Voici la situation au Moyen-Orient et dans le monde arabe, pays par pays, vendredi 25 février, alors que l'onde de choc née en Tunisie, puis en Egypte, ne cesse d'avoir des répercussions.


(c) AFP

En Algérie: Le président américain Barack Obama a "félicité" le gouvernement algérien après la levée jeudi de l'état d'urgence décrété il y a 19 ans et espère que cette mesure augure de changements répondant aux aspirations du peuple algérien, a indiqué la Maison Blanche. "Il s'agit d'un signe positif montrant que le gouvernement algérien écoute les préoccupations et répond aux aspirations de son peuple et nous sommes impatients de voir les prochaines mesures qui seront prises pour permettre aux Algériens d'exercer pleinement leurs droits universels, dont la liberté d'expression et d'association", a ajouté le président américain. Les Etats-Unis continueront à coopérer avec l'Algérie dans cette perspective, a assuré le président américain.
Le gouvernement algérien n'envisage pas toutefois pour l'heure d'autoriser de nouveaux partis politiques. L'opposition algérienne a étalé de nouvelles divergences face au pouvoir qui a poursuivi sa reconquête de l'opinion publique en annonçant mardi une levée de l'état d'urgence en vigueur depuis 19 ans -effective depuis jeudi- ainsi que des mesures en faveur de l'économie, de l'emploi et du logement. La marche de l'opposition algérienne prévue samedi à Alger sera interdite, comme les deux précédentes. De "sévères" sanctions seront prises contre les policiers qui ont frappé lundi deux manifestants lors d'un rassemblement d'étudiants devant ministère de l'Enseignement supérieur, a affirmé mercredi à Alger un responsable de la police algérienne.

En Arabie saoudite: Le roi Abdallah d'Arabie saoudite a recouvré la santé après ses opérations au dos mais a besoin de poursuivre le programme de rééducation entamé à New York, a déclaré vendredi le ministre saoudien de la Santé. Rentré dans son pays après trois mois d'absence pour raisons médicales, il a annoncé une série de mesures sociales. Le souverain a ordonné qu'une prime de 15%, précédemment décidée pour environ un million de Saoudiens travaillant dans la fonction publique, soit intégrée dans leurs salaires. Le capital d'un fonds d'aide au logement sera augmenté de 40 milliards de riyals (environ 10,7 milliards de dollars) pour mieux répondre aux demandes de prêts immobiliers.
Un grand nombre de prisonniers saoudiens, qui étaient détenus pour des délits financiers, ont été graciés. Une série de mesures pour lutter contre le chômage et aider les étudiants à l'étranger ont également été proclamées.

A Bahreïn: Pour la première fois depuis le début des mouvements de contestation à Bahreïn le 14 février, des centaines de manifestants ont défilé jeudi dans le centre de Manama, où le plus haut gradé américain est arrivé pour rassurer cet allié clef des Etats-Unis. L'amiral Mike Mullen, chef d'état-major interarmées, est en tournée dans le Golfe depuis dimanche. Les manifestants demandent des réformes l'instauration d'une monarchie constitutionnelle dans cet archipel de 1,2 million d'habitants et la fin de la dynastie des al Khalifa, une lignée sunnite qui règne depuis plus de 200 ans sur ce royaume à majorité chiite. Mercredi, 23 militants chiites, poursuivis pour des crimes qualifiés de terroristes, ont été graciés par le roi et libérés. Pour autant, l'opposant chiite bahreïni Hassan Machaimaa, qui voulait rentrer au pays après avoir été gracié par le roi, a été arrêté au Liban, selon une source judiciaire jeudi. Le roi Hamad ben Issa al-Khalifa s'est rendu en Arabie saoudite voisine pour s'entretenir avec le roi Abdallah rentré dans son pays après trois mois d'absence. Depuis le début de la contestation, 7 manifestants ont été tués. L'agence de notation Moody's a placé mercredi sous surveillance la note souveraine de Bahreïn, qu'elle pourrait abaisser dans trois mois.

En Egypte: L'ancien ministre de l'Information égyptien Anas al-Fekki et le président de l'audiovisuel d'Etat Oussama el-Cheikh ont été arrêtés jeudi à la suite d'accusations de corruption. Le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle a annoncé "la levée des restrictions aux voyages" en Egypte, et la volonté de l'Allemagne d'aider économiquement ce pays durant sa "transition vers la démocratie". La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) se tient prête à étendre ses investissements à l'Egypte, où elle pourrait investir un milliard d'euros par an, sous réserve du feu vert de ses actionnaires, a annoncé mercredi son président Thomas Mirow. Des policiers qui réclamaient leur réintégration ont mis le feu à un bâtiment du ministère de l'Intérieur au Caire. L'armée, déployée dans la ville pour maintenir la sécurité durant la révolte contre le pouvoir, est intervenue, parvenant à éteindre l'incendie. Quelque 15.000 personnes fuyant la violence en Libye ont commencé à rentrer en Egypte par le poste frontalier l'Al-Saloum, sur la côté méditerranéenne.
L'Egypte a reçu l'accord des autorités libyennes pour effectuer 37 vols afin de rapatrier ses ressortissants. Selon Le Caire, près d'1,5 million d'Egyptiens travaillent en Libye. Environ 365 personnes ont été tuées et 5.500 blessées durant les 18 jours de manifestations à travers l'Egypte. Quant à l'ancien président Hosni Moubarak, il "ne va pas bien, a baissé les bras et veut mourir à Charm-el-Cheikh", selon un responsable saoudien qui a pu s'entretenir avec lui.

