06 décembre, 2010

Côte d'Ivoire: pressions internationales accrues, l'ONU retire du personnel

AFP

Des chars de l'Onu sécurisent le QG d'Alassane Ouattara à Abidjan le 6 décembre 2010.
Des chars de l'Onu sécurisent le QG d'Alassane Ouattara à Abidjan le 6 décembre 2010. Sia Kambou AFP

La pression internationale est montée lundi pour que la crise en Côte d'Ivoire, déchirée entre deux présidents proclamés, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, soit résolue au plus vite, tandis que l'ONU a annoncé le retrait d'une partie de ses effectifs. Evènement

"Du fait de la situation sur le plan sécuritaire", les Nations unies ont décidé de retirer leur personnel non essentiel, soit 460 personnes, a indiqué un porte-parole. La mission de l'ONU dans le pays compte plus de 10.000 Casques bleus, policiers et employés civils.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon demeurait "profondément préoccupé" par la crise.

Autre signe que la tension restait forte: le couvre-feu nocturne qui devait s'achever ce lundi, tout en étant allégé de quelques heures, a été prolongé d'une semaine par Laurent Gbagbo.

Interrogé par la radio française Europe 1 sur le fait de savoir s'il était prêt à "déloger" ce dernier, le Premier ministre d'Alassane Ouattara, Guillaume Soro, n'a pas exclu une confrontation.

"S'il nous oblige, on n'aura pas d'autre choix", a averti M. Soro, également ministre de la Défense, tout en plaidant pour une issue pacifique.

Alors que l'Union européenne faisait planer la menace de sanctions, la France a appelé à "une transition ordonnée, sereine et digne".

Dépêché dimanche par l'Union africaine pour tenter une médiation, l'ex-chef d'Etat sud-africain Thabo Mbeki a exhorté les dirigeants ivoiriens à faire "tout leur possible" pour "préserver la paix", après une nouvelle rencontre avec M. Gbagbo. Il a quitté le pays en fin de journée.

La déchirure s'aggravait entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, qui se déclarent tous deux présidents et ont chacun nommé un Premier ministre.

Reconduit par M. Ouattara au poste de Premier ministre qu'il occupait depuis 2007 sous la présidence Gbagbo, M. Soro, leader de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) qui tient le nord depuis le coup d'Etat manqué de 2002, a réuni lundi son gouvernement.

En l'absence d'Alassane Ouattara, la réunion s'est tenue dans le grand hôtel où les deux hommes ont établi leurs quartiers, sous la protection de la mission onusienne et d'éléments FN.

Fort du soutien de la communauté internationale, ONU en tête, qui le reconnaît comme seul légitime, l'ex-Premier ministre Ouattara n'entend pas renoncer à la victoire qui lui était promise par les résultats de la Commission électorale indépendante (CEI), le donnant en tête avec 54,1% des suffrages.

Mais M. Gbagbo, au pouvoir depuis dix ans, a ensuite été proclamé vainqueur par un Conseil constitutionnel acquis à sa cause, avec 51,45% des suffrages, moyennant l'invalidation de votes dans le nord.

Le président sortant a à son tour nommé dimanche soir son Premier ministre, l'universitaire et économiste Gilbert Marie N'gbo Aké.

La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) doit tenir un sommet mardi à Abuja auquel, selon un porte-parole, aucun dirigeant ivoirien n'a été convié. M. Gbagbo a envoyé des émissaires en tournée dans la sous-région à la veille de cette rencontre.

Le monde entier redoute un nouveau cycle de violences après des incidents meurtriers ces derniers jours.

Lundi matin, des jeunes pro-Ouattara ont manifesté dans les rues des quartiers d'Adjamé, Abobo (nord), Treichville et Koumassi (sud), mettant le feu à des pneus et érigeant des barricades avant que la police ne les disperse à l'aide de gaz lacrymogènes.

Seule bonne nouvelle pour les Ivoiriens: les frontières, notamment aériennes, fermées depuis jeudi par l'armée régulière dans la zone sud qu'elle contrôle, ont été rouvertes lundi.

A l'étranger, la crise actuelle inspire toujours une "grande inquiétude", selon l'expression employée par la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, qui s'interrogeaient sur la poursuite de leur aide.

France Télécom-Orange a décidé de rapatrier lundi et mardi ses salariés français ou binationaux non indispensables ainsi que leurs familles, soit une vingtaine de personnes.

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