28 janvier, 2011

Egypte: l'armée en renfort, couvre-feu décrété

LE CAIRE (AFP)

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Policier fuyant des manifestants à Suez, dans le nord de l'Egypte, le 28 janvier 2010

Le régime de Hosni Moubarak, hué par des centaines de milliers de manifestants vendredi, a fait appel à l'armée et décrété le couvre-feu dans toute l'Egypte pour faire face à un mouvement de contestation qui ne cesse de s'amplifier.

Au quatrième jour des plus importantes protestations depuis l'arrivée au pouvoir de M. Moubarak en 1981, les signes d'inquiétude se multipliaient à l'étranger, les Etats-Unis réclamant à leur allié Hosni Moubarak de réfréner ses forces de l'ordre et d'engager des réformes politiques "immédiates".

M. Moubarak, dont les manifestants réclament le départ après trois décennies au pouvoir, a demandé à l'armée, épine dorsale de son régime, de faire respecter la sécurité avec la police qui a semblé débordée par la mobilisation populaire sans précédent, qui a fait huit morts -2 policiers et 6 manifestants- depuis mardi.

Le couvre-feu a été décrété dans tout le pays entre 16H00 à 05H00 GMT, et ce jusqu'à nouvel ordre.

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Un policier tirant une grenade lacrymogène contre des manifestants au Caire le 28 janvier 2011

En début de soirée au Caire, les manifestants ont mis le feu au siège du Parti national démocrate (PND), au pouvoir. Plus tôt dans la journée, ils avaient incendié deux commissariats de la capitale.

Dans la matinée, dès la fin des prières musulmanes, des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour ce "vendredi de la colère", à l'appel du Mouvement du 6 avril, un groupe de jeunes pro-démocratie qui s'est inspiré de la "révolution du jasmin" ayant chassé le président Zine El Abidine Ben Ali de Tunisie.

Aux cris d'"A bas Hosni Moubarak" et "le peuple veut la chute du régime", les manifestations se sont étendues à tout Le Caire, une métropole de 20 millions d'habitants, et ont gagné les principales villes du pays, selon des journalistes de l'AFP sur place.

Les policiers ont eu recours à des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des canons à eau pour disperser les manifestants.

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Manifestant au mileu des gaz lacrymogènes dans les rues du Caire le 28 janvier 2011

L'opposant le plus en vue, Mohamed ElBaradei l'ex-chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui s'est dit prêt à mener une transition au pouvoir après un éventuel départ de M. Moubarak, et les Frères musulmans (opposition), ont participé aux manifestations.

"Liberté! liberté! liberté", ont scandé les manifestants sous les regards ahuris de policiers déployés avec boucliers et casques à visière, près de la célèbre mosquée al-Azhar. au Caire.

A Suez, un homme a été tué d'une balle lors d'accrochages avec la police. A Alexandrie (nord), deuxième ville d'Egypte, la police a tiré des gaz lacrymogènes et des balles caoutchoutées pour disperser des milliers de manifestants qui ont incendié le siège du gouvernorat.

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Mohamed El Baradei au milieu des manifestants anti-gouvernementaux au Caire, le 28 janvier 2011

A Mansoura, dans le delta du Nil, certains imams ont appelé à "sortir et demander le changement". Des affiches du parti au pouvoir ont été arrachées et des bâtiments officiels attaqués et endommagés.

M. Moubarak, 82 ans, qui s'est appuyé pendant près de 30 ans sur un redoutable appareil policier et un système dominé par un parti qui lui est entièrement dévoué, s'est illustré par son silence depuis le début de la contestation, et a fait connaître sa décision d'instaurer le couvre-feu par la télévision d'Etat.

A l'étranger, la Maison Blanche s'est dite "très préoccupée" par les événements en Egypte, une alliée de Washington, et a appelé le Caire à respecter les droits des Egyptiens.

La chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton l'a invité à "faire tout ce qui est en son pouvoir pour réfréner les forces de l'ordre" et a réclamé des réformes "immédiates".

Londres a estimé que les manifestants avaient des "raisons de mécontentement légitimes" alors que l'Allemagne appelait le président Moubarak à autoriser les "manifestations pacifiques.

La France, elle, a appelé ses ressortissants à limiter leurs déplacements.

Mme Clinton a en outre appelé le gouvernement égyptien à mettre fin au blocage "sans précédent" des communications dans le pays.

L'internet et les services de téléphonie mobile, qui ont joué un rôle-clé dans la mobilisation populaire, étaient en effet coupés dans le pays. Une première par son ampleur pour l'internet, selon des experts.

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