27 janvier, 2011

Drame minier en Colombie: 21 morts, débat posé sur le manque de sécurité

SARDINATA (Colombie) (AFP)

AFP

Des mineurs à l'entrée de la mine "La Preciosa" dans la municipalité de Sardinata, en Colombie, le 26 janvier 2011

Le dernier drame minier en Colombie, une explosion de gaz qui a coûté la vie à 21 mineurs, a suscité jeudi un débat sur le manque de sécurité pour les travailleurs de ce secteur en expansion, alors que la Colombie se hisse au 5ème rang mondial en matière d'exportations de charbon.

Jeudi matin, la recherche des corps de quatre des 21 mineurs tués se poursuivait aux abords de la mine "La Preciosa", située à 670 km au nord de Bogota, non loin de la frontière avec le Venezuela.

Les 17 autres avaient été récupérés la veille, quelques heures après le coup de grisou qui a touché la mine vers 6h50 (11h50 GMT), juste au moment de la relève des travailleurs.

"Il n'y aura pas de survivants", a déclaré à l'AFP Jacqueline Sepulveda, la propriétaire. "S'il s'était agi d'un glissement de terrain, nous aurions de l'espoir, mais en raison de l'explosion, il n'y aura pas de survivants", a-t-elle ajouté.

Le président colombien Juan Manuel Santos a annoncé depuis Davos (Suisse) que des mesures devaient être prises pour renforcer le contrôle des mines en Colombie, où 173 travailleurs ont trouvé la mort en 2010.

Le chiffre, selon des données officielles, est en constante augmentation depuis 2004, année où huit morts avaient été rapportées.

M. Santos a décidé d'écourter d'une journée son voyage en Europe pour être dès vendredi aux côtés des victimes.

"Je vais donner des instructions pour que l'ensemble de la réglementation et du contrôle du respect de celle-ci soit revu", a-t-il déclaré à la presse.

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Des mineurs se reposent après avoir extrait les corps de trois collègues de la mine de "la preciosa", vers Sardinata, le 26 janvier 2011

A Bogota, le ministre des Mines Carlos Rodado a assuré à Radio Caracol que ses services ne disposaient que de "16 personnes pour surveiller 3.000 mines opérationnelles et 3.000 gisements faisant l'objet d'explorations". Pour lui, la tragédie doit permettre de réfléchir à "l'obligation de l'Etat" de mieux surveiller les mines souterraines.

La veille, ce ministre avait ordonné la fermeture d'office de La Preciosa, qui employait 110 mineurs, jusqu'à ce que l'enquête détermine les causes exactes du drame.

"Je suis pour la première fois en accord avec le ministère des Mines", a déclaré à l'AFP l'expert Julio Fierro Morales, ancien conseiller du ministère de l'Environnement. "L'Etat n'a pas su protéger ce secteur des conséquences négatives de l'extraction minière souterraine, une des activités les plus dangereuses du monde", a ajouté le géologue.

La hausse du nombre des accidents a pour sa part expliqué Arturo Quiros, président de l'association réunissant les principales entreprises du secteur (Asomineros), est en partie liée "à l'augmentation de l'activité", mais aussi, a-t-il admis, "à la confiance excessive des travailleurs (...) et au manque de respect des réglementation", de la part de certaines entreprises.

En Colombie, cinquième exportateur mondial de charbon en 2010, la production n'a cessé d'augmenter ces dernières années, passant de moins de 60 millions de tonnes en 2003 à 75 en 2010.

Selon Asomineros, elle pourrait en outre doubler d'ici dix ans, tirée par la demande mondiale de matières premières.

Environ 298.000 personnes sont employées dans les mines colombiennes, de charbon, mais aussi d'or, ou d'émeraudes.

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