27 janvier, 2011

Egypte: un 7e mort, tirs de roquettes contre la police

LE CAIRE (AFP)

AFP

Affrontements entre manifestants égyptiens et policiers à Suez, le 27 janvier 2011

L'opposant égyptien le plus en vue, Mohamed ElBaradei, arrivé jeudi soir au Caire, a proposé de mener la transition au régime de Hosni Moubarak, confronté depuis mardi à des manifestations sans précédent qui ont fait sept morts et entraîné un millier d'arrestations.

Jeudi soir dans le Sinaï égyptien, la police a été prise pour cible par des tirs de roquettes jeudi soir dans le Sinaï égyptien, sans être touchée. Les roquettes antichars de type RPG ont été tirées à cheikh Zouwayed, ville du Sinaï habitée principalement par des bédouins armés qui demandent depuis des années la libération de plusieurs des leurs, détenus sans avoir été jugés.

Ces violences surviennent au troisième jour de manifestations en Egypte contre le régime du président Hosni Moubarak.

Les jeunes militants pro-démocratie à l'origine du mouvement, inspiré par la révolte tunisienne qui a chassé du pouvoir le président Zine El Abidine Ben Ali, ont appelé à de nouvelles manifestations après les prières hebdomadaires de vendredi.

AFP/Archives

Montage de photos du président Moubarak en septembre 2009 (G) et de Mohamed ElBaradei en novembre 2009

La mobilisation a été marquée jeudi par un septième décès, dans le nord du Sinaï. Un manifestant a été mortellement atteint d'une balle dans la tête lors d'un échange de tirs entre manifestants bédouins et forces de sécurité, selon des témoins.

A Suez (nord-est), des manifestants ont mis le feu à une caserne de pompiers après avoir lancé des cocktails molotov sur la police, selon un photographe de l'AFP sur place.

A Ismaïliya, au nord de Suez, des accrochages ont opposé plusieurs centaines de manifestants aux forces de l'ordre.

La police était massivement présente toute la journée dans le centre du Caire, qui a connu des manifestations et des heurts mardi et mercredi.

Conséquence des protestations, la Bourse du Caire a accusé une forte chute jeudi, qui l'a contrainte à une suspension provisoire. Elle a clôturé en recul de plus de 10%. La veille, le principal indice EGX 30 avait chuté de 6%.

AFP

Des manifestants égyptiens brûlent des pneus en combattant les forces de l'ordres à Suez, le 27 jan vier 2011

En outre, les matchs du championnat égyptien de football prévus vendredi et samedi ont été reportés, a annoncé la fédération égyptienne de football.

"C'est un moment critique dans l'histoire de l'Egypte (...) La volonté de changement doit être respectée", a déclaré au Caire M. ElBaradei, l'ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique devenu une figure de l'opposition.

"Si la population veut que je mène la transition, alors je ne la décevrais pas", avait-il déclaré à Vienne avant son départ, en précisant vouloir participer aux nouvelles manifestations qui s'annoncent, selon lui, "massives".

M. ElBaradei ne dispose pas d'un parti reconnu, mais a formé un mouvement, l'Association nationale pour le changement, qui plaide pour des réformes démocratiques et sociales. Il est la plus connue des personnalités d'opposition à soutenir publiquement le mouvement de protestation.

Parallèlement, le Parti national démocratique au pouvoir qui a tenu sa première réunion depuis le début des manifestations s'est dit ouvert à un dialogue avec la jeunesse, et démenti les rumeurs sur la fuite de certains responsables. Il n'a toutefois pas proposé de concessions aux manifestants.

Les manifestations, qui ont débuté mardi, sont les plus importantes depuis l'arrivée au pouvoir en 1981 de M. Moubarak, 82 ans, critiqué notamment pour n'avoir jamais levé l'état d'urgence en place depuis près de 30 ans.

Depuis mardi, cinq manifestants et deux policiers ont été tués et des dizaines de personnes blessées. Selon un responsable des services de sécurité, "au moins mille personnes ont été arrêtées à travers le pays".

Le président américain Barack Obama a affirmé jeudi que la violence n'était "pas une solution aux problèmes en Egypte", et appelé le gouvernement et les manifestants à faire preuve de retenue.

Tout en qualifiant le président Moubarak de "partenaire important", le porte-parole de la Maison Blanche a affirmé à plusieurs reprises que les Etats-Unis "ne prennent pas parti".

L'Union européenne et l'ONU avaient appelé le gouvernement égyptien à écouter les demandes du peuple, et Paris à respecter la liberté d'expression.

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