11 janvier, 2011

Tunsie: entre 21 et 50 morts, des affrontements en banlieue de Tunis

TUNIS (AFP)

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Un manifestant tunisien affronte la police à Regueb, près de Sidi Bouzid, le 11 janvier 2011

Des affrontements ont éclaté mardi soir pour la première fois dans une banlieue de Tunis alors que les troubles sociaux qui secouent la Tunisie depuis près d'un mois ont fait entre 21 morts, selon les autorités, et plus de 50 tués, selon un syndicaliste.

"Nos chiffres disent 21 décès", a déclaré mardi lors d'un point de presse, le ministre tunisien de la Communication Samir Laabidi. "Ceux qui ont parlé de 40 ou 50 morts doivent produire une liste nominative", a-t-il lancé, faisant état de dégâts matériels "considérables" sans fournir d'évaluation chiffrée.

Le précédent bilan officiel, communiqué mardi à la mi-journée, faisait état de 18 morts.

La présidente de la Fédération internationale des ligues de droits de l'homme (FIDH), Souhayr Belhassen, avait assuré qu'au moins 35 personnes avaient trouvé la mort dans les émeutes. "Le chiffre de 35 morts s'appuie sur une liste nominative", avait-elle déclaré.

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Une manifestante tunisienne, près de Sidi Bouzid le 10 janvier 2011

Un peu plus tôt dans la journée, Sadok Mahmoudi, membre de la branche régionale de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), avait évoqué une situation de "chaos" à Kasserine, principale ville du centre, et un bilan de plus de 50 morts les trois derniers jours.

"Le nombre de tués a dépassé les cinquante, a dit le syndicaliste, citant un bilan recueilli auprès du personnel médical de l'hôpital régional de Kasserine où ont été transportés et comptabilisés les corps depuis différents lieux de la région.

"C'est le chaos à Kasserine après une nuit de violences, de tirs de snipers, pillages et vols de commerces et de domiciles par des effectifs de police en civil qui se sont ensuite retirés", a affirmé ce syndicaliste.

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Localisation des villes où ont été tués les manifestants

Cette version des faits a été corroborée par d'autres témoins interrogés par l'AFP, paraissant indiquer que l'intervention télévisée lundi du président Zine El Abidine Ben Ali n'avait pas réussi à désamorcer les plus graves protestations sociales en 23 ans de régime.

Un fonctionnaire local ayant requis l'anonymat a fait état de tirs de snipers postés sur les toits et de tirs des forces de police sur des cortèges funèbres dans cette ville à 290 km au sud de la capitale, Tunis.

Le personnel médical de l'hôpital de Kasserine a débrayé durant une heure en signe de protestation, a ajouté ce fonctionnaire, décrivant des "cadavres éventrés, à la cervelle éclatée".

Mais pour le gouvernement tunisien, Kasserine a été "le théâtre d'actes de violence et de destructions perpétrés par des groupes qui ont attaqué deux postes de police, à coup de bouteilles incendiaires, de bâtons et de barres de fer".Dans le même temps, les violences ont pour la première fois depuis le début de la révolte sociale gagné la banlieue de la capitale.

Des affrontements ont opposé dans la cité Ettadhamoun, à 15 km du centre de Tunis, des manifestants et des forces de l'ordre, ont indiqué à l'AFP des habitants.

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Des civils tunisiens enterrent des proches, le 9 janvier 2011 à Tala

"Nous n'avons pas peur", ont crié des groupes de jeunes manifestants qui ont brûlé un autobus et saccagé des commerces et une banque, a déclaré à l'AFP un témoin.

Une femme a indiqué en outre que les manifestants à visage découverts ont barré la route qui conduit à Bizerte (nord) à hauteur de la cité populaire. La police a tiré des gaz lacrymogènes et des tirs de balles en caoutchouc ont été entendus par cette femme.

Ces heurts, qui ont commencé après 18H00 locales et se sont poursuivis pendant deux heures, seraient les plus graves dans la banlieue de Tunis, où des manifestations ont été étouffées mardi.

Le mouvement de révolte sociale a débuté le 17 décembre après l'immolation par le feu d'un jeune marchand de rue de Sidi Bouzid, dans le centre-ouest, à 265 km de Tunis, qui protestait contre la saisie de sa marchandise par la police.

Washington a de nouveau fait part mardi de sa préoccupation à propos d'informations selon lesquelles les forces de sécurité tunisiennes feraient un "usage excessif de la force" et Londres a appelé Tunis à résoudre la situation "pacifiquement".

Et des partis d'opposition ont exprimé leur déception mardi après le discours du président tunisien, jugé "en deçà des attentes", un parti radical appelant même à la démission du gouvernement.

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