25 février, 2011

Sarkozy à Ankara pour une visite éclair qui mécontente la Turquie

ANKARA (AFP)

AFP/Archives

Nicolas Sarkozy recevant Recep Tayyip Erdogan le 7 avril 2010 à l'Elysée

Nicolas Sarkozy est attendu vendredi après-midi à Ankara pour parler "essentiellement" du G20, présidé par la France, mais le Premier ministre turc n'a pas caché son mécontentement, jugeant que les relations entre les deux pays méritent mieux qu'une visite éclair.

Selon l'Elysée, cette visite --la première d'un président français depuis François Mitterrand en 1992-- est avant tout "dédiée aux dossiers du G20", le forum des principales économies auquel appartient la Turquie, 17e puissance mondiale.

Comme il l'avait fait auprès du président américain, et avant lui auprès des dirigeants chinois et indien, fin 2010, Nicolas Sarkozy exposera les priorités de sa présidence du G20.

Il s'agit de "la réforme du système monétaire international, dont tout le monde reconnaît aujourd'hui la nécessité, de la lutte contre la volatilité excessive du prix des matières premières, énergétiques et agricoles", ainsi que de la "question des financements innovants", a-t-il expliqué vendredi au journal turc Posta.

La Turquie devrait être attentive à ces chantiers, alors que le Fonds monétaire international, tout en saluant sa croissance vigoureuse, vient de la mettre en garde contre des risques de déséquilibres financiers.

Même si d'autres sujets devraient être abordés lors de cette visite, selon l'Elysée, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan estime que ce déplacement -de "cinq ou six heures" - n'est "pas à la hauteur de l'amitié" entre les deux pays. "La Turquie et les relations franco-turques méritent bien plus que cela", a-t-il protesté dans un entretien à l'AFP mercredi, confiant qu'il aurait préféré que M. Sarkozy vienne en tant que président français et non du G20, et pour plus longtemps.

Autre motif de mécontentement de la Turquie: l'opposition réitérée de M. Sarkozy à son entrée dans l'Union européenne. Interrogé sur la lassitude exprimée par Ankara face à la lenteur extrême des négociations d'adhésion, M. Erdogan a répondu: "Si je disais qu'on est pas fatigué du tout, ce serait un mensonge." "Il faut dire certaines vérités en face: Ils nous fatiguent! Mais cela n'arrêtera pas le processus".

A la veille de cette visite, le ministre turc des Affaires européennes Egemen Bagis a pour sa part revendiqué le droit pour la Turquie de participer aux sommets européens. "La Turquie, comme les autres candidats (à une adhésion à l'UE) devrait être invitée aux sommets européens, nous pourrions alors partager nos observations, nos attentes et nos aspirations pour le monde", a déclaré M. Bagis à l'AFP. Elle "applique les acquis (de l'UE). Elle vote des lois et prend des mesures réglementaires, la Turquie s'améliore chaque jour", a-t-il plaidé.

"Actuellement, 16 des 27 Etats membres ne sont pas en conformité avec les critères de Maastricht, alors que la Turquie l'est, et c'est pour cela que nous avons eu une croissance de 8,5% l'an dernier, alors que la moyenne européenne était de 1,5%", a-t-il assuré lors de cet entretien.

Soulignant par ailleurs les relations privilégiées de la Turquie avec le Proche-Orient, une région en proie à une vive agitation politique, M. Bagis a poursuivi: "Au moins l'Europe pourrait tirer profit des possibilités de la Turquie", le pays "qui a le plus d'influence dans cette partie du monde".

Dans son interview à Posta, M. Sarkozy a quant à lui fait valoir que la France et la Turquie travaillaient "en étroite coopération, sur de nombreux sujets". "Je pense au Liban, au processus de paix au Proche-Orient, à l'Afghanistan, où nos soldats combattent côte à côte. Sur tous ces sujets, j'attache le plus grand prix à l'avis" des dirigeants turcs, a-t-il insisté.

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