24 janvier, 2011

Etats-Unis: débat autour du procès d'un garçon accusé d'avoir commis un meurtre à 11 ans

PITTSBURGH (Etats-Unis) (AFP)

AFP

Photo, publiée par l'administration pénitientiaire de Pennsylvanie en mars 2009, de Jordan Brown, 13 ans, accusé de meurtre

Un adolescent de 13 ans risque la détention à perpétuité sans possibilité de sortie aux Etats-Unis, selon qu'il va être jugé comme adulte ou comme mineur, un débat sur lequel se penche une cour d'appel locale de Pennsylvanie (est) à partir de mardi.

S'il est jugé comme un adulte, ce que la loi de Pennsylvanie prévoit pour les homicides, Jordan Brown, accusé d'avoir tué quand il avait 11 ans l'amie de son père alors enceinte de 8 mois, encourt la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle.

En revanche, s'il est jugé comme adolescent et reconnu coupable, il sera envoyé dans un pénitencier pour mineurs conçu pour aider ceux-ci à s'insérer dans la société, et libéré à 21 ans.

Trois juges vont entendre les arguments des deux parties pour déterminer quelle juridiction est compétente étant donné l'horreur du crime.

Jordan Brown n'avait que 11 ans en février 2009 lorsqu'il a tué d'une balle dans la nuque, selon l'accusation, Kenzie Houk, alors enceinte de huit mois, dans la maison de famille au nord-ouest de Pittsburgh.

Les enquêteurs affirment que le jeune garçon avait prémédité son meurtre et attendu que son père parte travailler ce matin-là pour entrer dans la chambre et abattre la jeune femme avec un pistolet calibre 20.

D'après l'accusation, il était ensuite allé à l'école. La fille de la victime, âgée de 4 ans, avait été la première à découvrir le cadavre de sa mère.

L'an dernier, un juge local de première instance avait estimé que l'adolescent devait être jugé comme un adulte pour ce qui devait être considéré comme un double meurtre, le bébé que la victime attendait étant sur le point de naître.

L'adolescent est détenu depuis deux ans et son sort s'est transformé en une sorte de referendum sur la façon dont le système judiciaire américain considère les enfants.

L'organisation des droits de l'homme Amnesty International s'est notamment dite "profondément perturbée" d'imaginer que ce tout jeune garçon puisse ne jamais recouvrer la liberté s'il est considéré comme un adulte.

En vertu de la loi de Pennsylvanie, dans le cas d'un crime aussi grave, le dossier est directement déposé au greffe du tribunal pénal, et c'est à la défense de convaincre la justice que l'accusé doit être jugé par un tribunal pour mineurs.

Mardi, les avocats de Jordan Brown vont tenter d'être plus persuasifs qu'en première instance. Une de leurs parades, selon leur argumentaire écrit, est de plaider que l'adolescent est pris au piège du système judiciaire de Pennsylvanie car, pour être jugé comme un mineur, il faudrait qu'il reconnaisse sa culpabilité et exprime des remords afin de démontrer qu'il est propre à la réinsertion.

"Il maintient qu'il est innocent, et pour le juge, ça signifie qu'il refuse d'endosser la responsabilité de son acte", explique David Acker, un de ses avocats.

Mais pour Nils Frederiksen, porte-parle du procureur, le juge de première instance "a explicitement précisé que l'admission de culpabilité n'était pas requise" pour que le dossier soit transféré vers un tribunal pour mineurs.

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