre à cesser la répression qui a fait des centaines de morts et poussé 300.000 personnes à fuir le pays depuis le début de la révolte le 15 février. Elle exige l'arrêt complet des attaques contre des civils.

Mais sur le terrain, et alors que rebelles et gouvernement se sont accusés mutuellement d'avoir violé le cessez-le-feu annoncé vendredi par le régime, des combats ont eu lieu depuis l'aube à l'entrée de Benghazi. Un avion militaire des rebelles a été abattu par les pro-Kadhafi.

Dans l'après-midi, les loyalistes continuaient de tirer à l'arme lourde contre des quartiers résidentiels tout proches de Benghazi, selon des témoins. "Ils ont l'ordre de tirer indistinctement. Ce qui se passe est un massacre", a affirmé l'un d'eux. Selon des rebelles, l'artillerie et les chars ont tiré contre les quartiers ouest et des obus ont touché le centre-ville.

Redoutant le pire, des milliers de personnes ont fui par familles entières. Voitures, minibus, camions ont pris la direction du nord-est, et de longues files d'attente se sont formées devant les stations service et les boulangeries.

Mais plus loin le long de la route, les passagers de ce début d'exode ont pu bénéficier de la solidarité des habitants, qui offraient de l'eau, de l'essence, de la nourriture, un hébergement.

Dans l'ouest, les loyalistes avançaient avec des chars vers Zenten, à 145 km au sud-ouest de Tripoli, pilonnant les abords de cette ville rebelle et poussant ses habitants à la fuite, selon un témoin.

Les rebelles ont aussi annoncé avoir repoussé, au prix de 27 morts dans leurs rangs, une offensive des forces gouvernementales vendredi à Misrata, à 200 km à l'est de Tripoli. Samedi, la ville était calme.

A Tripoli, des centaines de Libyens se sont rassemblés au quartier général de M. Kadhafi "en prévision de frappes françaises", selon la télévision d'Etat, et les autorités ont emmené une cinquantaine de journalistes étrangers, dont celui de l'AFP, y faire un tour.

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