05 décembre, 2010

Le contrat nucléaire indien en bonne voie, selon l'Elysée

par Yann Le Guernigou

NEW DELHI (Reuters) - Les négociations sur la fourniture à l'Inde de deux réacteurs nucléaires de type EPR par Areva ont enregistré des progrès décisifs et franchi un "point de non retour" vers la conclusion d'un accord définitif, a déclaré dimanche la présidence française au deuxième jour de la visite de Nicolas Sarkozy dans le pays.

De même source, on a indiqué que d'autres contrats pour la modernisation des 51 Mirage 2000 de l'armée de l'air indienne par Thales et la fabrication d'un missile sol-air à courte portée par MBDA (groupe EADS) avec un partenaire indien étaient en très bonne voie, même si aucun accord ne devrait être signé lundi à l'occasion d'une rencontre entre Nicolas Sarkozy et le Premier ministre indien, Manmohan Singh.

"Ce que nous sommes convenus de dire avec nos partenaires indiens, c'est que des progrès décisifs ont été accomplis et que de ce fait une sorte de point de non retour vers la signature des contrats a été franchi", a indiqué l'Elysée.

S'agissant des contrats militaires, la présidence a fait état d'une signature intervenant "dans les jours qui viennent pour certains, dans les semaines pour les autres".

Le projet nucléaire, d'un montant potentiel de sept milliards d'euros, permettrait de concrétiser le protocole d'accord conclu début 2009 prévoyant la fourniture par Areva au groupe public indien NPCIL de deux à six réacteurs de type EPR.

Samedi à Bangalore, la capitale technologique du pays, Nicolas Sarkozy a parlé comme si l'affaire était conclue en se félicitant qu'Areva devienne ainsi "un partenaire essentiel de l'énergie nucléaire indienne" au moment où le pays a décidé de développer cette source d'énergie à marche forcée.

Il a souligné que la collaboration de la France avec l'Inde dans le nucléaire n'avait "pas de limites" et rappelé que Paris avait joué un rôle pionnier pour sortir New Delhi de l'"isolement nucléaire" qui lui avait été imposé après ses essais atomique des années 1970, l'assimilant à une "injustice".

Le président français a enfin indiqué qu'il appuierait la candidature de l'Inde aux instances multilatérales de lutte contre la prolifération, comme le groupe des fournisseurs nucléaires (GFN), qui regroupe 45 pays.

Notant que le président américain Barack Obama était allé dans le même sens lors de sa visite dans le pays début novembre, le Sunday Times of India se demandait dimanche "si le nucléaire n'est pas le moyen de se gagner le coeur de l'Inde".

DEUX ACCORDS DEVRAIENT ÊTRE SIGNÉS LUNDI

Dans ce contexte, Areva devrait signer lundi deux accords intérimaires, l'un qui définit les conditions de sa coopération avec NPCIL pour la construction de deux EPR et l'autre sur l'engagement des travaux préliminaires au projet.

"Il y aura ensuite à peu près six mois pour négocier les contrats définitifs, qui devraient être au nombre de cinq ou six, a précisé l'Elysée.

Leur négociation pourrait se heurter à une nouvelle loi indienne qui ouvre la possibilité de dédommagements par les fournisseurs d'équipements en cas d'accident d'une centrale nucléaire.

Le président américain Barack Obama s'était inquiété de ce texte lors d'une visite début novembre en Inde. Nicolas Sarkozy a appelé de son cote les Indiens à ne pas aller plus loin que les dispositions internationales qui prévalent en la matière.

"Malgré beaucoup de déclarations polies côté français, elle commence à devenir un obstacle", écrit le Sunday Times of India à propos de cette nouvelle loi.

Le quotidien ajoute que du fait de la position difficile de son gouvernement, le Premier ministre indien, Manmohan Singh, aura peu de marge de manoeuvre pour la publication des décrets d'application de ce texte de loi attendue d'ici la fin 2010.

Le sujet est particulièrement sensible en Inde depuis la catastrophe de Bhopal en 1984 qui avait fait plusieurs milliers de morts.

La partie française se voulait optimiste sur ce point dimanche soir après un premier entretien entre Nicolas Sarkozy et Manmohan Singh. "Les Indiens nous ont donné des raisons d'être confiants dans le fait qu'on pouvait progresser dans la négociation", a dit l'Elysée

Le président français est arrivé dans la capitale en fin de journée en provenance d'Agra, au sud-est de New Delhi, où il a visité dimanche la citadelle moghole de Fatehpur-Sikri en compagnie de son épouse Carla.

Le couple présidentiel avait déjoué les attentes de la presse indienne en anticipant dès samedi une autre visite prévue dimanche au célèbre Taj Mahal, toujours à Agra.

lepoint.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire