27 janvier, 2011

La Belgique en crise songe à un gouvernement d'union nationale

BRUXELLES (AFP)

AFP

Le chef du PS francophone belge, Elio Di Rupo, prononce un discours au cours d'une réception de Nouvel a, à Bruxelles le 27 janvier 2011

La Belgique, en bonne voie pour battre le record mondial peu envié de la plus longue crise politique en raison des divisions entre Flamands et francophones, pourrait y échapper en formant un "gouvernement d'union nationale", a suggéré jeudi le chef du PS francophone.

"Le PS appelle tous les partis démocratiques, flamands et francophones, à prendre leurs responsabilités pour former un gouvernement fédéral de plein exercice pour notre pays et nos citoyens", a déclaré Elio Di Rupo au cours d'une réception de Nouvel an.

Pour le président du PS, il pourrait s'agir d'un "gouvernement d'union nationale", constitué des partis libéraux, socialistes, chrétiens-démocrates et écologistes, francophones et flamands, ainsi que du parti indépendantiste flamand N-VA.

A défaut, cette coalition pourrait être constituée "au départ des partis du gouvernement actuel", composé de libéraux, de socialistes et de chrétiens-démocrates, mais qui ne compte ni les écologistes, ni la N-VA.

"Ce gouvernement devrait se consacrer aux chantiers socio-économiques et budgétaires essentiels" et franchir une "première étape institutionnelle", en particulier pour résoudre l'épineuse question de l'arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde (dit BHV) et le financement de la région de Bruxelles, a dit M. Di Rupo.

La suggestion du leader socialiste, qui avait remporté les élections législatives du 13 juin côté francophone, vise à sortir la Belgique de l'impasse politique dans laquelle elle est plongée depuis plus de sept mois.

Le pays a déjà battu le 8 janvier le record d'Europe de la plus longue crise politique, détenu par son voisin néerlandais qui avait mis 208 jours pour former un gouvernement en 1977. Le record absolu de l'Irak, à qui il avait fallu 289 jours pour former un cabinet en 2009, n'est plus très loin.

Depuis le 13 juin, le pays est toujours géré par un gouvernement chargé d'expédier les affaires courantes, ce qui ne peut plus durer alors que les marchés financiers s'inquiètent pour les finances du pays et que la population se montre de plus en plus exaspérée, a estimé Elio Di Rupo.

Le président des libéraux francophones Didier Reynders s'est réjoui de la proposition socialiste, y voyant une "ouverture faites aux libéraux" alors que ceux-ci ont été exclus des négociations en cours depuis les législatives.

En revanche, le chef du gouvernement régional de la Flandre, le chrétien-démocrate Kris Peeters, a jugé "pas très sage" de lancer un tel appel sans concertation préalable avec les autres partis.

Le "conciliateur" nommé par le roi Albert II, Johan Vande Lanotte, a jeté l'éponge mercredi soir après trois mois d'une vaine médiation au cours de laquelle il n'a même pas réussi à réunir les partis flamands et francophones autour d'une même table.

Le roi, chef de l'Etat, a entamé jeudi des consultations de plusieurs jours pour tenter de trouver une issue.

Les trois partis francophones jusqu'ici associés aux négociations ont bien accepté depuis l'été le principe du transfert de pouvoirs vers les régions (Wallonie, Flandre et Bruxelles) de compétences aujourd'hui fédérales, que réclament les partis flamands.

Mais ils ont rejeté une demande des indépendantistes de la N-VA de décentraliser la politique de l'emploi.

Dès lors, estimait le politologue Pascal Delwit, "la perspective de nouvelles élections se rapproche de plus en plus".

Les responsables politiques risquent d'y perdre toute crédibilité et le scrutin pourraient déboucher sur une radicalisation des deux camps, voire sur un processus de partition du pays, selon des analystes politiques.

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