09 mars, 2011

Kadhafi met à prix la tête du chef des insurgés

lefigaro.fr

Le Guide offre 400.000 dollars pour la capture de l'ex-ministre de la Justice, tandis que les forces fdèles au régime poursuivent leur tentative de reconquête de l'est du pays. Kadhafi, qui accuse l'Occident et al-Qaida d'être responsables de la rébellion, aurait envoyé des émissaires en Égypte et au Portugal.

• La pression sur les rebelles s'accentue

Les forces fidèles au colonel Kadhafi continuent mercredi leur campagne pour tenter d'écraser la rébellion. Le Guide libyen a promis 500.000 dinars (400.000 dollars) pour la capture de son ancien ministre de la Justice, Moustafa Abdeljalil, devenu président du Conseil national de transition créé par les insurgés.

Les affrontements se poursuivaient par ailleurs près de Ras Lanouf, dans l'est du pays, où des raids aériens et d'intenses bombardements des forces pro-Kadhafi ont visé l'ouest du port pétrolier de cette localité. Un violent incendie faisait rage dans les environs de la raffinerie, au pied d'un énorme panache de fumée noire. Face à ces attaques, les insurgés ont répliqué par le tir d'une quarantaine de roquettes et de deux missiles antiaériens. Mais beaucoup d'entre eux, amassés dans des dizaines de véhicules, ont fini par se replier vers Ras Lanouf.

À l'ouest de Tripoli, l'opposition contrôlait Zenten toujours encerclée, selon un témoin français. Les forces loyalistes ont également lancé un assaut sur Zawiyah, le bastion des insurgés le plus proche de la capitale, selon un ancien responsable libyen qui a fait défection, Mourad Hemayma. Selon un site de l'opposition, les civils sont attaqués «directement». Le gouvernement a pour sa part démenti un tel bombardement. Mercredi après-midi, la télévision d'État libyenne montrait des petits rassemblements de partisans du dirigeant libyen dans l'ouest de Zawiyah.

» REPORTAGE - Ras Lanouf sous les raids des Sukhoï

• Kadhafi dénonce un «complot colonialiste»

S'agit-il d'une offensive diplomatique du régime libyen ? Un proche de Kadhafi, Abdelrahmane al-Zawi, est arrivé mercredi au Caire à bord d'un avion libyen. Selon un officiel égyptien, s'exprimant sous couvert d'anonymat, cet homme chercherait à rencontrer les militaires qui assurent provisoirement la direction du pays après la chute de Moubarak. Outre cet avion, d'autres émissaires «seraient en route pour Bruxelles», selon le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini. Un diplomate européen a enfin affirmé qu'un émissaire de Kadhafi était en route pour le Portugal, pour y rencontrer le chef de la diplomatie. Un porte-parole de Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, a affirmé que cette dernière n'avait pas l'intention de rencontrer des membres du régime Kadhafi.

En parallèle, l'Elysée a annoncé que Nicolas Sarkozy recevrait jeudi deux émissaires de l'opposition. Un autre représentant du Consil national de transition a été reçu mercredi par la présidente suisse.

Mardi, Mouammar Kadhafi a mis en garde contre toute ingérence de l'Occident dans son pays, lors d'un entretien téléphonique avec le premier ministre grec Georges Papandréou. Celui-ci lui a conseillé de contribuer à une issue pacifique à l'insurrection. Dans la soirée, Kadhafi a donné plusieurs interviews à des journalistes étrangers. Dans un entretien diffusé par la chaîne d'information LCI, il accuse les Occidentaux de «complot colonialiste» contre son pays sans rejeter l'hypothèse de représailles contre la France :

Le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, Juan Mendez, a annoncé mercredi que les Nations unies allaient enquêter sur des informations faisant état d'enlèvements, de tortures et d'exécution d'opposants par les forces pro-Kadhafi. Des travailleurs étrangers, des réfugiés et personnels soignants ont déclaré avoir vu des miliciens et soldats loyaux à Kadhafi se servir d'ambulances pour entrer dans les hôpitaux, enlever des patients puis les exécuter, afin de faire disparaître des témoins compromettants, détaille le rapporteur spécial.

