02 décembre, 2010

L'institutrice licenciée pour avoir refusé d'enlever son voile s'explique

ladepeche.frL'école de Tournefeuille était son premier poste./ Illustration Maxppp
L'école de Tournefeuille était son premier poste./ Illustration Maxppp

Véronique O., l'enseignante exclue lundi dernier de l'Éducation nationale pour avoir refusé d'enlever son voile islamique en classe, répond en exclusivité à «La Dépêche du Midi».

L'agitation médiatique qui a suivi l'annonce de son licenciement a eu le donc de l'agacer. Restée volontairement dans l'ombre depuis le début de cette affaire, Véronique O. refuse toujours d'être photographiée. Mais elle sort de sa réserve.

Comment avez-vous vécu le déferlement médiatique qui a suivi l'annonce de votre licenciement ?

De manière assez étonnée. J'ai apprécié que mon anonymat ait été préservé, mais j'ai lu et entendu des choses incorrectes, auxquelles je me devais de répondre.

Les médias ont affirmé que vous étiez depuis 2001 en congé maternité puis parental. Est-ce exact ?

Non. J'étais ingénieur d'études dans le privé depuis 1998, et j'ai démissionné de mon poste en 2001, année de ma réussite au concours de professeur des écoles. Contrairement à ce qui a été dit, mon premier congé maternité n'a débuté qu'en 2003. S'en sont suivis des congés maternité, parentaux et sans solde pour élever mes enfants. C'est pourquoi je n'étais que stagiaire à la rentrée dernière. Autre précision : je ne porte pas de voile intégral. Je n'ai rien contre, mais ma tenue vestimentaire quotidienne laisse apparaître mon visage et mes mains.

Comment s'est déroulée votre première journée de classe à l'école du Château à Tournefeuille ?

Ayant prévenu l'inspection académique par courrier en avril dernier de mes convictions personnelles et de mon port du foulard, chaque partie savait dès le départ à quoi s'en tenir. Le jour de la rentrée scolaire, une inspectrice de l'Éducation nationale présente avec le directeur d'école m'a courtoisement demandé de retirer ce qui recouvrait ma tête. Ceci portant atteinte à mes convictions et à ma dignité, je ne l'ai pas fait. Elle m'a donc enjoint de quitter l'école et je suis partie de suite. Il n'y a pas eu de rencontre avec les enfants de la classe de CM2 qui m'était confiée.

Comprenez-vous la décision du rectorat ?

Je l'accepte, mais je ne la comprends pas. Je ne considère pas que le port du foulard est incompatible avec l'exercice de mes fonctions. Un enseignant se doit de transmettre des connaissances et non une quelconque idéologie. Dès lors que son discours est neutre, il se conforme à son devoir de réserve, un principe laïque. Ce n'est pas une simple tenue vestimentaire qui influence ou oriente les gens à la foi. Mais c'est Dieu, Le Très Haut, qui guide vers La Vérité, qui Il veut (sic).

Avez-vous toujours été de confession musulmane ?

Non, j'étais chrétienne. C'est une quête spirituelle, une interrogation sur le but de l'existence de l'homme qui m'a conduit, grâce à Dieu (sic), à embrasser l'Islam en 1995. Le port du foulard, pour lequel j'ai opté en 2004, n'est qu'une étape dans ce cheminement intellectuel et spirituel.

Le regard des autres a-t-il changé depuis que vous vous êtes convertie ?

La différence dérange. La méconnaissance de l'Islam, l'image négative véhiculée par les médias, ou le mauvais comportement de nombre de musulmans, favorisent les appréhensions. La réalité de cette religion est bien différente de l'image négative qu'on lui donne.


Rappel :

Tournefeuille. La prof voilée a été licenciée

La jeune institutrice a été licenciée/.Photo illustration/ MaxpppVéronique O., l'institutrice qui avait refusé d'enlever son voile islamique devant ses élèves à Tournefeuille, a été licenciée hier par le recteur d'académie. Une première dans l'académie. «Il y a la loi de Dieu, et il y a la loi des hommes ». C'est par ces mots que l'institutrice stagiaire de..

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire