24 janvier, 2011

Nicolas Sarkozy reconnaît la difficulté de sa présidence du G20

par Emmanuel Jarry et Yann Le Guernigou

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy, qui veut faire de sa présidence du G20 un temps fort de la fin de son quinquennat, a admis lundi que tous les sujets mis sur la table par Paris ne seraient pas réglés d'ici la fin de l'année.

Lors d'une rare conférence de presse, devant le logo de la présidence du G20 - une tour Eiffel tricolore assortie du slogan "Nouveau monde, nouvelles idées" -, le président français a de nouveau exposé ses grandes priorités.

"Notre objectif est d'ouvrir des chantiers de fond et qui ne peuvent plus attendre de façon à être en mesure de présenter des résultats concrets à une opinion publique de plus en plus impatiente", a-t-il déclaré.

Outre la mise en oeuvre des décisions du G20 en matière de régulation financière, il a cité le lancement d'une réforme du système monétaire international (SMI), la lutte contre la volatilité des prix des matières premières, l'amélioration de la gouvernance mondiale et le financement du développement.

Il n'a cependant pas caché la difficulté de la tâche, en présence de 300 journalistes dont la moitié de correspondants étrangers, des ambassadeurs en poste à Paris et d'une dizaine de ministres, en particulier en ce qui concerne la réforme du SMI.

"Je suis certain que nous ne réglerons pas tous les problèmes en une présidence mais la France souhaite un débat car le débat ne peut plus attendre", a dit Nicolas Sarkozy, qui a consulté ces derniers mois ses principaux partenaires du G20.

"L'ordre du jour et l'agenda, maintenant, font consensus. Les solutions ne font pas consensus, ça c'est certain. On a beaucoup progressé sur la méthode de travail et sur l'agenda. Il nous reste à progresser sur les solutions", a-t-il ajouté.

"TOUTES LES PISTES"

En marge de la conférence de presse du chef de l'Etat, la ministre de l'Economie a récusé l'idée que la France ait revu ses ambitions à la baisse.

"Au niveau des chantiers, ce qu'on reconnaît ici c'est qu'on n'arrivera pas à les fermer mais on ouvre toutes les pistes", a déclaré Christine Lagarde à Reuters.

Nicolas Sarkozy a ébauché le calendrier qui doit conduire au sommet du G20, début novembre à Cannes, en passant par celui du G8, les 26 et 27 mai à Deauville.

Il a précisé que l'Allemagne coprésiderait avec le Mexique, qui assumera la présidence du G20 en 2012, le groupe de travail chargé de travailler sur la réforme du SMI, tandis que la Russie s'impliquera dans le dossier matières premières. Il a confirmé qu'il participerait fin mars en Chine à un séminaire sur le SMI.

Il a évoqué des pistes de travail, souvent déjà connues - indicateurs d'évaluation des déséquilibres financiers, diversification des monnaies de réserve, réforme du FMI afin qu'il puisse surveiller les mouvements de capitaux, bases de données sur les stocks de produits agricoles, régulation des marchés de produits financiers dérivés des matières premières.

Il s'est de nouveau dit favorable à une taxe sur les transactions financières pour financer le développement des pays les moins favorisés et lutter contre la spéculation.

A 15 mois de l'élection présidentielle, à laquelle il sera probablement candidat, Nicolas Sarkozy mise sur la présidence du G20 pour reconquérir une opinion qui le boude, de même qu'il avait surfé en 2008 sur sa présidence de l'Union européenne.

"SOCLE DE PROTECTION SOCIALE UNIVERSELLE"

Il s'est attaché à faire de la pédagogie sur des sujets complexes et a priori éloignés des préoccupations immédiates des Français, en estimant que l'agenda de la présidence était "de nature à reconnecter l'opinion publique et le G20".

Si le G20 ne fait rien pour stabiliser les prix des matières premières, "nous risquons des émeutes de la faim dans les pays les pauvres" comme celles de 2008 et "un impact très défavorable sur la croissance mondiale", a-t-il dit.

La volatilité des prix des céréales et des monnaies sont des sujets "profondément quotidiens" pour des catégories sociales comme les éleveurs ou les chefs d'entreprise.

Quant au financement du développement, il y voit le seul moyen d'endiguer des flux migratoires en provenance d'Afrique, que "personne n'arrêtera" si le continent n'a pas accès à l'énergie et aux grandes infrastructures.

"La planète est devenue un village, c'est une réalité", a-t-il dit. "La France ne peut être abritée derrière des frontières imaginaires."

Nicolas Sarkozy a également dit souhaiter que le G20, dont certains des principaux membres n'ont toujours pas ratifié les conventions internationales sur le droit du travail, réfléchisse à un "socle de protection sociale universelle".

Le G20 doit "demeurer efficace" pour rester légitime, a souligné le président français, un des principaux artisans de la transformation de ce groupe informel de pays riches et émergents en principal forum économique mondial.

Avec Catherine Bremer, édité par Yves Clarisse

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