• Une zone d'exclusion aérienne à l'étude

Catherine Ashton.
Catherine Ashton. Crédits photo : Christian Lutz/AP

Alors que les Occidentaux se concerteront jeudi et vendredi à Bruxelles au sein de l'Otan et de l'UE pour tenter d'aider l'opposition sans enfreindre le droit international ni déstabiliser la région, l'attitude de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, sème le doute. Elle a en effet refusé mercredi de soutenir la demande du Conseil national de transition, constitué par l'opposition, d'être reconnu comme seule autorité légitime en Libye. Une démarche que réclamait pourtant le Parlement européen. Elle a également émis les plus grandes réserves sur la faisabilité d'une zone d'exclusion aérienne destinée à empêcher Kadhafi de bombarder sa population, estimant qu'une telle décision relevait des États. Là-encore, la question sera étudiée à Bruxelles.

De leur côté, le président américain Barack Obama et le premier ministre britannique David Cameron ont convenu de poursuivre la planification de «toute la gamme» d'actions possibles, dont l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a toutefois souligné que la décision d'imposer une telle zone revenait à l'ONU et non aux États-Unis.

Paris et Londres préparent d'ailleurs un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU en ce sens mais son adoption semble se heurter aux réticences de Moscou et Pékin. Le vice-président américain Joe Biden doit d'ailleurs rencontrer mercredi à Moscou le président russe Dmitri Medvedev.

La Ligue arabe a prévu, elle aussi, une réunion de crise samedi pour évoquer la zone d'exclusion, après l'accord des monarchies arabes du Golfe et de l'Organisation de la conférence islamique pour sa mise en place.

» Paris et Londres veulent bloquer l'aviation libyenne

• De nouvelles sanctions adoptées par l'Union européenne

L'UE a approuvé de nouvelles sanctions contre la Libye, visant un fonds souverain et la Banque centrale. Son gouverneur, qui joue un rôle-clé dans la gestion des finances du régime et objet d'intenses recherches internationales, a refait surface en Turquie, a annoncé le Financial Times. Farhat Omar Bengdara a assuré au journal continuer d'assumer ses responsabilités et n'être à l'étranger que pour mieux veiller aux affaires de son pays. Un responsable gouvernemental annonçait pourtant mardi que le ministre libyen des Finances, Abdoulhafid Zlitni, assurait provisoirement les fonctions de gouverneur de la banque centrale.

» INFOGRAPHIE - La difficile traque des milliards de Kadhafi

• Une situation humanitaire tendue

À la frontière tuniso-libyenne, des milliers de réfugiés bengladais attendent d'être enfin rapatriés.
À la frontière tuniso-libyenne, des milliers de réfugiés bengladais attendent d'être enfin rapatriés. Crédits photo : JOEL SAGET/AFP

Alors que près de 200.000 personnes ont fui les combats en Libye, l'ONU a chargé lundi un ex-ministre jordanien d'entreprendre des «consultations urgentes» avec Tripoli sur la crise humanitaire. Le même jour, les Nations unies ont lancé un appel de fonds d'urgence de 114 millions d'euros pour venir en aide à environ un million de personnes victimes du conflit.

Mardi, les responsables humanitaires s'inquiétaient par ailleurs du ralentissement de l'exode à la frontière libyo-tunisienne ne sachant pas s'il fallait l'attribuer à la présence de l'armée libyenne à cet endroit. Moins d'un cinquième des travailleurs étrangers que l'on croit prêts à quitter la Libye sont arrivés à la frontière tunisienne ou en Égypte, soulignent-ils. Ils pourraient être délibérément retenus dans le pays ou craindre d'effectuer le trajet.

Des réfugiés arrivant à Ras Jdir, principal point de passage en Tunisie quand on vient de Tripoli, ont accusé de brutalités des soldats loyalistes qui les ont dépouillés de la plupart de leurs effets. «Ils ont dit que nos biens appartenaient à la Libye, que nous les avions gagnés sur les richesses de la Libye et que nous devions les restituer», témoigne un homme trop effrayé pour donner son nom.

Selon une source diplomatique française, un pont aérien va être organisé par la France avec le soutien financier de l'Arabie saoudite pour rapatrier dans leur pays quelque 12.000 Bengladais qui travaillaient en Libye et qui cherchent à regagner leur pays.

(Avec agences)

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