En Irak: Au moins deux manifestants ont été tués et 20 autres personnes blessées, dont sept policiers vendredi, "journée de la colère" en Irak, dans des heurts entre protestataires et forces de l'ordre à Hawija dans le nord. Un policier a été tué et un autre blessé mercredi à Halabja, au Kurdistan, lors d'une manifestation contre les deux partis traditionnels. Un adolescent a été tué et 48 manifestants blessés dimanche soir dans des affrontements avec les forces de l'ordre à Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan irakien, théâtre d'incidents meurtriers depuis plusieurs jours.

En Iran: Plusieurs pays européens ont demandé que l'UE impose des sanctions contre l'Iran en raison des violations des droits de l'homme dans le pays.La justice iranienne a averti mardi qu'elle considèrerait désormais comme des "contre-révolutionnaires" tous les partisans des deux chefs de l'opposition réformatrice, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, détenus au secret à leur domicile. L'accusation de "contre-révolutionnaire" (en référence à la Révolution islamique de 1979) peut entraîner des condamnations sévères. Ce raidissement du pouvoir à l'égard de l'opposition intervient après deux séries de manifestations antigouvernementales les 14 et 20 février à Téhéran et dans plusieurs autres villes d'Iran pour la première fois depuis un an.

En Jordanie: Une "journée de la colère" est organisée vendredi à Amman pour "dénoncer les violences et réclamer des réformes", a annoncé mercredi l'opposition espérant en faire la plus grande manifestation depuis le début du mouvement de contestation dans le royaume hachémite en janvier. Le roi Abdallah II a appelé dimanche le gouvernement, le Parlement et la justice à prendre des mesures rapides pour engager des "réformes politiques réelles", entamer un "dialogue général" et lutter contre la corruption. 8 personnes ont été blessées dimanche à Amman lorsque des partisans du gouvernement ont attaqué une manifestation de plusieurs centaines de jeunes appelant à des réformes politiques.

En Libye: cliquez ici.

Au Maroc: Le Maroc entend passer à la "vitesse supérieure" dans les réformes, a déclaré lundi le ministre de la communication Khalid Naciri au lendemain d'une journée de manifestations réclamant des réformes politiques dans le pays. 5 personnes ont trouvé la mort et 128 ont été blessées -dont 115 membres des forces de l'ordre- lors de troubles ayant suivi ces manifestations. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche à Casablanca et à Rabat pour réclamer des réformes politiques et une limitation des pouvoirs du roi. "Liberté, dignité, justice", scandaient des manifestants à Casablanca. Des incidents se sont produits à l'issue de rassemblements à Marrakech (sud) et à Larache (nord), où des personnes étrangères à la manifestation ont pillé des magasins et attaqué des édifices publics, selon des sources concordantes.

Au Soudan: Le président Omar el-Béchir a indiqué lundi qu'il ne briguerait pas un autre mandat lors de la prochaine élection présidentielle, selon un responsable du Parti national du Congrès (au pouvoir).

En Syrie: Un étudiant en journalisme et blogueur syrien Ahmad Hadifa a été libéré jeudi, six jours après son arrestation, sans qu'aucune charge ne soit retenue contre lui. Son blog explique notamment comment contourner la censure de sites bloqués par les autorités et présente des articles sur les révolutions qui ont éclaté en Tunisie et en Egypte et la possibilité de contagion à d'autres pays de la région.Le président syrien Bachar al-Assad a estimé mardi que les dirigeants du monde arabe devaient être plus à l'écoute de leur peuple, lors d'une rencontre avec une délégation de sénateurs américains en visite à Damas.

En Tunisie: Plus de 5.700 Tunisiens et Libyens ont fui la Libye par la route pour se réfugier en Tunisie lundi et mardi, a indiqué mercredi le Croissant rouge qui évoque un "risque catastrophique" d'exode massif.

Au Yémen: Le président yéménite Ali Abdallah Saleh a donné l'ordre à ses forces de sécurité de "protéger les manifestants" au Yémen où la répression de la contestation populaire a fait au moins 15 morts, a annoncé jeudi l'agence officielle Saba. La mort de deux manifestants dans une attaque de partisans du pouvoir contre un sit-in à Sanaa a renforcé la détermination des contestataires qui continuaient de camper par milliers dans la capitale pour réclamer le départ du président Ali Abdallah Saleh. Le Congrès Populaire Général (CPG, au pouvoir) a reporté sine die une contre-manifestation de ses partisans et huit députés du parti ont présenté leur démission. Au total, 16 personnes ont été tuées depuis le début des violentes protestations le 13 février, selon des sources médicales. Le président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, a déclaré lors d'une conférence de presse qu'il ne partirait "que par les urnes".

(Challenges.fr)