21 février, 2011

L'Europe s'inquiète pour ses citoyens en Libye

BRUXELLES (AFP)

AFP

Une image diffusée par la télévision libyenne montre des manifestants rassemblés sur la place Verte à Tripoli, le 21 février 2011

Les pays européens réfléchissent à l'évacuation de leurs citoyens de Libye face au risque croissant de guerre civile dans le pays, tout en restant divisés entre partisans de la fermeté et de la prudence à l'égard de Mouammar Kadhafi.

"Nous sommes extrêmement préoccupés, nous coordonnons l'évacuation éventuelle des citoyens de l'Union européenne de Libye, en particulier de Benghazi", épicentre de la révolte, a déclaré lundi la ministre espagnole des Affaires étrangères, Trinidad Jimenez, en marge d'une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles.

Vingt-cinq des 27 pays de l'UE déconseillent désormais les voyages de leurs ressortissants dans le pays et recommandent à ceux qui y sont déjà de partir s'ils n'ont pas de raison impérative de rester, selon une source diplomatique.

Le Portugal et l'Autriche ont annoncé l'envoi d'avions militaires à Tripoli pour rapatrier leurs ressortissants et des citoyens d'autres pays de l'Union européenne. La Serbie et la Croatie préparent l'évacuation de leurs citoyens, tout comme le font les entreprises étrangères présentes en Libye, en particulier dans le pétrole, pour leurs salariés.

La Libye est au bord de la guerre civile et le pouvoir du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans, contesté dans la rue comme jamais.

Les violences ont atteint la capitale Tripoli et le bilan des manifestations a atteint 233 morts, selon l'ONG Human Rights Watch.

"Nous allons examiner la nécessité d'une évacuation avec l'évolution de la situation" sur le terrain, a souligné le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague.

Plus largement, les ministres européens des Affaires étrangères se sont réunis à Bruxelles pour définir leur réponse face au vent de révolte qui secoue le Maghreb et le Moyen-Orient, ainsi que pour parler de l'aide à apporter pour favoriser la transition démocratique de ces pays.

Après les révolutions en Tunisie et en Egypte - où le chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton effectue une visite mardi dans la foulée de celle du Premier ministre britannique David Cameron - l'Europe est confrontée au troisième grand soulèvement populaire à sa porte contre un régime autoritaire de la rive méridionale de la Méditerranée.

Le ministre allemand des Affaires européennes, Werner Hoyer, a parlé d'"un mouvement tectonique" pour l'UE.

Le message européen est toutefois quelque peu brouillé par des divergences d'approches.

L'Union européenne a certes "condamné" lundi dans une déclaration commune la répression des manifestations en Libye et demandé que soit mis fin "immédiatement" à la violence. Son président Herman Van Rompuy s'est dit "horrifié".

Mais l'Italie, préoccupée surtout par un afflux d'immigrés clandestins de la rive Sud de la Méditerranée vers ses côtes, et l'île de Lampedusa, a appelé ses partenaires à ne pas exercer trop de pression sur Tripoli.

"Nous ne devrions pas donner la mauvaise impression que nous exportons notre démocratie. Nous devons aider et soutenir la réconciliation pacifique", a souligné son ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini.

Exprimant un point de vue similaire, son homologue tchèque Karel Schwarzenberg a mis en garde contre les "catastrophes" qu'entraînerait une chute du colonel Mouammar Kadhafi.

Au-delà, l'UE a entrepris lundi une refonte de sa politique d'aide aux pays arabes, en la conditionnant beaucoup plus à l'avenir aux progrès de la démocratie. Elle a promis une aide "plus efficace" aux pays de la rive Sud de la Méditerranée qui font des réformes politiques et économiques.

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